mercredi 22 octobre 2014

Construisons une maison commune des forces de progrès

Cambadélis et Bennahmias au lancement du Front Démocrate
Photo de Bruno Levy
Manuel Valls s'offre une nouvelle sortie remarquée dans le Nouvel Obs ce jeudi. Il ressort son habituelle ritournelle du besoin de changer le nom du PS et explique qu'il souhaite "bâtir une maison commune" de "toutes les forces progressistes". Evidemment, comme à chaque fois, il s'attire les critiques de ses opposants habituels au sein du PS, qui ne retiendront que le souhait de changer de nom son parti alors qu'il est surement plus intéressant de s'intéresser à cette nouvelle maison commune.

Manuel Valls n'est pas le seul à vouloir regrouper les "forces progressistes", par opposition aux forces conservatrices de nos amis de l'opposition de droite. Robert Hue, dans son intéressant dernier ouvrage "Les partis vont mourir... et ils ne le savent pas", explique qu'il appelle de ses voeux à sortir des directions pyramidales des partis pour créer des mouvements plus libres, plus proches des citoyens. Il explique cela en se basant sur son expérience personnelle à la tête du PCF et avec la création de son Mouvement Unitaire Progessiste (allié du PS aux présidentielles, législatives et municipales). Jean-Luc Bennahmias, avec son nouveau Front Démocrate, cherche à créer la même dynamique. Je ne peux qu'être d'accord avec eux. La Gauche ne réussit (à gagner des élections ou à gouverner sereinement) que lorsqu'elle est unie. Au contraire, et logiquement, elle perd quand elle part en ordre dispersée. Ce n'est pas la peine de rappeler le nombre de candidats de gauche le matin du 21 avril 2002 et le nombre de candidats de gauche qualifié le soir même, ni même la peine de rappeler les déconvenues, les mauvais stress, et les gueules de bois de lendemain de municipales là où les forces progressistes comme on les appelle aujourd'hui se sont affrontées. On peut toujours faire le pari du rassemblement à la veille du second tour, à condition de gagner le pari de passer le premier tour.

Sans remettre en cause le débat d'idées, il peut être salutaire de retrouver un mouvement commun qui rassemblerait Europe Ecologie-Les Verts, le Parti Socialiste, le Parti Communiste, le Mouvement Républicain et Citoyen, le Parti Radical de Gauche, Nouvelle Donne et où tous se retrouveraient autour d'un socle d'idées communes, toutes axées autour de la notion de progrès pour tous les citoyens.
Comme le préconise Robert Hue, ce mouvement progressiste ne doit pas être l'exclusive propriété des partis politiques et doit aussi accueillir les syndicats et les associations se battant pour les mêmes objectifs. Aujourd'hui, le PS comme ses alliés de gauche pratique déjà l'ouverture (comme avec Edouard Martin pour les municipales). Hélas cette ouverture ne se retrouve que trop rarement dans le processus d'élaboration programmatique et encore plus dommageable, ces ouvertures font toujours du tumulte en interne (et donc également à l'extérieur) car cela fait toujours tant de places en moins pour les militants souhaitant quelques sièges.

C'est là où les initiatives de Bennahmias et Hue sont intéressantes. En se positionnant en dehors du spectre des partis, ils appellent à la concertation et au travail en commun pour réussir à élaborer une base commune, des fondations nécessaires à la "maison commune des forces progressistes". On retrouve l'idée du programme commun de François Mitterrand, on retrouve l'idée de base de la Gauche Plurielle de Lionel Jospin (avec Robert Hue d'ailleurs). L'avantage et l'inconvénient d'une maison des progressistes est de gommer l'évocation à la Gauche. C'est un avantage qui permet de toucher un plus large horizon de Français, en acceuillant ceux du Centre qui ne se retrouve pas dans les positions de leur allié UMP, en s'ouvrant aux syndicats et aux associations qui veulent faire avancer mais qui ne veulent pas être affilier à un parti ou à un autre. Ca a l'énorme inconvénient de froisser une partie de la gauche de la gauche, toujours prête à un procès de gauchitude. 
Remarquons que ce que Jean-Luc Mélenchon essaye de créer (et de s'accaparer) avec son Mouvement pour la 6ème République suit exactement le même chemin : fin de l'étiquette de gauche dans le nom, mouvement officiellement au-dessus des partis (même si pour le moment il semble noyauter par le PG) pour un rassemblement de personnes le plus large possible et au delà des traditionnelles étiquettes.

Benoît Hamon et Martine Aubry critiquent d'une même voix le gouvernement pour prendre position sur l'échiquier de la Gauche et être vu en tant que possible recours. Mais à force de hurler à la mise à mort de la gauche, ils doivent faire attention à ne pas en devenir les bourreaux. Quel message peuvent-ils passer quand ils s'insurgent contre un gouvernement qui met en place une transition énergétique bien plus ambitieuse que tout grenelle environnemental, qui met en place les actions de groupe pour le bien de tous, ou qui s'est battu pour un véritable mariage pour tous. Les postures sont habituelles au sein du PS et les militants ont appris à faire avec (depuis la nuit des temps et les débats pour ou non la participation au gouvernement). En revanche à l'heure de la transparence des débats grâce aux numériques et à l'info en continue, cela perturbe l'image de l'action du gouvernement ET du PS.

Dans ce climat de critique permanente du gouvernement et plus spécialement du Premier Ministre, les détracteurs de gauche n'écoutent plus les propos de Manuel Valls. Avec cette volonté répétée d'ouverture à toutes les forces progressistes, ce que propose Valls est dans la droite lignée du Cartel des Gauches d'Edouard Herriot, du Front Populaire de Léon Blum, de l'Union de la Gauche de François Mitterrand et de la Gauche Plurielle de Lionel Jospin. Pour toutes ces unions, jamais il n'y a eu d'accord à 100% sur tout un programme de gouvernement, en revanche il y a toujours eu assez de compromis autour d'un socle commun de gouvernement. Pour que l'avenir continue à être synonyme de progrès, c'est un nouveau socle à construire et cette "maison commune de toutes les forces progressistes" peut en être le QG.

2 commentaires:

  1. Ah ben on est d'accord sur ce coup ! Sauf s'ils prennent un plug anal comme emblème.

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    1. Ca pourrait être drôle, un mélange culture-politique.

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