lundi 10 février 2014

Le "tout referendum", symptôme de démocratite aigüe

A referendum improbable, résultat improbable. Dimanche les Suisses ont eu à se prononcer pour ou contre la limitation de l’immigration de masse. Il faut avouer que quand on se promène dans les rues de Lausanne, Genève ou Berne, on est frappé par la déliquescence de la civilisation suisse à cause de tous ces étrangers. Insécurité, chômage, problèmes économique, pour chacun de ces mots on a le réflexe de voir la Suisse comme représentation de tous ces maux.

La Suisse souffre en réalité d’un mal plus profond, la démocratite aigüe. Sous couvert d’écoute du peuple, nos voisins suisses ont mis en place une machine à torturer la démocratie, le referendum d’initiative populaire. En Europe et dans de nombreux endroits du globe, les électeurs sont appelés régulièrement à voter pour désigner leurs représentants. Que le suffrage soit direct ou indirect, le résultat est le même. Les personnes dotées du droit de vote dans un pays choisit la ou les personnes pour le représenter. C'est-à-dire des personnes dont le boulot, pour une période déterminée, est de réfléchir aux tenants et aux aboutissants d’un problème. Elles doivent écouter des représentants divers, des lobbyistes. Elles doivent lire des rapports, travailler en commission, tout ceci dans l’objectif de faire passer des lois de manière pérenne et durable.

En introduisant le referendum à tout va, la politique flatte l’électeur en lui donnant une importance qu’il ne devrait pas avoir. On me répondra que dans ce cas, pourquoi voter pour des représentants si l’électeur est si bête qu’il ne peut pas comprendre de quoi il retourne. Tout d’abord, l’électeur n’est pas bête, il n’a pas tous les moyens nécessaires pour faire un choix dans tous les domaines. Un élu n’a peut être pas toutes les connaissances mais il est aidé par un cabinet dont le boulot et aussi de démêler toutes les infos. Ensuite, l’électeur est appelé à voter pour quelqu’un qui propose une direction, une vision de la société. Voter pour un député de gauche n’est pas identique à voter pour un député de droite. Cela ne signifie pas que sur certains points, les députés des différents bords ne vont pas voter la même chose mais cela indique que l’on attend que certains marqueurs soient respectés. Pour le reste, on lui fait confiance. Avec le referendum, on délégitime le vote aux élections législatives ou locales puisque l’on considère que les représentants élus n’ont plus à s’exprimer et doivent laisser la place à tous les électeurs. Cela faisait parti de mes nombreux reproches aux propositions du candidat Sarkozy en 2012 qui ne voyait que le referendum comme manière de gouverner, se doutant surement à l'époque que la majorité à l'Assemblée Nationale ne lui serait pas acquise sur de nombreux sujets clivant.

Le résultat suisse de l’expérimentation du referendum régulier montre quelque chose d’intéressant. L’UDC, le parti populaire et nationaliste suisse, est peut être le parti majoritaire au Conseil National Suisse mais ne représente qu’un quart des électeurs suisses. Grâce au referendum et en jouant pleinement la corde sensible de la peur de perdre une tranquillité acquise il y a des siècles, l’UDC réussit à faire passer des lois que le parlement suisse aurait rapidement rejeté. L’UDC et ses accents populistes joue ainsi sur les deux tableau, tout d’abord sur le tableau « légitimiste » en gagnant des sièges dans les différentes instances représentatives du pays mais joue également le parti anti-système qui accuse le fonctionnement même de ces instances et insiste pour passer par la voie parallèle du referendum populaire.

Aujourd’hui la Suisse avec ses deux systèmes décisionnaires parallèles se retrouve embarrassée. D’un côté, les représentants élus ont signé des dizaines d’accords avec l’Union Européenne sur des questions économiques, de l’autre côté une faible majorité des électeurs vient de dire clairement son refus d’un des principes fondamentaux des accords avec l’Union Européenne qui est la libre circulation des hommes et des marchandises.

L’union Européenne a une procédure pour ces alliés qui ne respectent pas une partie des accords signés, il s’agit de la guillotine. Pour un accord non respecté, tous les autres deviennent caduques. Que l’Union Européenne fasse son boulot et fasse de la Suisse un pays totalement isolé comme l’appellent de leurs votes les citoyens suisses. Ces mesures permettront aux Suisses mais aussi aux Eurosceptiques de voir de visu ce qu’est la vie économique d’un pays qui vit en autarcie, sans accords économiques avec ses voisins.

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