jeudi 24 janvier 2013

Sarkozy découvre la précarité

Il s’agirait peut être de la signature du contrat de vacataire la plus médiatique de l’histoire de l’Enseignement Supérieur. Jean Sarkozy serait sur le point de devenir chargé de TD à l’Université de Créteil. Vu l’emballement médiatique suite à cette annonce, y a-t-il quelque chose à redire sur le fait que le fils du précédent Président de la République soit vacataire à l’université ?

Non, il n’y a rien à redire puisqu’il respecte à la lettre les critères d’employabilité. Il est étudiant en master, il a moins de 28 ans, il peut donc signer un contrat d’agent temporaire vacataire comme tout autre étudiant de son niveau. Pour info, il aura à peu près le même traitement que le chargé d’enseignement vacataire qui est réservé à certaines catégories de personnes ayant un emploi et cherchant à faire des heures supplémentaires.

Pourtant, il y a à redire, mais le problème est le vacatariat en lui-même. Être vacataire à l’université, c’est signer pour un statut vraiment à part, loin des contrats de PRAG, d’ATER, de maîtres de conférence, etc. C’est un type de contrat assez malsain utilisé par l’université pour offrir un contingent d’heures supplémentaires à qui le souhaite mais dont les caractéristiques ont de quoi hérisser le poil.

Un vacataire ne signe ni un CDD, ni un CDI. Il est payé à l’heure de présence et sa seule garantie de période de travail est le fait qu’il est rare de changer de chargé de TD d’un groupe d’élève en cours de semestre. Mais si l’on souhaite le remplacer ou si l’enseignant tombe malade, rien ne viendra le protéger ou l’aider.

Le vacataire est donc payé à l’heure de présence devant son groupe d’étudiants. Cela signifie donc que, contrairement à n’importe quel professeur, il n’est pas payé pour la préparation de ses cours. Il n’est pas non plus payé pour la correction des copies et des partiels dont il aura la charge. A moins qu’il n’arrive la prouesse de corriger toutes ses copies tout en animant ses TD…

Le vacataire est certes payé mais une fois par semestre ! A la base imaginé comme un complément de revenus pour professeurs ou autres salariés, le paiement en différé n’est pas trop gênant. Mais pour l’étudiant, comme notre jeune Sarkozy ou tout autre jeune, son salaire rémunérant ses 96 heures passées face aux étudiants ne sera versé que 6 mois après que le premier TD se soit passé. C'est-à-dire que Jean enseignant le droit de février à mai recevra l’intégralité de son salaire un jour entre juillet et septembre. Comment un étudiant peut-il espérer financer ses études en étant payé tous les 6 mois ?

Dernière surprise mais pas des moindres, le collectif Papera explique dans son très bon billet sur le sujet que "la rémunération des vacations n’ouvre pas des droits au chômage, ni à la retraite".
 
Jean Sarkozy va donc découvrir cette précarité où un étudiant ne sait pas s’il aura toujours une source de revenus le semestre suivant, cette précarité où le jour de versement du salaire semble se jouer à la roulette.

mercredi 23 janvier 2013

Résultat des législatives en Israël

Ce mardi, les Israéliens étaient appelés à voter pour élire leurs nouveaux députés. C'est une date que j'avais marqué depuis longtemps dans mon agenda, tant pour l'importance dans l'évolution du conflit israélo-palestinien que dans les relations avec les autres pays de la région (Liban et Iran principalement).

D'après le quotidien Haaretz, le parlement penchera très légèrement à droite. Si l'on somme les sièges des partis de droite, des nationalistes et des ultra-orthodoxes, l'aile droite remporterait l'élection mais sans aucune marge puisqu'ils ont obtenu 60 sièges, soit le même nombre que les différents partis de centre gauche et arabes.

Si l'on détaille rapidement, le Likoud de Benyamin Nétanyahou obtient 31 sièges (lui et son allié nationaliste du moment avaient 42 sièges lors de la précédente législative). Le 1er ministre sortant avait fortement axé sa campagne sur la peur de l'Iran.

