mardi 31 mars 2015

Une défaite bienfaitrice

Les dirigeants de gauche réunis à La Rochelle
On ne va pas se cacher derrière de fausses excuses, le week-end dernier la gauche a perdu. Le PS a perdu près de la moitié des départements qu'il dirigeait un an après avoir perdu un grand nombre de villes. Dans la foulée du Parti Socialiste, le Parti Communiste a continué la destruction de son influence locale en perdant un des deux derniers départements rouge. Europe Ecologie - Les Verts est sur au bord de l'implosion. Le parti est partagé entre ceux qui persistent à être proche du PS, localement ou nationalement, et ceux qui se laissent séduire par la critique véhémente du Front de Gauche. EELV voulait rééditer l'exploit des municipales en se posant comme force alternative à gauche, ils ont sombré dans l'anonymat d'une stratégie illisible. Enfin le Front de Gauche, notre Syriza à nous, devait montrer le chemin de cette nouvelle gauche, véritable et authentique, qui gagne et redonne espoir aux électeurs. Avec 10% lors du premier tour, le Front de Mélenchon est une nouvelle fois arrivé loin derrière le FN, sans réussir à réunir sur son nom les déçus du Hollandisme gouvernemental. Certes le FN n'a pas réussi son pari de gagner un département, mais a réussi de faire entrer une centaine de conseillers départementaux dans les différents départements et cette progression n'est surement pas la dernière, surtout si la gauche continue à se déchirer devant ses électeurs.

La Gauche gagne quand elle est réunit, elle perd quand elle se disperse. Le problème est que la Gauche n'a jamais réussi à rester longtemps unie. Ce problème peut devenir une opportunité puisque la dernière union de la gauche née en mai 2012 s'est terminée en mars 2014. Après une année, des défaites aux municipales, aux européennes et aux départementales, l'heure doit être au rassemblement pour préparer les régionales de fin d'année et surtout les conditions du rassemblement pour 2017.

Malgré les défaites, l'union ne se réalisera pas d'elle même. Chacun devra mettre de l'eau dans son vin. Le PS tendance gouvernement devra trouver les mesures et les concessions permettant le retour dans le rang des frondeurs, des écolos. Ces deux derniers devront aussi accepter quelques concessions, par exemple arrêter son délit de sale gueule qui leur font détester Valls et Macron plus que de raison. L'ouverture doit aussi ne pas oublier les derniers soutiens du gouvernement, Corinne Lepage, Jean-Luc Bennahmias, personnalités capables de montrer qu'être centriste n'est pas obligatoirement synonyme d'être électeur de Nicolas Sarkozy ou d'Alain Juppé.

C'est l'objectif des rencontres de Solférino initiées par Jean-Christophe Cambadélis. Ce lundi, il a discuté avec Europe Ecologie - Les Verts, doivent venir des rencontres avec le Parti Radical de Gauche, le Front Démocrate et surement les communistes. L'important est de réussir à se retrouver sur un socle commun qui rassemble les différentes valeurs de gauche des différents partis. L'union ne se fera surement pas sur le détail d'une réforme économique mais des signaux forts peuvent rassembler, que ce soit autour d'un "choc démocratique" (comme l'appelle de ses voeux Thierry Mandon), ou autour d'un choc écologique (la fermeture de Fessenheim, une transition énergétique boostée).

Cette union de la gauche ne pourra voir le jour que si les différentes composantes veulent jouer le jeu. L'union de gouvernement est toujours plus difficile à vivre que l'union dans l'opposition. L'union ne vaudra le jeu que s'il est joué jusqu'au bout par chacun des protagonistes. Cela veut dire qu'il devra y avoir une certaine exigence et une certaine rigueur tout le long des mandats gagnés unis. Les socialistes n'accepteront plus de céder des places à des écologistes qui les lâcheront publiquement une fois élu et les partenaires des socialistes auront plus tendance à lâcher du lest sur certains points si les principaux points d'accords sont mis en place le plus tôt possible.

La Gauche a perdu plusieurs batailles, souvent en se battant avec elle-même. Elle ne gagnera que si elle fait preuve de de sagesse, de consensus et de dialogue. J'espère que les défaites et les crises gouvernementales passées seront les signaux nécessaires à un retour de cette Gauche unie. La Gauche unie peut trouver les idées neuves pour le renouveau de la France, encore faut-il que chacun s'écoute. 

Après tout, entre Gauche ruinée et Gauche réunie, il n'y a que quelques ajustements à faire.

3 commentaires:

  1. Encore un article que je partage. Je viens de décider de vous le faire savoir à chaque dizaine. :)

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  2. Je souscris parfaitement à ton analyse de l'impérieuse nécessité d'une unité qui ne soit pas seulement de façade et donc purement électorale.
    Concernant la défaite, qui pas que celle du PS mais de tout le pays, j'y vois un manque criant de pédagogie. au lieu de stigmatiser le FN comme il l'a fait, Manuel Valls aurait été plus inspirer d'expliquer les enjeux de cette élection. Les Conseils départementaux, pourquoi et pourquoi faire ? Il aurait été bien plus simple d'expliquer en quoi ce FN est hors jeu.
    Quand je dis que c'est le pays qui a perdu, je pense à un exemple précis. Les Bouches du Rhône qui sont tombées entre les mains de Gaudin dont l'incapacité à gérer et faire prospérer Marseille ne sont plus à démontrer.Cette ville s'effondre de plus en plus depuis les 20 dernières années avec un Maire qui est partout à la fois et donc nulle part, l'âge n'arrangeant rien.
    S'il n'y a pas de réaction très rapide, les Régionales de la fin de l'année vont largement confirmer la déroute et faire approcher du pouvoir un FN que l'UMP traîne dans ses basques comme un vieux chewing-gum collé à sa semelle.

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