Illustration de JM:o en août 2013 |
Le Sénat vit surement ses derniers jours à gauche avant une
nouvelle alternance prévisible au vu des défaites locales de la Gauche aux
dernières municipales. Ça ne l'empêche pas de continuer à agir pour le bien de
la Gauche (fort heureusement) en osant aller plus loin que les attentes du
gouvernement. C’est ce qui ressort de la commission des lois du Sénat qui va
proposer aux sénatrices et sénateurs une réforme pénale plus
importante que celle votée par les députés le 10 juin dernier.
Nos sénateurs de la commission des lois ont du provoquer
quelques malaises à droite. Le Figaro n’a pas trainé considérant qu’il s’agit d’une
contre-attaque de la gauche anti-prison. Il est vrai que si Christiane Taubira avait
accepté de mettre de l’eau dans son vin lors des débats à l’Assemblée Nationale
par solidarité gouvernementale, les sénateurs font une nouvelle fois fi de
cette solidarité gouvernementale et proposent donc un texte énergique.
Tout commence avec la volonté de donner dès à présent ses
lettres de noblesse à la « contrainte pénale », sanction créée par la
réforme Taubira. Dans le texte amendé par les sénateurs, la contrainte pénale
devient une peine à part entière et se substitue à la prison pour les cas de "vol,
de recel de vol, de filouterie, de dégradation, d'usage de stupéfiants et de
certains délits routiers". Dans l’esprit du respect des victimes qui est
également un des piliers de la réforme pénale, la contrainte pénale ne pourra
pas être applicable pour les atteintes à la personne ou dans les cas de
discriminations.
Les sénateurs continuent en reprenant le flambeau de
certains de leurs collègues députés qui ont échoué à faire abolir les deux
dernières tâches des réformes judiciaires de Nicolas Sarkozy : les
tribunaux correctionnels pour mineurs et la rétention de sûreté. La rétention
de sûreté se transformerait en « surveillance de sûreté ». Cette
surveillance de sûreté n’impliquerait plus une prolongation de privation de
libertés pour les détenus ayant terminé leur peine mais étant toujours
considérés comme dangereux mais comme une mesure de suivi socio judiciaire. Ces
personnes étant tout de même toujours considérées comme étant une population à
risque, la surveillance de sûreté peut provoquer une nouvelle peine d’emprisonnement
si l’ancien détenu ne respecte par les obligations relatives à sa surveillance.
« Art. 706-53-20. - La violation de ses obligations par la personne placée sous surveillance de sûreté est punie de sept ans d'emprisonnement.« Constitue notamment une méconnaissance par la personne sous surveillance de sûreté des obligations qui lui sont imposées, le fait pour celle-ci de refuser de commencer ou de poursuivre le traitement prescrit par le médecin traitant et qui lui a été proposé dans le cadre d'une injonction de soins. »
Dernière grande modification voulue par les sénateurs,
permettre l’aménagement des peines inférieures ou égales à deux ans de prisons
même en cas de récidive. A l’Assemblée Nationale, le rapporteur du projet de
loi avait accepté de suivre les recommandations du gouvernement et de baisser
la limite aux peines inférieures ou égales à un an. Cette disposition devrait
provoquer l’ire de la droite à en croire une journaliste du Figaro qui
considère que cet amendement est tel qu’"après quoi, les
suppressions des tribunaux correctionnels pour mineurs et de la rétention de
sûreté feront à peine bondir les détracteurs de la loi Taubira" !
Ce nouveau texte, s’il est voté tel quel par les sénateurs,
nous promet de beaux débats en commission mixte paritaire avant son nouveau
passage à l’Assemblée Nationale. J’espérais que les sénateurs ne détricotent
pas la réforme pénale dans le mauvais sens. Ils proposent plus d’avancées,
allant plus loin encore que les amendements des écologistes et des socialistes rejetés
à l’Assemblée Nationale. Les débats au Sénat sont prévus du 24 au 27 juin.
On nous a expliqué que la suppression des peines plancher était pour rétablir l'individualisation des peines. La commission du sénat rend obligatoire la contrainte pénale pour les atteintes aux biens. Super contradiction :
RépondreSupprimer"Dans l’esprit du respect des victimes qui est également un des piliers de la réforme pénale, la contrainte pénale ne pourra pas être applicable pour les atteintes à la personne ou dans les cas de discriminations."
Donc pour vous les victimes de vols ne sont pas dignes de respect et par ailleurs pourquoi la discrimination serait plus grave que la dégradation d'un outil de travail qui permet à la personne de vivre ? On voit bien que le respect des victimes n'est en aucun cas un pilier de cette réforme. D'ailleurs contrairement à ce que vous dites les agressions sexuelles sont bel et bien incluse dans les délits passibles de contrainte pénale.