En deuxième position, la surprise du jour, le nouveau parti centriste Yesh Atid qui remporte 19 sièges. Le blog du Monde "Guerre ou Paix" avait présenté ce parti comme s'adressant principalement aux classes moyennes avec un programme politique confus.

En troisième position, le bon score du Parti Travailliste qui obtient 15 sièges, soit 2 de plus qu'en 2009. Les travaillistes (membre de l'Internationale Socialiste et membre observateur du Parti Socialiste Européen) n'ont absolument pas abordé le sujet palestinien durant cette campagne, privilégiant les problèmes sociaux (chômage, logement). Traditionnellement, ils sont favorable d'une solution à 2 états.

Arrivent ensuite 2 partis bien à droite : le parti ultra-orthodoxe juif Shass et le nouveau parti ultra-nationaliste Maison Juive avec chacun 11 sièges. Pour rappel, le parti de la Maison Juive est un parti résolument anti Palestinien et prône donc l'annexion de toute la zone C en Cisjordanie (plus de 60% du territoire) et se disant les représentant des colons... Ces deux partis pourraient très bien s'entendre avec le Likoud pour former une coalition gouvernementale.

Les 2 partis arabes et le parti marxiste non sioniste Hadash obtiennent 12 sièges à eux 3. A noter l'arrivée de justesse de 2 parlementaires de la Kadima, l'ancien parti d'Ariel Sharon (de justesse car après les premières estimations, il n'y en avait aucun). Une de ses scissions, le nouveau parti de Tzipi Livni obtient 6 sièges. Les centristes de la Kadima étaient arrivés en tête en 2009 avec 28 sièges mais étaient restés dans l'opposition en refusant de former une coalition avec le Likoud. En 2012, Livni avait créé son propre parti et le Likoud avait rejoint la coalition gouvernemental.

En résumé, et sans grande surprise, Benyamin Nétanyahou devrait être reconduit à la tête du gouvernement israélien même s'il semble le grand perdant de la soirée avec des scores bien en-deça des estimations. Il devrait former un gouvernement de coalition qui penchera fortement à droite. Cette situation risque bien de ne pas faire les affaires des Palestiniens. Les grands gagnants de cette élection devraient donc être les colons qui voient leur représentation accrue à la Knesset et le leader de la Maison Juive devrait avoir une belle place dans le futur gouvernement.

Billet mis à jour le 23 janvier à 8h40 avec les résultats définitifs à 99%.

mardi 22 janvier 2013

Ces assistés qui vivent sur le dos des travailleurs

Ce matin à on réveil, j'ai eu l'occasion d'entendre l'excellent billet politique d'Hubert Huertas sur France Culture. Si le billet prend pour point de départ le plan contre la pauvreté, il célèbre la fin de la fin de la mise au ban des assistés et le retour en grâce de l'assistance, c'est sa conclusion qui m'a particulièrement plu.

On y apprend que l'Ecole de Management de Strasbourg a réalisé une étude sur les salaires des 132 patrons des plus grandes entreprises françaises. Cette étude a permis de mettre en valeur 3 points :
  1. Il n’existe pas de corrélation entre la rémunération des PDG et les performances financières de leurs entreprises.
  2. Le fait qu’une entreprise crée en interne un Comité des Rémunérations a plutôt pour effet de faire monter le salaire des dirigeants.
  3. La présence d’administrateurs indépendants au CA de l’entreprise ne garantit aucunement une modération du salaire du PDG.
Alors, pour reprendre Hubert Huerta : "d'ici à ce que l'UMP décrète que tous les patrons vivent sur le dos de la bête, il n'y a pas des kilomètres".

