mercredi 18 novembre 2015

Indignes républicains

Députés LR assis pour l'hommage de Valls
Ce mardi était le troisième et dernier jour du deuil national. Comme un symbole, cette journée s’est terminée par un match de foot où les supporters anglais se sont distingués par leur soutien et une merveilleuse Marseillaise forte en symbole. Il aura fallu ce signe de nos meilleurs ennemis sportifs pour redonner le sourire suite à un après-midi gâché une nouvelle fois par des élus irresponsables.

Cet après-midi eu lieu la première séance de questions au gouvernement (QAG) depuis les attentats, au lendemain du discours du Président Hollande face à la totalité des parlementaires réunis en congrès à Versailles. Cette séance de questions au gouvernement aurait pu être une séance de débat suite au discours de la veille. Elle s’est transformée en un cirque comme il se produit souvent les après-midi de QAG, à la différence près que ce mardi n’était pas un jour habituel.

Pour cette séance de questions au gouvernement, l’hémicycle était rempli bloc autant que sa moitié droite l’était remonté. On a eu le droit à un florilège de stupidité et d’irrespect de la part des bancs peuplés de soi-disant républicains. Voici le résumé qu’en fait Le Monde :
Des huées à n’en plus finir, des commentaires vociférés à pratiquement chaque prise de parole de Manuel Valls, des prises de parole polémiques… Que le premier ministre assure que le gouvernement va agir vite, et une voix de droite lui lance : « C’est un peu tard ! » Qu’il admette ensuite avoir « un regret » et l’opposition lui hurle : « Un seul ? ! un seul ? ! », couvrant ainsi la fin de sa réponse. Quant à Christiane Taubira, elle n’a même pas eu le temps de commencer à répondre au député socialiste Patrick Bloche (Paris) qu’un « Bouuuuh » puéril s’est élevé des bancs de droite. 

Ce mardi après-midi, les députés ex-UMP ont poussé le vice plus loin que les simples huées traditionnelles. Voici ce qu’on peut lire sur le site de l’Assemblée Nationale dans le compte-rendu de l’après-midi :
M. Manuel Valls, Premier ministre. [...] Je veux rendre une nouvelle fois hommage à l’action des forces de l’ordre (Applaudissements sur tous les bancs), aux policiers, qui sont intervenus dans des conditions particulièrement difficiles, en particulier les policiers de la police de Paris et ceux de la Brigade de recherche et d’intervention – la BRI.

Je vous le dis avec la plus grande fermeté : avec le ministre de l’intérieur, nous ne laisserons jamais mettre en cause l’action de ces hommes (Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, républicain et citoyen, écologiste, radical, républicain, démocrate et progressiste, du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et sur plusieurs bancs du groupe de l’Union des démocrates et indépendants) qui, dans des conditions difficiles, ont sauvé des vies. Je pense à ce commissaire qui est entré dans le Bataclan et a abattu un terroriste, à ces unités d’élite de la BRI qui y ont pénétré dans des conditions particulièrement difficiles. Je veux rendre hommage aux policiers, aux gendarmes, à nos militaires. Je veux rendre hommage aux services de santé, à la sécurité civile, aux sapeurs-pompiers. (Applaudissements sur tous les bancs.) Je veux rendre hommage aux enseignants qui, lundi, ont accompli leur travail d’accueil des élèves et qui font vivre la République à chaque instant. (Mmes et MM. les députés des groupes socialiste, républicain et citoyen et  écologiste se lèvent et continuent à applaudir. - Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et sur quelques bancs du groupe Les Républicains.)

M. Jean Lassalle. Très bien !
M. Manuel Valls, Premier ministre. Je veux rendre hommage à ces hommes et à ces femmes qui sont debout et qui représentent nos services publics, la force et la puissance de l’État.

A ces mots, tous les députés de gauche et une partie des députés du centre se sont levés. Les députés LR sont restés assis. On voit même dans la retranscription des échanges et des comportements de nos élus, que si les députés LR acceptent de saluer les forces de l’ordre en les applaudissant (sans daigner se lever), ils n’applaudissent plus quand il faut rendre hommages aux enseignants qui ont eu la lourde tâche de parler et d’expliquer à des enfants et des adolescents ce qu’il s’est passé. Une nouvelle fois, on a à faire à une belle preuve d’irrespect pour ces professeurs.

