A referendum improbable, résultat improbable. Dimanche les
Suisses ont eu à se prononcer pour ou contre la limitation de l’immigration de masse. Il faut avouer que quand on se promène dans les rues de Lausanne, Genève
ou Berne, on est frappé par la déliquescence de la civilisation suisse à cause
de tous ces étrangers. Insécurité, chômage, problèmes économique, pour chacun
de ces mots on a le réflexe de voir la Suisse comme représentation de tous ces
maux.
La Suisse souffre en réalité d’un mal plus profond, la
démocratite aigüe. Sous couvert d’écoute du peuple, nos voisins suisses ont mis
en place une machine à torturer la démocratie, le referendum d’initiative
populaire. En Europe et dans de nombreux endroits du globe, les électeurs sont
appelés régulièrement à voter pour désigner leurs représentants. Que le
suffrage soit direct ou indirect, le résultat est le même. Les personnes dotées
du droit de vote dans un pays choisit la ou les personnes pour le représenter. C'est-à-dire
des personnes dont le boulot, pour une période déterminée, est de réfléchir aux
tenants et aux aboutissants d’un problème. Elles doivent écouter des
représentants divers, des lobbyistes. Elles doivent lire des rapports,
travailler en commission, tout ceci dans l’objectif de faire passer des lois de
manière pérenne et durable.
En introduisant le referendum à tout va, la politique flatte
l’électeur en lui donnant une importance qu’il ne devrait pas avoir. On me
répondra que dans ce cas, pourquoi voter pour des représentants si l’électeur
est si bête qu’il ne peut pas comprendre de quoi il retourne. Tout d’abord, l’électeur
n’est pas bête, il n’a pas tous les moyens nécessaires pour faire un choix dans
tous les domaines. Un élu n’a peut être pas toutes les connaissances mais il
est aidé par un cabinet dont le boulot et aussi de démêler toutes les infos.
Ensuite, l’électeur est appelé à voter pour quelqu’un qui propose une
direction, une vision de la société. Voter pour un député de gauche n’est pas
identique à voter pour un député de droite. Cela ne signifie pas que sur
certains points, les députés des différents bords ne vont pas voter la même
chose mais cela indique que l’on attend que certains marqueurs soient
respectés. Pour le reste, on lui fait confiance. Avec le referendum, on
délégitime le vote aux élections législatives ou locales puisque l’on considère
que les représentants élus n’ont plus à s’exprimer et doivent laisser la place
à tous les électeurs. Cela faisait parti de mes nombreux reproches aux propositions du candidat Sarkozy en 2012 qui ne voyait que le referendum comme manière de gouverner, se doutant surement à l'époque que la majorité à l'Assemblée Nationale ne lui serait pas acquise sur de nombreux sujets clivant.
Le résultat suisse de l’expérimentation du referendum
régulier montre quelque chose d’intéressant. L’UDC, le parti populaire et nationaliste suisse, est peut être le parti majoritaire au Conseil National Suisse mais ne représente qu’un quart des électeurs suisses. Grâce au
referendum et en jouant pleinement la corde sensible de la peur de perdre une
tranquillité acquise il y a des siècles, l’UDC réussit à faire passer des lois
que le parlement suisse aurait rapidement rejeté. L’UDC et ses accents
populistes joue ainsi sur les deux tableau, tout d’abord sur le tableau « légitimiste »
en gagnant des sièges dans les différentes instances représentatives du pays
mais joue également le parti anti-système qui accuse le fonctionnement même de
ces instances et insiste pour passer par la voie parallèle du referendum
populaire.
Aujourd’hui la Suisse avec ses deux systèmes décisionnaires
parallèles se retrouve embarrassée. D’un côté, les représentants élus ont signé
des dizaines d’accords avec l’Union Européenne sur des questions économiques, de
l’autre côté une faible majorité des électeurs vient de dire clairement son
refus d’un des principes fondamentaux des accords avec l’Union Européenne qui
est la libre circulation des hommes et des marchandises.
L’union Européenne a une procédure pour ces alliés qui ne
respectent pas une partie des accords signés, il s’agit de la guillotine. Pour
un accord non respecté, tous les autres deviennent caduques. Que l’Union
Européenne fasse son boulot et fasse de la Suisse un pays totalement isolé
comme l’appellent de leurs votes les citoyens suisses. Ces mesures permettront
aux Suisses mais aussi aux Eurosceptiques de voir de visu ce qu’est la vie
économique d’un pays qui vit en autarcie, sans accords économiques avec ses
voisins.
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