lundi 21 janvier 2013

50ème anniversaire du Traité de l'Élysée #Élysée50

Il y a 50 ans, le 22 janvier 1963, le président Charles de Gaulle recevait à l'Élysée le chancelier allemand Konrad Adenauer pour signer le traité de l'Élysée. 18 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, ce traité n'est pas le premier acte du rapprochement franco-allemand. Le 18 avril 1951, la France et l'Allemagne de l'Ouest, avec également l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, ont signé le traité fondateur de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA), le traité de Paris. Le 25 mars 1957, les 6 mêmes pays ont signé le traité de Rome, dit aussi le traité de la Communauté Économique Européenne (CEE). Ces deux traités ont permis la fondation d'une communauté économique entre pays européens. Dès le traité de Paris, l'objectif était de créer les conditions d'une croissance économique et industrielle entre la France et l'Allemagne pour garantir la paix entre les deux pays. Ces deux traités sont majoritairement des traités économiques (avec un léger versant politique), il manquait donc une véritable politique de rapprochement des peuples franco-allemands, ce sera l'objectif du traité de l'Élysée.

D'après Wikipedia : "Le traité de l'Élysée fixe les objectifs d'une coopération accrue entre l'Allemagne et la France dans les domaines des relations internationales, de la défense et de l’éducation. Sur le plan politique, il établit un programme pour l'organisation de sommets militaires ou inter-gouvernementaux, afin de soutenir une coopération dans de nombreux domaines, au nombre desquels les Affaires Étrangères et la Défense." A l'issue de la signature du traité, de Gaulle et Adenauer font une déclaration commune disant entre autre qu'ils sont "convaincus que la réconciliation du peuple allemand et du peuple français, mettant fin à une rivalité séculaire, constitue un événement historique qui transforme profondément les relations entre les deux peuples."

A posteriori, ce traité a été bien plus bénéfique sur le plan éducatif et culturel que sur le plan politique. Le coté politique a été mis de coté sous la pression de l'Angleterre et surtout des USA mais pour les 40 ans du traité, il a été décidé que 2 fois par an se tiendront des conseils de ministres franco-allemands. En revanche des actions et des résultats significatifs ont été obtenus sur le plan éducatif et culturel.

La principale réussite est sûrement la création de l'OFAJ (Organisme Franco-Allemand pour la Jeunesse). L'OFAJ prône et aide l'apprentissage précoce de la langue allemande (en France) et française (en Allemagne), aide à la formation professionnelle en favorisant la mobilité dans les entreprises du pays voisin, et aide à diffuser la culture entre les pays voisins en mettant par exemple en contact des acteurs du monde de la culture avec des jeunes ou des professionnels du pays voisin. Depuis sa création en juillet 1963, cet office a subventionné 250 00 rencontres et a agit avec près de 7,5 millions de jeunes allemands et français. Pour découvrir un plus l'OFAJ, je vous invite à visiter ce magnifique site retraçant les 50 ans de l'organisme.

Autre résultat de cet accord, la mise en avant de l'apprentissage de la langue française ou allemande à l'école. Aujourd'hui, 20% des élèves allemands apprennent le français et 15,3% des élèves français apprennent l'allemand. L'allemand est la 3ème langue vivante enseignée en France et le français est la 2ème langue vivante enseignée en Allemagne. La proximité géographique aide à l'apprentissage, mais ce n'est pas la seule raison puisque l'italien en France ou le polonais en Allemagne par exemple ne sont pas à cette place. Toujours dans le domaine de l'éducation, suite au traité de l'Élysée 2 lycées franco-allemand existent en Allemagne et un en France. En 1999, un réseau d'universités françaises et allemandes a été créé.

Ce traité, sûrement un peu moins célèbre que ses deux aînés, est donc une brique fondamentale dans la construction de la paix en Europe grâce à une meilleure connaissance de son voisin. Je salue donc l'initiative des deux présidents de l'époque et je salue avec plaisir les résultats obtenus depuis, y compris les nombreuses manifestations organisées en Allemagne et en France pour fêter ce demi-siècle de coopération culturelle.

