Ce n’est pas facile de s’intéresser aux départementales. Ce
n’est pas facile pour moi car, habitant à Paris, je suis comme mes voisins
lyonnais dispensé d’élection. Nos métropoles ont les prérogatives du
département, tout s’est joué en mars dernier lors des municipales. Dispensé d’élection
départementale, ça me permet d’observer de loin les copains et copines engagés
dans cette bataille où il y a plus d’embuches que de raccourcis.
La principale embuche, le vide médiatique quasi-total qui
entoure cette élection. D’après un récent sondage, plus d’un jeune de moins de 35 ans sur deux n’a pas connaissance de la tenue d’une élection départementale
les 22 et 29 mars ! Le taux diminue légèrement plus la population
vieillit. Ce qui porterait à 1/3 des Français adultes le nombre d’électeurs qui
ne sont pas au courant de cette prochaine échéance électorale. A moins d’un
mois du premier tour, ça n’augure rien de bon pour le niveau de participation. On
peut comprendre la difficulté des candidats à se faire entendre dans les médias.
Comment un média national peut-il traiter du sujet ? Qui s’intéresse au
canton de Wormhout (non loin de Dunkerque) et ses 3 couples de candidats (union
de la gauche, UMP, FN) ? Pourtant dans tous les cantons autour de
Dunkerque, il y a de quoi se poser des questions… Selon la Voix du Nord, aucune
liste ne se serait inscrite avec l’étiquette UMP ! Ici des UDI, là des
sans étiquettes mais aucun UMP. On remarque la même chose en Bretagne, à croire que l'on a à faire à une stratégie nationale.
Deuxième embuche, l’absence de confiance dans la politique
gouvernementale. Ce matin, j’entendais Gérard Collomb se satisfaire que sa
ville ne participe pas à cette élection qui s’annonce, d’après ses propres
mots, comme un fiasco pour la gauche. Comment nos candidats sur le terrain
peuvent-ils donner espoir aux électeurs si les personnalités socialistes
interviewées ne parlent que d’échec ? Pourtant cette élection a eu le
droit à un joli ravalement de façade par le gouvernement pour être plus
compréhensible et plus en adéquation avec son époque. Pour la première fois de
l’histoire des départements, il y aura une parité parfaite femme-homme dans
les conseils départementaux. Pour la première fois, on parle d’élection
départementale et non d’élection cantonale et pour la première fois on élit des
conseillers départementaux et non des conseillers généraux. Quand le Parti
Socialiste était dans l’opposition, il a réussit à montrer qu’une politique de
gauche locale pouvait porter des résultats concrets. Élections après élections,
la gauche a grappillé des départements à la droite. Nos candidats, les élus
voisins, les personnalités du PS, tous devraient faire campagne sur les bilans
locaux de nos exécutifs départementaux plutôt que de crier à la défaite
inévitable.
Troisième embuche, résultante des deux premières, la forte
présence du FN. Quand on parle élection départementale dans les médias, c’est
souvent sous le prisme de la montée du FN. D’après un sondage national, le
parti des Le Pen récolterait un tiers des scrutins exprimés. C’est énorme mais
ne représente rien en même temps. Certes cela indique que le FN est un des
principaux partis politique dans le paysage français, mais ça fait longtemps qu’on
le sait. Le problème est qu’on ne parle du FN que pour essayer de faire peur à
son électorat traditionnel (comme Sarkozy avec son farfelu vote FN qui revient
à un vote PS, ou comme de trop nombreux discours à gauche avec le simple et
dépassé argument que FN c’est mal). Pourtant il y a de quoi dire sur l’incompétence des candidats FN (certains l’affirment eux-mêmes). A vouloir présenter des
candidats dans le plus grand nombre de cantons, les Le Pen sont obligés de
faire appel soit à la chienlit raciste, xénophobe, homophobe qui semble toujours
constituer le gros de la base militante du parti frontiste, soit à des
personnes n’ayant qu’une vague culture politique. Cette politique de la
quantité des candidats à défaut de qualité avait déjà été soulignée lors d’une enquête sur le Front National dans le Pas-de-Calais lors des dernières municipales,
où le candidat FN se disait bien embêté si par accident il gagnait la mairie de
Lens !
Alors oui ces départementales s’annoncent du plus mauvais
augure. Les électeurs ne savent pas qu’ils sont appelés à voter, les candidats
UMP n’osent pas s’annoncer sous les couleurs du parti Nicolas Sarkozy, les
candidats PS sont soutenus par des personnalités qui ne croient pas en une
victoire de la gauche, le Front National continue de se moquer de ses électeurs.
Devant tant d’absurdités de toutes parts, je me dis que nos candidats socialistes
doivent vraiment jouer leur chance à fond. La majorité d’entre eux peut s’appuyer
sur le bon bilan de l’exécutif sortant que ce soit en matière d’actions
sociales, d’enseignement (l’équipement des collèges), et d’aménagement du
territoire. Les candidats socialistes
ont un bilan quand les autres n’ont ni courage de leurs idées, ni compétence. Comment
espérer que son quotidien sera meilleur si on laisse le département et ses
prérogatives passer à droite ou à l’extrême-droite ?
AMHA, la gauche parle d'échec pour pouvoir annoncer une victoire si les dégats sont limités. Et ca risque d'arriver. Le raz-de-marée annoncé de la "droite" peut très bien ne pas arriver.
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