Le week-end dernier a encore été émaillé par les
manifestations contre le projet de barrage de Sivens. Cela fait plusieurs
semaines que l’on en parle rapidement dans les journaux, sans trop s’appesantir
sur le sujet. Jusqu’au week-end dernier, ce n’était pour moi qu’un autre combat
d’alternatifs écolos, un peu comme celui contre l’aéroport de
Notre-Dame-Des-Landes ou contre le TGV Lyon-Turin. Mais le week-end dernier un
jeune militant écologiste est décédé, mettant bien plus en lumière le projet du
barrage de Sivens.
Ce barrage est un grand chantier mis en place depuis 2005 par
le Conseil Général du Tarn. Le département souhaite créer de grandes retenues d’eau
pour aider à l’irrigation de cultures intensives fortement consommatrices en
eau. Car contrairement à ce qu’explique Luc Chatel, ce n’est absolument pas un projet de barrage hydroélectrique, mais
bien une installation qui a pour but de venir en aide aux professions agricoles
locales. Le week-end dernier, Rémi Fraisse et de nombreux autres militants
écologistes engagés, étaient donc sur place pour continuer leur combat contre
le début des travaux associés aux barrages. Ce combat, du peu que j’en sache,
semble juste. Pour aider une agriculture non raisonnée, il faudrait mettre à
mal tout un écosystème. On est loin de l’image de l’agriculteur qui sent et vit
sa terre au jour le jour. On est dans l’exploitation agricole de masse, les « big
company » en quête de rendement, de productivisme et de retour sur
investissement. Peu leur importe de cultiver des produits locaux, adaptés au
climat et aux contraintes géographiques. Dans ce sens, le combat de Rémi
Fraisse est louable et doit être salué.
En parallèle, on peut s’interroger des motivations du
président socialiste du département du Tarn. Pourquoi s’acharne-t-il à vouloir
mettre en place ce projet ? Si en novembre 2012 une enquête publique donne
un avis favorable sous réserve d’un avis scientifique favorable, tous les
autres avis seront négatifs. En décembre 2013, le conseil scientifique régional
du patrimoine naturel rend un avis défavorable. Quelques mois plus tôt, c’était
le Conseil National de la Protection de la Nature qui émettait deux avis
négatifs. Cette semaine, le Conseil Général de l’Environnement et du
Développement durable publiait un rapport commandé par le Ministère de l’Ecologie,
lui aussi négatif mais fataliste sur un possible arrêt du projet vu l’état d’avancement
des travaux et des engagements pris. D’après ce rapport, le projet ne
profiterait qu’à 40 exploitations agricoles mais couterait 8,4 millions d’euros
et impacterait 34 hectares de terrain. D'après ce rapport, l'état serait incapable d'intervenir sur le projet et seul le département serait responsable.
Le week-end dernier, certains opposants au projet ne se sont pas conduits
comme de simples opposants pacifistes faisant de la résistance passive mais ont
volontairement cherché le combat. D’après les récits des événements, ils ont voulu forcer l’accès aux locaux du chantier et se
sont violemment opposés aux forces de l’ordre présentes. Ces dernières auraient
utilisées les traditionnels gaz lacrymos et des grenades assourdissantes pour
se défendre d’attaques à base de jets de pierre et de jets de cocktails
molotov. C’est dans ces combats nocturnes que Rémi Fraisse serait mortellement
touché.
Contrairement au Président du Conseil Général du Tarn, je ne
dirais pas qu’il est stupide de mourir pour ses idées. En revanche, aujourd’hui,
en France, on ne devrait plus mourir pour elles. Rémi Fraisse n’est pas une
victime d’une quelconque dictature ou d’un état policier. D’ailleurs le
ministre de l’Intérieur a annoncé lancer une enquête sur les conditions de sa
mort et sur les conséquences à tirer (une interdiction de l’emploi de certaines
grenades ?). Aujourd’hui en France, nous avons tous les moyens de
discuter, de débattre. Quand certains comme le président du Conseil Général du
Tarn s’entête, alors il existe la contestation du terrain comme le font depuis
des mois les opposants au barrage. La violence de certains opposants ne peut
pas être considérée comme une opposition respectable, mais avouons que sans
celle-ci, le projet du barrage de Sivens n’aurait jamais eu une mise en avant
nationale et serait resté comme un sujet ultra-local (bien plus qu’une ligne à
grande vitesse entre l’Italie et la France ou qu’un aéroport international).
"Aujourd’hui, en France, on ne devrait plus mourir pour elles. Rémi Fraisse n’est pas une victime d’une quelconque dictature ou d’un état policier". Vrai, dire le contraire est une hérésie.
RépondreSupprimerAussi, prendre du recul sur ce projet, réfléchir à ce drame est le propre d'une conscience que nous devons partager. Ce projet, tout intéressant qu'il soit ne vaut pas une vie.
Ne jamais construire sur un drame
(@bembelly)
Oui il faut réfléchir à ce projet et renouer avec le dialogue.
Supprimer"Cela fait plusieurs semaines que l’on en parle rapidement dans les journaux, sans trop s’appesantir sur le sujet"
RépondreSupprimernormal, "ils" ont viré les journalistes du site pour pouvoir raconter ce qu'ils veulent
Je ne savais pas.
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