Jonathan Littell, connu pour son prix Goncourt pour Les Bienveillantes en 2006, est parti 10 jours à Homs au début de l'année 2012 pour Le Monde. De son séjour, en plus des articles publiés dans le quotidien, en est sorti un carnet de voyage un peu spécial puisque carnet d'un reporter de guerre .
Au cours des 233 pages, Littell nous explique comment il a quitté Tripoli au Liban dans la clandestinité pour rejoindre la ville d'Al Qusayr avant de rejoindre Homs après 3 jours de voyage. Il a décidé d'entrer clandestinement pour ne pas suivre le conflit avec l'accompagnement du ministère de l'information syrienne. Il vivra deux semaines en plein coeur de Homs, dans les différents quartiers de la ville rebelle comme Baba Amr, Khaldiye, Bayada ou Safsafi.
Le début des carnets est assez calme, même si son trajet Tripoli - Homs est nettement moins simple que celui que j'ai effectué il y a 3 ans. Mais dès qu'il est au contact des Homsis, le récit devient poignant. Chaque jour, Littell se rendra dans des hôpitaux d'urgence créés de toutes pièces par des médecins rebelles. Il essaiera tant que possible de se rendre aux mosquées ou aux cimetières pour voir de lui même qui sont les morts du siège de Homs et essayer d'avoir une idée de leur nombre. Au cours de son récit, on apprend que les médecins et chirurgiens des hopitaux nationaux ont l'interdiction de soigner des rebelles ou des habitants des quartiers rebelles (comme Baba Amr) sous peine de se voir emprisonner / torturer. D'ailleurs plusieurs récits de torture de la part de rebelles emprisonnés ou de témoins comme des médecins et des militaires qui ont déserté pour rejoindre l'Armée Syrienne Libre (ASL).
Les carnets deviennent durs à lire quand on y lit la vie quotidienne des Homsis sous le feux des snipers du gouvernement qui n'hésitent pas à tirer sur les civils de tout âge. Ils sont tout autant difficile quand on lit l'impuissance des médecins qui ne peuvent presque rien faire devant les blessés qui arrivent.
Ces carnets se déroulent du 16 janvier au 2 février, c'est à dire quelques jours après la mort du journaliste Gilles Jacquier et peu de temps avant la mort des journalistes Marie Colvin et Rémi Ochlik. D'ailleurs la conclusion est à glacer le sang. Les premières lignes sont d'ailleurs :
"C'est seulement après que j'ai écrit tout ça, et que j'ai quitté la Syrie, que le choses à Homs ont vraiment commencé à partir en vrille. Moi, je pensais que ce que j'avais vu était assez violent, et je croyais savoir ce que violent veut dire. Mais je me suis trompé. Car le pire ne faisait que commencer..."
Lire ce livre m'a beaucoup éclairé sur le quotidien d'une ville que j'ai eu la chance de visiter à plusieurs reprises quand elle était encore calme et paisible. Mais il est tout à fait accessible à toute personne qui souhaite en savoir plus sur ce conflit même sans connaissance du pays. Tout y est expliqué, la géographie du pays et un plan de la ville sont présents pour aider le lecteur à s'y retrouver. Alors que l'on entre dans ce qui devrait être une trêve olympique, les combats se sont intensifier à Alep, la 2ème ville du pays. C'est encore une fois grâce au Monde que l'on peut suivre ce conflit de l'intérieur grâce à Florence Aubenas et Laurent Van Der Stock.
Pour conclure, je me joins à Ju et relaie l'appel de Médecin du Monde pour que les civils soient réellement protégés, pour les médecins ne soient plus emprisonnés et torturés pour avoir soigner un tel ou un autre, pour que les hôpitaux ne soient plus ni des cibles, ni des lieux de tortures.
jamais été en Syrie. Peut-être bientôt dans un pays plus libre?
RépondreSupprimerIl faut esperer que ca s'arrange vite car c'est un pays qui merite vraiment d'etre visite !
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