Enfin, voici une infographie réalisée pour l'occasion montrant ce lien si particulier et surement inimaginable il y a 50 ans :

vendredi 18 janvier 2013

Des sénateurs toujours aussi rétrogrades

Jeudi au Sénat s'est tenu une discussion animée et intéressante sur comment réformer le scrutin des élections cantonales pour que les élus reflètent au mieux les différences démographiques. De plus, les élections cantonales et leurs conseillers généraux qui y sont élus sont sûrement les plus mauvais exemples de parité en France. Seules 13% de femmes sont élues conseillères générales et 2 départements ont même réussi le pari de n'en compter aucune dans leur assemblée ! Le législateur avait donc deux bonnes raisons de s'attaquer à la réforme du mode de scrutin aux élections cantonales. La solution trouvée fut de diminuer par 2 le nombre de cantons mais d'élire dans chaque canton un ticket constitué obligatoirement d'une femme et d'un homme.

Ce jeudi 17 novembre, nos chers sénateurs et nos rares sénatrices ont donc débattu de cette proposition. Hélas sans trop de surprises, nous avons eu le droit à un festival de propos désobligeant sur les femmes, ce qui a légitimement énervé certaines sénatrices, dont la sénatrice socialiste de l'Oise Laurence Rossignol. Voici un petit florilège de basses déclarations entendues à la Haute Assemblée :

Eric Doligé (UDI) : "Nous avons tous deux eu le réflexe d'observer la composition du tribunal de grande instance : sur dix-huit magistrats, il y avait quinze femmes et trois hommes ! Et cette tendance ne fait qu'augmenter d'année en année. En clair, dans deux ou trois ans, nous aurons, en guise de parité, 100 % de femmes et 0 % d'hommes !
Vous le voyez, il y a beaucoup de structures dans lesquelles nous ne parvenons plus à appliquer la parité. Ce n'est donc pas la peine de voter une loi au Parlement pour l'imposer, quand on voit ce qui se passe dans nombre de secteurs importants de la société.
"

Philippe Bas (UMP) : "Mais la Constitution a été révisée dans des termes mesurés : la loi favorise – je dis bien « favorise », et non « impose » – l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives."

Jean-Claude Lenoir (UMP) : "C'est une obsession, la parité !"

Christophe Béchu (UMP) : "Demandez plutôt la parité dans le mariage !"

Hervé Maurey (UDI) : "Lorsque, sur le terrain, on explique à un élu ou à nos concitoyens que, au lieu d'avoir, comme c'est le cas aujourd'hui, un conseiller général, on aura, demain, un conseiller départemental et, en prime, une conseillère départementale, ils sont absolument interloqués et ne comprennent pas la logique de la chose."

Hervé Maurey : "Mais que l'on se batte pour que, dans une assemblée départementale, il y ait autant d'hommes que de femmes, c'est au mieux du gadget, pour ne pas dire davantage."

Hervé Maurey : "[la parité] peut conduire à une dévalorisation du rôle des femmes élues, par une répartition des tâches qui serait à leur désavantage. Le conseiller assistera ainsi aux séances du conseil général et au conseil d'administration de tel organisme, tandis que la conseillère participera aux banquets des anciens et fera du social."

André Reichardt (UMP) : "Permettez-moi de penser que, même si la parité est un souci légitime, elle ne doit pas devenir précisément une obsession."
 
André Reichardt : "Je le répète, l'obsession de la parité, même si cette dernière constitue un souci légitime, ne doit pas prévaloir, surtout quand elle est porteuse de difficultés pour le fonctionnement futur de nos institutions."

Gérard Longuet (UMP) : "Nous qui connaissons la vie provinciale, nous savons bien que, aussi discrètes que soient les femmes de province, ce sont elles qui gèrent les maisons et les budgets et qui donnent les grandes indications à leurs conjoints."

Voila un rapide aperçu de la façon dont certains sénateurs imaginent les femmes en politique. Elle sont bonnes pour conseiller leur mari après leur avoir préparer un bon repas mais elles risquent de mettre à mal le fonctionnement des institutions républicaines. Et pourquoi se battre pour la parité puisque dans certains domaines les femmes sont trop représentées ? 