Enfin, mais à côté de tout ça c’est presque un détail négligeable, cette séance de questions au gouvernement fut l’occasion pour des députés LR candidats aux régionales de faire campagne devant les caméras, à l’image d’une Valérie Pécresse qui n’a rien trouvé de mieux que de décrire son projet pour la sécurité dans les transports en Ile-de-France si par malheur elle était élue. C’est bien sur la même qui trouve scandaleux que Claude Bartolone soit toujours président de l’Assemblée Nationale et qui demande qu’il ne préside pas ces mêmes séances de QAG pour l’équité de la campagne !

Preuve que ces députés LR, dans leur masse, se sont montrés indignes de leur mandat de représentants des Français, certains députés de droite, comme Edouard Philippe ou Thierry Solère, ont déplorés publiquement le comportement de leurs collègues.

Pour finir sur une belle note, voici 62 secondes d’unité et de solidarité, une durée que certains députés n’auront pas réussi à tenir.

lundi 16 novembre 2015

Des coups de pelle qui se perdent

L’époque est au recueillement. Vendredi soir fut une soirée horrible. Samedi fut une journée stressante tant que toutes nos connaissances n’avaient pas donné signe de vie. Dimanche et lundi sont fait de la tristesse d’apprendre le décès ou les graves blessures d’amis d’amis. Des inconnus pour moi mais pas pour mes amis ou mes collègues. C’est à eux principalement que j’ai dédié ma minute de silence, acte absurde mais nécessaire pour leur mémoire même si j’aurais préféré une minute d’applaudissements pour faire du bruit, rien que du bruit, pour faire reculer la bêtise humaine.

Faire reculer l’ignominie barbare à coup de bruit, et faire reculer la bêtise partisane française à coups de pelle symbolique. Dès l’annonce des attentats, certains à l’extrême-droite se sont mis à cracher sur le gouvernement, sans même savoir ce qu’il se passait. Ce week-end des abrutis de fachos ont manifesté en Bretagne contre toute forme d’immigration, leur cerveau fini au chouchen oubliant que les victimes de vendredi soir étaient de toutes nationalités, les balles et explosions n’épargnant personne. D’autres abrutis de fachos ont déboulé à Metz pour insulter ceux qui se rassemblaient en mémoire des victimes. La connerie à l’extrême-droite étant sans limite, le directeur de la rédaction de Rivarol, torchon d’extrême-droite, osait dire que les Eagles of Death Metal et leurs fans l’avaient bien cherché avec leurs chansons satanistes. Il aurait écouté France Culture quelques jours plus tôt, il aurait entendu les dernières chansons du groupe et aurait entendu la présentation d’un groupe qui se moque de tout, même de leur nom.

A droite, chez les Républicains, des coups de pelle sont à livrer également. Je passerais sur l’épisode Sarkozy qui veut l’Union Nationale mais sans la gauche, prêt à attaquer le laxisme de la justice socialiste (je la croyais indépendante) pour ne pas avoir mis en prison un homme condamné plusieurs fois entre 2007 et 2012, vous savez ce quinquennat où il n’y a pas eu de président (sinon comment le principal intéressé aurait pu l’oublier ?). Même interview, il accuse Valls de ne rien faire contre les imams radicaux alors que 40 imams appelant à la violence ont été expulsés de France depuis 2012 (dont 10 cette année). Pour comparaison, dans le quinquennat précédent, 15 ont été expulsés.
Pour d’autres dans la même famille politique, ces attentats montrent que la politique extérieure française est nulle et qu’il faut s’aligner sur celle de la Russie. Il faudrait demander à ces experts ce qu’ils pensent de l’avion de ligne russe qui a explosé dans le Sinaï et dont Daesh annonce être le forfaitaire de l’attentat.
Enfin, on a la frange extrême de cette droite, politiciens comme blogueurs, qui se ruent comme des chiens sur le kamikaze syrien qui serait arrivé en Europe parmi les autres migrants. Ils vous l’avaient bien dit qu’il fallait fermer les frontières ! Des dizaines de milliers de personnes sont arrivées en France. Pour un terroriste, il aurait fallu rejeter tous les autres. La proportion ne joue pas en leur faveur. Histoire de proportion, s’il s’avère que sur 7 terroristes, 1 seul est Syrien, cette proportion ne jouera pas non plus en leur faveur. Qui des 6 autres ? Pour la droite, il suffit de tous les interner. C’est sur que ça va simplifier les missions de surveillance du territoire si on met tous les suspects en prison ou en camps.

