mercredi 27 août 2014

Et si la Belgique se trouvait en pénurie d'électricité ?

Depuis le mois de mars 2014, deux des sept réacteurs des centrales nucléaires belges sont fermés suite à de graves anomalies de fonctionnement. Ces deux réacteurs avaient déjà été fermés entre juin 2012 et juin 2013 après la découverte de milliers de microfissures. La condition de leur réouverture était soumise au passage avec succès de nombreux tests. Un de ceci a retourné des résultats inattendus et toujours inexpliqués. Les deux réacteurs arrêtés étant les plus récents, la Belgique voit sa production d’énergie issue du nucléaire diminuée d’un tiers ! Comme un incident n'arrive jamais seul, un 3ème réacteur est arrêté pour raison technique jusqu'à la fin 2014. 

Le gouverneur de Liège, Michel Fouret, a présenté à quoi ressemblerait un jour de grand froid cet hiver avec ces trois réacteurs à l’arrêt. Le plan de réduction forcée de la consommation d’énergie électrique concernerait une grande partie de la province du Luxembourg, le centre du Brabant wallon, l’extrême ouest du Hainaut, la province d’Anvers et des zones de la Flandre orientale sauf les villes de 50 000 habitants. Le résultat est impressionnant : 1,8 millions de personnes touchées, feux de circulation à l’arrêt, passages à niveau et tunnels fermés (plus de ventilation ni d’éclairage), trafic fluvial arrêté car les écluses ne fonctionnent plus, trains immobilisés, personnes bloquées dans les ascenseurs, plus de chauffage électrique, arrêt des industries, etc.

Cette situation extrême est d’autant plus impressionnante qu’en temps normal, les centrales nucléaires belges ne couvrent que 55% de la production d’électricité du pays. Cela montre qu’en France, il y a une urgence de transition énergétique pour ne plus dépendre à 75% du nucléaire, sinon je vous laisse imaginer la situation si 1/3 de notre capacité de production est à l’arrêt. Il y a aussi urgence à ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. En Belgique, ce sont les deux réacteurs les plus récents qui sont à l’arrêt forcé, ce qui a poussé les autorités belges à prolonger des vieilles centrales alors que leur arrêt était déjà planifié. Comment ferions-nous en France si notre futur EPR souffrait d’une mise à l’arrêt forcée ?

Le projet de loi présenté fin juillet par Ségolène Royal relatif à la transition énergétique cumule réduction de consommation d’énergie et renouvellement de l’offre de production. L’exemple belge nous conforte dans cette direction. Il faut réussir à moins consommer d’énergie pour avoir plus de marge en cas d’incidents. Il faut diversifier notre production pour avoir plusieurs roues de secours valables au moment de l’incident, enfin et surtout il faut que la production d’énergie non issue du nucléaire augmente de façon conséquente pour pallier à la baisse de nucléaire. Question timing, l’exemple belge nous incite à ne pas attendre la fermeture de Fessenheim ni l’ouverture de l’EPR pour augmenter notre part de production non issue du nucléaire afin d’avoir cette marge nécessaire.

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