Merci messieurs pour cette belle caricature du sénateur totalement hors sol.

jeudi 17 janvier 2013

Au Mali ma liberté

Cela fait 5 jours que l'armée française est en action dans le nord du Mali. Jusqu'à ce mercredi, il s'agissait de la seule force armée étrangère à se battre sur le territoire malien. Si le déclenchement des hostilités par la France a pu sembler être décidé à l'improviste, cela fait de nombreux mois que la situation inquiète la diplomatie française. Petit flashback :

Le 21 mars 2012, un putsch militaire destitue le président malien Amadou Toumani Touré. L'ONU et la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) condamne ce coup d'état. Pendant que le capitaine de l'armée Amadou Sanogo prend le pouvoir, des touaregs aidés par des groupes islamistes, eux aussi en conflit avec l'état malien, prennent le contrôle de la moitié nord du Mali. L'ONG Human Rights Watch évoque des crimes de guerre perpétrés par les rebelles dans la région.

Le 10 avril, sous la pression de la Cédéao, le capitaine Sanogo cède son pouvoir au président de l'assemblée nationale malienne, Dioncounda Traoré.

En juillet, alors que la situation au Mali s'aggrave, une solution est recherchée sans la France mais avec les voisins africains pour essayer de remettre en ordre le sud du pays après les putschs ratés avant d'envisager une action contre le nord séparatiste. La discussion est prônée et une solution envisagée est la séparation entre le nord et le sud.

En septembre, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, soutient la demande de résolution du Mali à l'ONU. En revanche, il est opposé à l'envoi de troupes françaises mais milite pour une intervention menée uniquement par les pays d'Afrique de l'Ouest.

En octobre, l'ONU a voté une résolution pour une action militaire au Mali. La ligne française est toujours de ne pas envoyer de troupes au sol mais d'aider les pays africains et surtout le Mali à renforcer le pouvoir démocratique.

Fin novembre, le premier ministre malien Cheick Modibo Diarra est à Paris pour présenter la feuille de route d'un processus pacifique. Il est prévu de mettre en avant les discussions au sein de l'assemblée nationale malienne et d'ouvrir en parallèle des discussions entre les touaregs et les représentants de l'état malien.

Le 17 décembre, Laurent Fabius a fait un point avec le ministre des Affaires étrangères malien. Toujours à l'ordre du jour une solution démocratique avec la constitution d'un nouveau gouvernement, l'ouverture de discussions avec les touaregs indépendantistes et le rappel du besoin d'avoir une armée contrôlée par le pouvoir civil (et non l'inverse).

Le 20 décembre, l'ONU vote une résolution "autorisant pour une période initiale d’un an" le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) "afin de rétablir la souveraineté malienne sur l’ensemble du territoire". Cette résolution demande la mise en place des négociations crédibles avec les séparatistes exceptés les 2 organisations terroristes (AQMI et MUJAO). Suite à cette résolution, le premier ministre malien Diango Cissoko a réalisé une tournée dans les pays d'Afrique de l'ouest afin de mettre en place le plus rapidement possible cette force armée africaine.

Le 10 janvier, alors que les combats s'intensifient dans le centre du Mali et donc élargissent la zone de rébellion jusque là confinée au nord du pays, le président malien appelle solennellement à l'aide la France.

Le 11 janvier, François Hollande s'adresse aux Français pour annoncer que l'armée française avait commencé à agir au Mali.

Depuis, une certaine unanimité s'est faite autour de cette décision à l'exception de quelques irréductibles, principalement à gauche du PS. Si la principale critique est un retour de l'impérialisme français, j'espère que ce résumé des précédents mois a pu montré que nous en sommes loin. Je n'ai pas l'impression que nous entrions dans une phase identique à la celle de la guerre en Afghanistan. Surtout qu'aujourd'hui François Hollande a rappelé que les militaires français n'avaient pas pour mission de rester plus de 4 mois. Si par malheur la mission française n'était pas terminée au bout de ces 4 mois, la suite des opérations sera débattu au parlement français. En attendant, on annonce l'arrivée de 2000 militaires africains d'ici 10 jours ainsi que l'aide des touaregs séparatistes pour combattre les terroristes islamistes.