Coups de pelle à gauche ? Pour le moment, ce sont plutôt des avertissements que j’ai envie de donner. Il est peut être trop tôt pour cracher sur la loi Renseignement. Et j’espère que le gouvernement ne prétextera pas cet épisode pour nous pondre une nouvelle loi dans le plus pur style Sarkozy. Comme le disaient des experts ce week-end, ce n’est pas de nouvelles lois que nous avons besoin mais de moyens. Pour cela, on peut toujours rappeler que la gauche au pouvoir, toute laxiste qu’elle est, a dur rattraper le retard de ses prédécesseurs en rembauchant des policiers après les baisses d’effectifs des 5 précédentes années. J’espère que ce gouvernement ne va pas vouloir toucher à la législation sur l’état d’urgence. Alors que l’extrême droite se rapproche dangereusement du pouvoir, il serait moche qu’on le lui livre déjà prêt avec toutes l’arsenal législatif lui permettant de mettre à feu et à sang l’état.

Rappelons-nous que nous sommes en période d’union nationale. Le temps n’est pas à la critique politicienne. Attendons de savoir ce que dira François Hollande aux parlementaires réunis en congrès à Versailles et attendons de voir leurs réactions. En attendant, un petit coup de gueule ça défoule.

samedi 14 novembre 2015

Paris ne sombrera pas

Vendredi soir Paris a été attaquée de façon ignoble. En visant les alentours d’un stade, un quartier réputé pour sa vie nocturne et une salle de concerts, c’est l’image d’un Paris festif, rassemblé et diversifié qui est visée. Si ces attaques ont bien été orchestrées par Daesh, comme ils l’ont annoncé ce samedi matin, c’est bien une nouvelle preuve de leur obscurantisme.

Car ces soldats de l’ignorance essayent de mettre en place une dictature religieuse en Syrie et en Irak. En représailles d’attaques contre leurs sites d’entrainements, ils décident de répondre et de frapper des civils qui ont le malheur d’avoir une vie culturelle et une vie sociale, tout ce qu’ils essayent de supprimer dans les régions qu’ils squattent (car là-bas non plus ils ne sont pas chez eux).

On ne peut pas penser au drame de vendredi sans se remémorer les attaques contre les journalistes de Charlie Hebdo et contre le magasin Hyper Casher. En janvier, c’était la liberté d’expression française qui était visé ainsi que la liberté de culte. Ce vendredi, c’est Paris dans son intégralité qui est visé, le Paris des amoureux du sport, le Paris des amoureux de musique, le Paris des amoureux de sorties entre amis. En janvier, on pouvait encore s’interroger sur le sommes-nous Charlie ou pas. Sommes-nous solidaires de ces journalistes à part dans le paysage de l’information française ? Sommes-nous solidaires de ces Français de confession juive (oui certains se sont posés la question à cause de la religion des victimes). Hier, n’importe qui a été touché. Habitué des salles de concerts parisiennes (et donc du Bataclan), amateur de rock et de la musique des Eagles of death metal, j’aurais pu être dans les 82 victimes du Bataclan. Amateur de rencontres sportives, j’aurais pu être au Stade de France si ce n’avait pas été un match amical. Ceux qui sont morts hier, sont morts pour avoir vécus leur vie. Je ne peux m’empêcher de penser aux familles des victimes mais aussi à toutes les victimes qui ont réussi à s’en sortir mais qui vivront toujours avec ce souvenir atroce. J’espère qu’ils arriveront à profiter de nouveau de la vie.

Aux terroristes, vous pouvez attaquer tant que vous voulez Paris. Vous pouvez viser le journalisme non institutionnel de Charlie Hebdo, vous pouvez viser la communauté juive, vous pouvez viser la diversité parisienne, souvenez-vous que la devise de Paris est « fluctuat nec mergitur », « battu par les flots mais ne sombre pas ». Ce ne sont pas ces vagues d’attentats qui nous ferons sombrer et comme l’a écrit JoannSfar, « Merde à la mort ».