C’est une des principales critiques depuis le début du
quinquennat de François Hollande, il désacralise la fonction présidentielle en
se voulant un président normal. Jacques Chirac posant nu au Fort de Brégançon n’avait
pas réussi à entacher le coté sacré de la plus haute fonction du pays. Nicolas
Sarkozy en goguette à EuroDisney ou profitant d’une conférence de presse pour
annoncer qu’avec Carla Bruni ce n’était pas qu’une simple histoire de cul n’aurait
pas non plus désacralisé le statut de Président de la République. François Hollande,
en revanche, est en passe de réussir cette prouesse. Comment fait-il ?
Quel est son secret ?
Au contraire de son prédécesseur, il tient parole, le
rendant plus comme le commun des mortels qu’un Président qui du haut de son piédestal
peut se permettre de renier faire fi de ses promesses de transparence et de
dialogue. En avril 2012, François Hollande promettait « d'organiser des conférences
de presse tous les six mois afin de rendre compte des actions engagées et
de tracer les perspectives ». Sarkozy, en son temps, avait tenté le
même coup de bluff mais après s’être ridiculisé en déballant sa vie privée face
aux journalistes et après s’être rendu compte que toutes les questions ne
seraient pas bienveillantes, il a rapidement oublié d’organiser de nouvelles
conférences. François Hollande est plus joueur. En septembre dernier, alors que
son ex compagne venait de publier son journal intime de midinette en pleurs, le
Président avait tenu bon, essayant tant que possible de recadrer les
journalistes qui auraient voulu en savoir plus sur sa vie privée plutôt que sur
son action publique.
Ce matin, François Hollande a tenu sa 5ème
conférence de presse. En tenant le rythme, il se met lui-même dans des
situations difficiles. Contrairement à son prédécesseur qui se devait d’avoir
une annonce révolutionnaire à chaque sortie publique, l’actuel Président de la
République n’hésite pas à faire de ses conférences de presse un moment
privilégié pour faire le point sur les actions passées et en cours plutôt que d’en
faire une foire aux annonces. Résultat à prévoir, ce soir des éditorialistes et
les membres de l’opposition se répandront sur les plateaux pour se dire déçu qu’aucune
grande annonce n’a été faite, preuve en est que le Président est immobile,
comme inconscient de l’état du pays. En parallèle, ceux qui préfèrent les faits
au bashing de base, se feront un plaisir de faire un point de parcours de l’activité
gouvernementale.
Si François Hollande est sur le point de réussir à banaliser
l’activité présidentielle, c’est que cette répétition de conférence de presse
ne suscite plus autant d’attente que les premières. Avant lui, une conférence
de presse était un moment exceptionnel. Si les Président de la République passé
se sont toujours prêtés à l’exercice cadré de l’interview par une poignée de
journalistes choisis par l’Elysée, la conférence de presse et son lot d’incertitudes
étaient suffisamment rares pour que toutes les rédactions en parlent des jours
à l’avance. Cette fois-ci, rien ou presque. On rentre enfin dans la normalité.
Un président qui daigne répondre aux questions des journalistes, ce n’est plus
un événement incroyable dont on pourrait s’estimer heureux de le vivre deux
fois dans un quinquennat. Ça devient une rencontre banale, plus courante encore
que les vœux à la presse.
Rassurons-nous, une rencontre banale n’en devient pas
inutile ! Il est sein pour une démocratie de pouvoir interroger
directement son chef d’état. Il est toujours aussi intéressant de s’arrêter
quelques heures pour faire des points d’étape. D’où venons-nous, que s’est-il
passé, où en sommes-nous et que nous reste-il à accomplir ? L’exercice de
la conférence de presse devant des journalistes de toute obédience est bien
moins évident que celui de la conférence grassement rémunérée donnée devant un parterre
de participants acquis à la cause et ayant payé chèrement leur place. Saluons
donc la ténacité, la difficulté et la régularité de l’exercice qui en devient banal sans
perdre de son intérêt.
Voila !
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