Je ne crois pas à une guerre contre le terrorisme mais je crois à cette mission militaire ciblée contre des groupes terroristes. Je suis de nature pacifiste mais tant que nous maintiendrons une armée de métier dans notre pays, je préfère qu'elle soit utilisée pour venir en aide aux pays qui en ont besoin et qui le demandent expressément. Pour le moment donc, je soutiens pleinement cette action militaire française.

lundi 14 janvier 2013

Alors cet accord pour un nouveau modèle économique et social ?

Vendredi dernier, peu de temps avant la fin du délai imparti pour la négociation, 3 syndicats d'employés (dont mon syndicat la CFDT, avec la CGC et la CFTC) et le MEDEF ont signé l'accord national interprofessionnel pour un nouveau modèle économique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l'emploi et des parcours professionnels des salariés.

A la lecture du texte de l'accord, j'y ai trouvé de nombreux points positifs. Tout d'abord, la taxation des contrats courts, ces CDD de moins de 3 mois, afin d'encourager les entreprises à offrir plus de sécurité aux employés. Pour continuer l'incitation à la signature de contrat à durée indéterminée, les entreprises embauchant en CDI des jeunes de moins de 26 ans auront une exonération des cotisations patronales d'assurance chômage pour les 3 premiers mois qui suivent la fin de la période d'essai du jeune employé. Seul point d'ombre sur le sujet, les contrats d'interim sont exonérés de la majoration des cotisations.

Deuxième point positif de l'accord, la généralisation de la couverture par une complémentaire santé de tous les salariés. Certes cela va encore une fois favoriser les entreprises privées qui s'enrichissent sur la santé des salariés mais aujourd'hui et vu l'état des finances de la Sécurité Sociale, j'ai tout de même l'impression que cette solution va principalement dans l'intérêt du salarié.

Troisième point, le nouvel encadrement du travail au temps partiel. La durée minimale d'activité hebdomadaire passe de 20h à 24h avec des dérogations pour les jeunes qui ont un emploi en parallèle de leurs études ou pour les personnes qui chercheraient un emploi en complément de leur premier emploi à temps partiel. En plus, dès la première heure supplémentaire de la durée d'activité hebdomadaire, la rémunération horaire sera augmentée de 10 à 25%.

En plus de ces 3 points principaux, je pense que l'on peut aussi se féliciter d'accords sur la formation avec l'amélioration du compte personnel de formation pour qu'il puisse suivre le salarié tout au long de sa vie active, sans le pénaliser en cas de changement d'employeur. Toujours dans la formation, l'assouplissement de l'accès au Congé Individuel de Formation (CIF) pour les jeunes de moins de 30 ans en CDD. Enfin, dernière bonne nouvelle, une prime de 1000€ viendra aider les personnes en contrat de sécurisation professionnel.

Pour finir, et car j'ai bien conscience que mon point de vue est loin d'être partagé, je vous invite à lire le billet complet de Gérard Filoche qui explique avec de nombreux détails pourquoi il est contre cet accord. 

Personnellement, je reste convaincu que nous avons assisté à quelque chose d'assez exceptionnel.  Cette négociation a réuni différentes parties qui n'avaient pas les mêmes objectifs. Le simple fait de la tenue de cette négociation a marqué une grande avancée pour la démocratie sociale, et un tournant dans la façon d'aborder les réformes sur le monde de l'entreprise. Le fait que cette négociation ait abouti à un accord signé par la majorité des participants, mais pas l'unanimité, est aussi un grand pas en avant. Il restera toujours des déceptions, mais si l'avis de chacun n'avait pas été écouté et si certains points qui ne figurent pas dans l'accord étaient ajoutés hors négociations, alors cette négociation n'aurait servi à rien, les différentes organisations syndicales perdraient confiance dans la politique du gouvernement et l'on reviendrait au quinquennat précédent où les syndicats de salariés étaient à peine consultés et jamais écoutés.