mardi 17 mai 2016

Montebourg candidat mais pas trop

Mitterrand allait à la Roche de Solutré tous les lundis de Pentecôte. Depuis une dizaine d'année, Arnaud Montebourg fait de même une centaine de kilomètres plus au sud en randonnant vers le sommet du Mont Beuvray. Cette année cette ascension était annoncée comme exceptionnelle. Moins d'un an avant l'élection présidentielle, Arnaud Montebourg bat le rappel médiatique (et militant), il a quelque chose d'important à annoncer aux Français.

En haut de son Mont Beuvray, Arnaud n'a pas annoncé sa candidature, mais c'est tout comme. Ce lundi, le candidat Montebourg faisait surement son entrée en campagne en présentant un appel à projets. Cet appel est destiné 
"aux économistes, aux entrepreneurs et aux syndicalistes, aux innovateurs, aux chercheurs et aux créateurs, aux scientifiques et aux artistes, aux citoyens engagés et tout simplement aux Français qui souhaitent peser sur le destin de notre Nation et de notre continent"

Ce projet à écrire devra respecter 3 caractéristiques, assez générales et floues pour encourager tout le monde à participer :
1- Il devra affronter et traiter les problèmes que la classe dirigeante de droite et de gauche esquive depuis des décennies ; et apporter des solutions nouvelles. De ce point de vue, ce projet devra être innovant et fera appel à tous les innovateurs de France.
2- Ce projet devra tenter de réconcilier, réunifier les deux France : la France qui va bien et la France qui va mal. La France qui va mal, c’est celle des territoires désindustrialisés, des agriculteurs appauvris et des ouvriers sans porte voix, des PME laissées pour compte et des Services Publics délaissés. La France qui va bien c’est celle des start-up, des Fonds d’investissement et des métropoles.
Chacune de ces deux France devra être entendue mais aucune des deux ne devra éviter des concessions à l’autre. Il s’agit de construire des compromis gagnants pour tous. De ce point de vue, ce projet sera Républicain et fera appel à toutes les bonnes volontés de France.
3- Ce projet devra s’inspirer de certaines valeurs. Il ne niera certainement pas ce que nous sommes. Mais qui sommes-nous ? Des hommes et des femmes de gauche. Je suis un homme de gauche. Mais qu’est-ce que cela veut dire « être de gauche » dans ce moment où les repères ont disparu ?

Et à Arnaud Montebourg de se lancer dans l'exercice toujours difficile d'expliquer ce qu'est "être de gauche", en douze point, et chaque point illustré par 2 personnalités. Sont invoqués, sans trop de surprises car déjà vus dans les discours du presque candidat, Roosevelt, Mitterrand, Mendès-France. De nouveaux exemples plus récents sont aussi appelés : Naomi Klein en icône de la justice qui protège le plus faible, Florence Aubenas qui en décrivant le quotidien des Français représente les soutiens à "ceux qui se sentent abandonnés par la société". 
Enfin des personnalités plus étonnantes se retrouvent citées en personnalités de gauche. 
  • Jean-Pierre Chevènement fut de gauche (j'ai des doutes aujourd'hui), Arnaud Montebourg le cite dans son paragraphe sur le patriotisme économique. Je me demande s'il partage sa vision de gauche de la construction européenne...
  • Le Pape François est cité dans le paragraphe sur le respect de tous, car être de gauche "c’est aimer notre culture et nos valeurs sans vouloir en faire des armes d’exclusion massive." Arnaud Montebourg pense bien sur ici aux migrants, je me rappellerais des propos du Cardinal Barbarin et du peu d'action du pape, si prolixe en d'autres contextes, sur le mariage pour les couples du même sexe.
  • Simone Veil serait de gauche car "être de gauche, c’est vouloir poursuivre et parachever l’œuvre d’égalité des droits, des chances et des opportunités entre les hommes et les femmes." Simone Veil fut tout de même ministre sous Giscard puis sous Balladur et fut élue au Parlement Européen avec l'étiquette UDF. 
J'imagine qu'avec ces exemples pas tous issus de la "vraie gauche officielle", Arnaud Montebourg montre ainsi que personne n'a le monopole de la pensée de gauche et qu'il faut savoir s'ouvrir à toutes les bonnes volontés. Mais n'est-ce pas là la même pensée qui anime Emmanuel Macron quand il se dit ni de droite, ni de gauche ? 

La volonté d'Arnaud Montebourg est louable. A un an de l'élection présidentielle, à un peu plus de 6 mois du début de la campagne électorale, son initiative de construction de projet peut-être salutaire pour la gauche. Je ne l'imagine pas oser se présenter contre François Hollande. Cette initiative serait malheureuse, difficile à expliquer et destructrice pour la gauche. En revanche, en construisant ce projet, tout comme en présentant son projet lors de la primaire de 2011, il pèsera un poids certains dans la préparation du prochain programme du candidat socialiste.

Pour mesurer ce point, il ne serait pas étonnant de voir Arnaud Montebourg se présenter officiellement comme candidat à l'élection présidentielle. Ça lui ouvrira les portes de plusieurs médias, ça permettra de voir sa personnalité et ses idées confrontées aux autres par les instituts de sondages. La prochaine étape devrait être fin août à Frangy-en-Bresse lors de la Fête de la Rose, autre grand raout Montebourgeois traditionnel qui avait été il y a 2 ans le signal de son départ du gouvernement. 


Le texte complet de l'Appel du Mont Beuvray : http://www.arnaudmontebourg.fr/lappel-du-mont-beuvray/

3 commentaires:

  1. qu'est ce qu'il a fait de sa marinière made in France ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas de marinière AmorLux, pas de lunettes Atoll et d'après la presse il a failli repartir en 4x4 Mitsubishi. Peut-être fait-il une pause du made in France.

      Supprimer
  2. vous dites "du haut de SON mont Beuvray...."
    erreur
    ce n'est pas SON mont
    c'est le mont des français
    et ça fait toute la différence
    faudrait pas que ce petit apparatchik s'approprie autre chose que le pognon qu'il a affuré dans son anti exercice ministériel

    RépondreSupprimer