Depuis le mois de mars 2014, deux des sept réacteurs des centrales nucléaires belges sont fermés suite à de graves anomalies de
fonctionnement. Ces deux réacteurs avaient déjà été fermés entre juin 2012 et
juin 2013 après la découverte de milliers de microfissures. La condition de
leur réouverture était soumise au passage avec succès de nombreux tests. Un de
ceci a retourné des résultats inattendus et toujours inexpliqués. Les deux
réacteurs arrêtés étant les plus récents, la Belgique voit sa production d’énergie
issue du nucléaire diminuée d’un tiers ! Comme un incident n'arrive jamais seul, un 3ème réacteur est arrêté pour raison technique jusqu'à la fin 2014.
Le gouverneur de Liège, Michel Fouret, a présenté à quoi
ressemblerait un jour de grand froid cet hiver avec ces trois réacteurs à l’arrêt.
Le plan de réduction forcée de la consommation d’énergie électrique concernerait
une grande partie de la province du Luxembourg, le centre du Brabant wallon,
l’extrême ouest du Hainaut, la province d’Anvers et des zones de la Flandre
orientale sauf les villes de 50 000 habitants. Le résultat est impressionnant :
1,8 millions de personnes touchées, feux de circulation à l’arrêt, passages à
niveau et tunnels fermés (plus de ventilation ni d’éclairage), trafic fluvial
arrêté car les écluses ne fonctionnent plus, trains immobilisés, personnes
bloquées dans les ascenseurs, plus de chauffage électrique, arrêt des
industries, etc.
Cette situation extrême est d’autant plus impressionnante qu’en
temps normal, les centrales nucléaires belges ne couvrent que 55% de la production d’électricité du
pays. Cela montre qu’en France, il y a une urgence de transition énergétique
pour ne plus dépendre à 75% du nucléaire, sinon je vous laisse imaginer la
situation si 1/3 de notre capacité de production est à l’arrêt. Il y a aussi
urgence à ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier. En Belgique, ce sont
les deux réacteurs les plus récents qui sont à l’arrêt forcé, ce qui a poussé
les autorités belges à prolonger des vieilles centrales alors que leur arrêt
était déjà planifié. Comment ferions-nous en France si notre futur EPR
souffrait d’une mise à l’arrêt forcée ?
Le projet de loi présenté fin juillet par Ségolène Royal relatif à la transition
énergétique cumule réduction de consommation d’énergie et renouvellement de l’offre
de production. L’exemple belge nous conforte dans cette direction. Il faut réussir
à moins consommer d’énergie pour avoir plus de marge en cas d’incidents. Il
faut diversifier notre production pour avoir plusieurs roues de secours
valables au moment de l’incident, enfin et surtout il faut que la production d’énergie
non issue du nucléaire augmente de façon conséquente pour pallier à la baisse de
nucléaire. Question timing, l’exemple belge nous incite à ne pas attendre la
fermeture de Fessenheim ni l’ouverture de l’EPR pour augmenter notre part de
production non issue du nucléaire afin d’avoir cette marge nécessaire.
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