Le
premier tour des élections municipales se tiendra le 23 mars prochain,
soit dans un mois et demi. Dans de nombreuses communes l’issue du
scrutin est encore incertaine. Que ce soit dans des grandes villes comme
à Marseille ou à Paris (même si la confiance ne semble pas étouffer la
droite) ou dans de plus petites villes, on peut s’attendre à quelques
alternances. Pourtant malgré cette incertitude, la droite semble d’ors
et déjà s’attendre à une large victoire. Ce comportement semble assez
logiques puisqu’ils ne s’attendent jamais à rien d’autres que la
victoire. Pour eux, tout pouvoir perdu suite à une élection est un
mandat perdu illégitimement.
Dans
cette campagne pour les municipales, tous les opposants au Parti
Socialiste tentent de surfer sur la mauvaise côte de popularité qui
colle à la peau de François Hollande. A Paris, Nathalie
Kosciusko-Morizet préfère sortir des arguments de campagne tel que « voter Anne Hidalgo revient à voter François Hollande »
plutôt que d’argumenter en quoi son projet pour Paris permettrait à la
capitale d’être une ville toujours autant attractive et toujours aussi
agréable à vivre dans 6 ans. L’argument de NKM est sympathique. Il
rappelle d’une part que voter NKM, c’est un peu voter Sarkozy
puisqu’elle fut la porte-parole de Nicolas Sarkozy durant sa très
droitière campagne (pour ne pas dire sa campagne d’extrême-droite) de
2012. Elle montre également par cet argument qu’elle n’arrive pas à
dissocier la politique locale de la politique nationale. Un maire d’une
ville, même aussi importante que Paris, ne donne pas les mêmes
prérogatives que diriger un état. Pour réussir à faire évoluer une
ville, la rendre toujours plus attractive, il faut savoir innover, user
d’autres leviers que les impôts ou les taxes pour faire venir les
entreprises, pour financer la création artistique ou la construction de
logements. A croire que Nathalie Kosciusko-Morizet ne voit dans cette
élection parisienne qu’un marche-pied pour de futures responsabilités
nationales.
Il n’y a pas que la droite qui tombe dans le piège du « Hollande-bashing ».
Toujours à Paris, le Parti de Gauche ne fait campagne que contre la
politique du gouvernement ! Contre l’austérité, contre la politique de
l’emploi, mais rien pour Paris, rien pour les Parisiens, voilà le résumé
du programme de la candidate qui agit localement comme Jean-Luc
Mélenchon s’agite à l’échelle nationale, toujours des remises en causes
mais jamais de propositions, et encore moins en respectant les moyens et
les prérogatives existantes.
Je
ne suis pas sûr que les électeurs soient dupes. Les 23 et 30 mars
prochains, il ne s’agit pas d’un referendum pour ou contre la politique
du gouvernement mais d’une élection sur l’avenir d’une localité. Quel
que soit le résultat du vote le 30 mars au soir, Jean-Marc Ayrault sera
toujours Premier Ministre (au moins pour quelques semaines) et François
Hollande sera toujours président au moins jusqu’en mai 2017. En
revanche, quel que soit le résultat, le ou la maire élu(e) le sera
jusqu’en 2020. En 6 ans, il est possible de faire beaucoup de mal à une
municipalité, comme peuvent s’en souvenir les habitants de Toulon,
Vitrolles et Marignane qui ont connu les façons de gérer du Front National,
mais comme peuvent s’en souvenir également les habitants
d’Henin-Beaumont qui ont vu leurs impôts locaux augmenter de 88 % entre
2001 et 2009 (principalement à cause des malversations de l’ancien maire
PS qui dirigea la ville jusqu’en 2008).
Je
ne cherche bien évidemment pas à me désolidariser de mon gouvernement
dont je reste persuadé qu’il agit de la bonne manière et qu’aucun autre
candidat de 2012 n’aurait fait mieux. En mars prochain, il va falloir
savoir faire la part des choses entre les actions à mener pour une ville
et les actions menées au sommet de l’Etat. Ces élections municipales
auront un résultat bien plus concret et bien plus rapide que toutes les
actions gouvernementales mises en place. Les 23 et 30 mars prochain, il
s’agira de voter pour une politique locale innovante comme celle qu’a pu
mener Catherine Quignon le Tyrant à Montdidier en municipalisant l’eau
ou la cantine pour réduire les coûts quotidiens des habitants. Il
s’agira de voter pour une politique respectueuse du tissu associatif
surtout que ces associations sont amenées à être de plus en plus
importantes dans la vie locale avec la réforme des rythmes scolaires,
réforme qui a besoin de fonctionner en intelligence avec les
associations pour fonctionner comme l’a montré le maire socialiste de Narbonne, Jacques Bascou.
A
la fin mars 2014, il sera important de ne pas se tromper d’élection et
de voter pour un projet municipal et non contre une action
gouvernementale. Et pour ceux qui veulent à tout prix donner une
résonance nationale à leur vote, il y a toujours la vision à moyen terme
et la future élection sénatoriale. Comme le rappelait un ami blogueur, voter pour une municipalité de gauche, c’est voter pour tout un conseil municipal mais c’est aussi la dernière chance « de mettre en oeuvre la réforme constitutionnelle qui permettrait aux étrangers de voter aux élections locales en France » puisque c’est « du
nombre de conseillers municipaux de gauche qui seront élus [que]
dépendra le nombre de postes de sénateurs qui basculeront à gauche. »
Futurs
électeurs, ne faites pas la même erreur que ces opposants de droite
comme de gauche. Ne vous trompez pas d’élection, les 23 et 30 mars
prochains, vous allez être appelés à voter pour la future gouvernance de
votre ville, non pas pour donner un carton jaune ou un carton rouge au
gouvernement en place.
Votre injonction à ne pas se tromper d'élection en mars 2013 est tout bonnement irrésistible !
RépondreSupprimer(Inutile de changer la date en loucedé, je vous ai déjà épinglé…)
Je corrige tout de même mais bien vu !
Supprimer(et je remercie tous les précédents lecteurs pour ne pas m'avoir averti plus tôt)
C'était pour vous montrer que je suis un lecteur attentif…
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