mardi 11 février 2014

Municipales 2014, attention de ne pas se tromper d’élection

Le premier tour des élections municipales se tiendra le 23 mars prochain, soit dans un mois et demi. Dans de nombreuses communes l’issue du scrutin est encore incertaine. Que ce soit dans des grandes villes comme à Marseille ou à Paris (même si la confiance ne semble pas étouffer la droite) ou dans de plus petites villes, on peut s’attendre à quelques alternances. Pourtant malgré cette incertitude, la droite semble d’ors et déjà s’attendre à une large victoire. Ce comportement semble assez logiques puisqu’ils ne s’attendent jamais à rien d’autres que la victoire. Pour eux, tout pouvoir perdu suite à une élection est un mandat perdu illégitimement.
 
Dans cette campagne pour les municipales, tous les opposants au Parti Socialiste tentent de surfer sur la mauvaise côte de popularité qui colle à la peau de François Hollande. A Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet préfère sortir des arguments de campagne tel que « voter Anne Hidalgo revient à voter François Hollande » plutôt que d’argumenter en quoi son projet pour Paris permettrait à la capitale d’être une ville toujours autant attractive et toujours aussi agréable à vivre dans 6 ans. L’argument de NKM est sympathique. Il rappelle d’une part que voter NKM, c’est un peu voter Sarkozy puisqu’elle fut la porte-parole de Nicolas Sarkozy durant sa très droitière campagne (pour ne pas dire sa campagne d’extrême-droite) de 2012. Elle montre également par cet argument qu’elle n’arrive pas à dissocier la politique locale de la politique nationale. Un maire d’une ville, même aussi importante que Paris, ne donne pas les mêmes prérogatives que diriger un état. Pour réussir à faire évoluer une ville, la rendre toujours plus attractive, il faut savoir innover, user d’autres leviers que les impôts ou les taxes pour faire venir les entreprises, pour financer la création artistique ou la construction de logements. A croire que Nathalie Kosciusko-Morizet ne voit dans cette élection parisienne qu’un marche-pied pour de futures responsabilités nationales.

Il n’y a pas que la droite qui tombe dans le piège du « Hollande-bashing ». Toujours à Paris, le Parti de Gauche ne fait campagne que contre la politique du gouvernement ! Contre l’austérité, contre la politique de l’emploi, mais rien pour Paris, rien pour les Parisiens, voilà le résumé du programme de la candidate qui agit localement comme Jean-Luc Mélenchon s’agite à l’échelle nationale, toujours des remises en causes mais jamais de propositions, et encore moins en respectant les moyens et les prérogatives existantes.
Je ne suis pas sûr que les électeurs soient dupes. Les 23 et 30 mars prochains, il ne s’agit pas d’un referendum pour ou contre la politique du gouvernement mais d’une élection sur l’avenir d’une localité. Quel que soit le résultat du vote le 30 mars au soir, Jean-Marc Ayrault sera toujours Premier Ministre (au moins pour quelques semaines) et François Hollande sera toujours président au moins jusqu’en mai 2017. En revanche, quel que soit le résultat, le ou la maire élu(e) le sera jusqu’en 2020. En 6 ans, il est possible de faire beaucoup de mal à une municipalité, comme peuvent s’en souvenir les habitants de Toulon, Vitrolles et Marignane qui ont connu les façons de gérer du Front National, mais comme peuvent s’en souvenir également les habitants d’Henin-Beaumont qui ont vu leurs impôts locaux augmenter de 88 % entre 2001 et 2009 (principalement à cause des malversations de l’ancien maire PS qui dirigea la ville jusqu’en 2008).

Je ne cherche bien évidemment pas à me désolidariser de mon gouvernement dont je reste persuadé qu’il agit de la bonne manière et qu’aucun autre candidat de 2012 n’aurait fait mieux. En mars prochain, il va falloir savoir faire la part des choses entre les actions à mener pour une ville et les actions menées au sommet de l’Etat. Ces élections municipales auront un résultat bien plus concret et bien plus rapide que toutes les actions gouvernementales mises en place. Les 23 et 30 mars prochain, il s’agira de voter pour une politique locale innovante comme celle qu’a pu mener Catherine Quignon le Tyrant à Montdidier en municipalisant l’eau ou la cantine pour réduire les coûts quotidiens des habitants. Il s’agira de voter pour une politique respectueuse du tissu associatif surtout que ces associations sont amenées à être de plus en plus importantes dans la vie locale avec la réforme des rythmes scolaires, réforme qui a besoin de fonctionner en intelligence avec les associations pour fonctionner comme l’a montré le maire socialiste de Narbonne, Jacques Bascou.

A la fin mars 2014, il sera important de ne pas se tromper d’élection et de voter pour un projet municipal et non contre une action gouvernementale. Et pour ceux qui veulent à tout prix donner une résonance nationale à leur vote, il y a toujours la vision à moyen terme et la future élection sénatoriale. Comme le rappelait un ami blogueur, voter pour une municipalité de gauche, c’est voter pour tout un conseil municipal mais c’est aussi la dernière chance « de mettre en oeuvre la réforme constitutionnelle qui permettrait aux étrangers de voter aux élections locales en France » puisque c’est « du nombre de conseillers municipaux de gauche qui seront élus [que] dépendra le nombre de postes de sénateurs qui basculeront à gauche. »

Futurs électeurs, ne faites pas la même erreur que ces opposants de droite comme de gauche. Ne vous trompez pas d’élection, les 23 et 30 mars prochains, vous allez être appelés à voter pour la future gouvernance de votre ville, non pas pour donner un carton jaune ou un carton rouge au gouvernement en place.


Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

3 commentaires:

  1. Votre injonction à ne pas se tromper d'élection en mars 2013 est tout bonnement irrésistible !

    (Inutile de changer la date en loucedé, je vous ai déjà épinglé…)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je corrige tout de même mais bien vu !
      (et je remercie tous les précédents lecteurs pour ne pas m'avoir averti plus tôt)

      Supprimer
    2. C'était pour vous montrer que je suis un lecteur attentif…

      Supprimer