jeudi 7 mai 2015

Les Républicains, et alors ?

Le bureau de l’UMP l’a acté, les militants sont appelés à l’approuver prochainement. Pour cause de faillite en termes d’image, l’UMP va se transformer en « Les Républicains ». Et je dois vous avouer que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre comme le disait un illustre homme politique qui aura vu la naissance de l’UMP pour cause de faillite en termes d’image du parti précédent.

La droite décide de s'appeler "Les Républicains" et alors ? Ne tombons pas dans leur panneau d’une compétition sur le niveau de « républicanisme » de chacun. Pour Nicolas Sarkozy, seule la droite est réellement républicaine quand le PS serait socialiste avant d’être républicain. Cette affirmation ne veut strictement rien dire. Le socialisme est une vision de la société quand la république est une vision de l’organisation politique. La Corée du Nord est une république quand la Grande-Bretagne est une monarchie et pourtant j’ai bien plus d’affinité avec le régime britannique qu’avec le régime nord coréen.

En se baptisant Républicain, Nicolas Sarkozy peut essayer de s’approprier le terme. Critiquer ce choix, c’est déjà rentrer dans son jeu. Oui en France, il y a des partis plus républicains que d’autres. L’extrême droite et l’extrême gauche (pas le Front de Gauche mais encore plus loin) ne sont pas républicains. Ce n’est pas pour rien qu’à l’extrême droite, on retrouve des monarchistes et à l’extrême gauche des anarchistes. Entre les deux, se situent des républicains qui ont chacun leurs sensibilités. Aux USA les Républicains respectent la démocratie (enfin majoritairement) et les Démocrates respectent la République. En Allemagne tous les partis sont démocrates, même ceux qui ne sont ni Chrétien-démocrate ni Social-démocrate.

A ceux qui ont peur qu’être Républicain ne devienne une spécificité de droite car un homme l’a décidé, il est facile de se rassurer. Sarkozy peut s'attribuer le nom de Républicains, la place de la République sera toujours le symbole de la République Française. Elle sera toujours une des places symboliques du syndicalisme, un de ces corps intermédiaires que l'ancienne mouture des Républicains voulait voir disparaitre. J’encourage même l'UMP à devenir pleinement républicains. En adoptant le nom, ils se mettent eux-mêmes la pression pour s'améliorer. Ils devront arrêter de dénigrer les juges qui osent enquêter sur leurs affaires. Ils devront respecter l'école républicaine et laïque (et arrêter de considérer qu’un « instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur »).

La tentative de Nicolas Sarkozy n’est pas inquiétante, elle est risible. Nicolas Sarkozy a toujours rejeté le principe de Front Républicain pour faire face à l’extrême-droite, il a toujours refusé l’union, préférant faire monter les oppositions. Sa tentative n’est qu’une opération commerciale, comme le rappelle El Camino : « Quand une marque à des problèmes, elle change de nom comme le Crédit Lyonnais qui est devenu LCL et TotalFinaElf qui est devenu Total, l’UMP veut se changer en "Les Républicains" mais on n'oublie pas qu'une entreprise pourrie sera toujours pourrie après un lifting marketing. Monsanto peut changer de nom et s’appeler Love H16 Bisounours Cie, ça restera de la merde. »  Pour rester dans l'image du commerce, c'est Christophe Barbier qui ironise sur ce changement de nom en soulignant que "la droite nous vend l'étiquette avant de nous dire ce qu'il y a dans la bouteille", belle image pour rappeler que depuis 3 années cette opposition ne propose que de revenir sur des réformes sans proposer d'autres solutions.

Alors que le nom de « Républicain » pourrait faire penser à un changement de direction, à la mise en place d’une réelle volonté de rassembler, même leur nouveau logo tend à prouver le contraire. Leur nouvel emblème, avec cette grande barre rouge coupant en deux le R de la République, semblant être là pour séparer la gauche de la droite. Bon vent à ces Républicains mais qu’ils n’oublient pas que notre constitution proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale », et qu’à ce titre, je me sens toujours plus républicain que ceux qui ne respectent pas la laïcité en stigmatisant sans cesse les Français de confession musulmane, plus républicain que ceux qui considèrent que la gauche est illégitime quand elle arrive au pouvoir et plus républicain que ceux qui voient dans les plus démunis qu’un cancer de la société.

3 commentaires:

  1. Que penses-tu du Parti Démocrate italien, de gauche donc, de Matteo Renzi qui souhaite changer de nom pour s appeler désormais " Les Démocrates " ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pareil, c'est risible. Je comprend les nuances, chrétien-démocrate ou social-démocrate, mais "Les Démocrates" cela n'a pas de sens, sauf à vouloir copier mot à mot un parti américain.

      Supprimer
  2. Ce nom est tres intéressant. Pas parce qu'il rappelle les républicains espagnols de 1936, mais parce que depuis 2012, on assiste en France, de manière récurrente :

    - à une divination de la république, qui n'est qu'un régime politique et un mode d'organisation
    - à des procès récurrents en anti républicanisme.

    Nous sommes entourés de monarchies (Espagne, Belgique, Luxembourg, Pays Bas, Royaume Uni), il ne semble pas que nos voisins soient anti démocrate ? Pourtant, chez nous, tout se mesure à l'aune de la république, et c'est un peu lassant, surtout quand la république ne se confond pas avec la démocratie (projet de loi renseignement par exemple ...)

    RépondreSupprimer