Le Point a eu le nez creux en réalisant une interview d’Emmanuel
Macron ex-conseiller de François Hollande à l’Elysée et en la publiant deux
jours après alors qu’Emmanuel Macron est devenu ministre de l’Economie. Quand
Macron n’était qu’ex-conseiller, il croyait bon de vouloir revenir sur les 35h.
Quand on se souvient que Jean-Marc Ayrault dans un passé pas si lointain s’autorisait
lui aussi à y réfléchir, il est difficile de trouver dans cette pensée la
preuve absolue qu’Emmanuel Macron n’est autre que le fils du diable descendu
sur terre pour imposer une politique de droite dans un gouvernement de
social-traitres.
La veille Manuel Valls disait qu’il aimait les entreprises.
Gérard Filoche a surement failli pleurer une nouvelle fois en entendant ces
propos. Il est vrai que ça aurait eu plus de classe qu’un ministre PS déclare
que son ennemi était les entreprises privées et qu’il réfléchissait à toutes
les nationaliser. En disant cela, il n’aurait pas respecté la déclaration de principes du PS qui annonce dans son article 6 :
« Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux qui a pour finalité la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public efficace, des services publics de qualité accessibles à tous, un tiers secteur d’économie sociale et solidaire. »
Mais imaginons, ce gouvernement est de droite. En tant que
blogueur de gouvernement, je me transforme donc en un affreux blogueur de
droite. Je commence donc par poursuivre la pensée de l’actuel ministre de l’économie
et de celle de l’ancien premier ministre en réfléchissant à l'avenir des
35h. Les 35h n’ont rien de figé. C’est une des plus belles mises en place du
gouvernement Jospin et la mémoire collective retient plus les 35 heures que les
nombreuses privatisations d’entreprises mais ce ne doit pas être l’alpha et l’omega
du temps de travail hebdomadaire.
Michel Rocard a imaginé il y a quelques années une autre
façon d’aborder la réduction du temps de travail. On fixe une base hebdomadaire
par défaut, nos 35 heures actuelles. Les entreprises demandant à leurs employés
de travailler 35 heures payent 100 % de
leurs cotisations sociales. Si une entreprise, en accord avec ses représentants
du personnel, veut que le temps de travail hebdomadaire soit supérieur à 35,
alors elle payera un surplus de cotisations sociales, disons 3% de plus par
heure hebdo supplémentaire. Pour des semaines à 40h, l’entreprise paierait 115%
de ses cotisations sociales. En revanche, les entreprises jouant le jeu de la
réduction du temps de travail verrait une baisse de leur cotisation sociale, 5%
par heure en moins par exemple. Une entreprise qui passerait à la semaine de 4
jours (32h) ne paierait que 85% de ses cotisations sociales.
Ce principe est aussi une marque de compréhension envers ces
entreprises qui ne veulent pas embaucher mais récompense celles qui osent.
On peut aussi jouer à revenir sur le travail du dimanche.
Toutes les entreprises pourraient avoir le droit de travailler le dimanche,
mais ce travail dominical ne doit pas empiéter sur la santé ni sur la vie de
famille. Pour cela, nous pourrions imaginer que la loi impose aux entreprises
fonctionnant le dimanche (et pour lesquelles il n’y a pas déjà aujourd’hui une
exception comme les industries produisant en continue, les hôpitaux, les
services de police ou de pompiers, etc.) que leurs employés ne puissent pas
travailler les vendredis et samedis. Ainsi travailler le dimanche n’empêcherait
pas le salarié de profiter de ses deux jours de repos et ceux-ci se
chevaucheraient avec les autres membres du foyer. Ces deux jours seraient d’autant
plus compatibles avec ceux des autres membres du foyer si la majorité des
entreprises passait à la semaine des 4 jours pour profiter de l’encouragement
sur les cotisations sociales.
Osons même la réévaluation de la TVA (mais pas 2 fois sous
un même quinquennat, il ne faut pas abuser non plus). En augmentant la liste
des produits de 1ère nécessité, en créant une nouvelle tranche pour
les produits de « 2ème nécessité » comme le téléphone, l’ordinateur,
les affaires scolaires, les vêtements, on pourrait commencer à envisager la
possibilité d’augmenter la TVA pour tous les produits non nécessaires. Pourquoi
un artisan qui fabrique des chaussures serait soumis à une TVA plus importante
qu’une chaine de restauration rapide alors qu’à mon avis il est beaucoup plus
important d’avoir des chaussures non trouées que de pouvoir manger une saucisse
aligot.
On peut espérer que Hollande réussisse une réforme d’envergure
telle le RMI ou les 35 heures, on peut aussi se dire que dans ce contexte, il
est interdit de s’interdire de réformer, du moment que le cadre « la satisfaction des besoins sociaux
essentiels » comme le dit la déclaration de principe socialiste.
Le "Macronnage" des 35 heures est (déjà) en route...
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