vendredi 13 juillet 2012

Sous le soleil de Palestine (9) : l'aéroport

Un voyage en Palestine est une expérience fabuleuse et une aventure qui débute dès l'aéroport. Avant le départ, le voyageur est immédiatement mis dans l'ambiance avant même de s'être enregistré.

A mon arrivée à Roissy Charles-de-Gaulle, la zone d'enregistrement d'El Al, la compagnie d'aviation nationale israélienne, est protégée par des militaires français en arme qui nous demande de présenter la preuve de notre réservation. Ensuite, une file d'attente se forme devant des petits comptoirs, non pas pour enregistrer les passagers mais pour les passer par la phase interrogatoire.
Après les questions habituelles, "Voyagez-vous avec des armes, des explosifs ?", "Une tierce personne a-t-elle participé à l'élaboration de vos bagages ?", "Ces bagages ont-ils toujours été sous surveillance ?", nous avons le droit à des questions plus originales. On a le droit à des questions sur notre voyage "Pourquoi allez-vous en Israël ?", "Combien de fois êtes-vous venus dans le pays ?", "Qu'allez-vous y faire ?", "Allez-vous rencontrer des gens sur place ?", des questions d'ordres personnelles, voire très personnelles (je voyageais avec ma compagne) "Quel est le lien entre vous ?", "Comment vous êtes vous rencontré ?", "Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ?". Toutes ces questions se font pendant que la personne vérifie que l'on est bien sur sa liste, vérifie nos passeports, contrôle mon passeport avec ma carte d'identité (mon aspect musulman d'apparence salafiste comme certains le prétendent ne doit pas m'aider). En fonction de nos réponses, une étiquette avec une lettre est apposée sur nos bagages et dans notre passeport en vue des futurs contrôles sur le sol israélien.
Cette démarche est unique à ma connaissance et peu scrupuleuse de la vie privée des voyageurs à un tel point que le Danemark refuse que ces contrôles de sécurité soient réalisés sur son territoire par du personnel de sécurité israélien (aussi bien pour le compte de la compagnie El Al que pour toute autre compagnie ayant pour destination Israël).

A mon arrivée sur le territoire israélien, je suppose que mes précédentes réponses ont suffit pour me faire passer pour le bon touriste qui ne veut pas d'histoire puisque je n'ai pas eu d'autres contrôles. Ce n'est pas le cas pour tout le monde. L'histoire d'un ami de ma soeur, déjà relaté sur ce blog en janvier 2011 me laisse toujours sans voix. L'histoire de ce citoyen anglais interdit d'entrée en Israël pendant 7 ans car il se rendait trop régulièrement en Cisjordanie se lit dans ce billet.

Dans le sens du retour, la situation est encore plus incroyable. Durant deux semaines, je logeais à Ramallah. Je réserve donc un taxi pour me conduire du centre de Ramallah à l'aéroport de Tel Aviv. Première chose, impossible de faire appel à un taxi de Ramallah, les chauffeurs ayant le droit de sortir de Palestine sont rares et ceux qui le peuvent ont l'interdiction d'entrer dans l'enceinte de l'aéroport !!! Je suis donc obliger de faire appel à un taxi de Jerusalem.
Dans le taxi, à l'approche de l'aéroport, j'ai le droit au briefing de mon chauffeur. Les militaires israéliens me poseront des questions au checkpoint à l'entrée de l'aéroport (ou plus exactement à la sortie de l'autoroute). Je vais devoir leur mentir et leur dire que j'ai pris mon taxi à Jerusalem. Si ils veulent plus de précisions, je dois dire qu'il m'a pris à l'entrée de la vieille ville, à Jaffa Gate (malin, ce n'est pas l'entrée qui donne sur Jerusalem Est). Je ne dois pas prononcer le mot de Ramallah sous peine d'avoir des contrôles bien plus poussés. Je suis réellement touriste, le chauffeur de taxi est heureux, je ne devrais pas mentir sur ce point. Lors de ce contrôle, on me demandera également de vérifier avec un militaire le contenu du coffre du taxi pour prouver qu'il ne s'y trouve que mes bagages ! Le matin même, une journaliste danoise amie de ma soeur a refusé de mentir et à donc dit qu'elle venait de Ramallah. Elle et son taxi auront été immobilisé durant 40 minutes...

Une fois dans l'aéroport, nouveau contrôle avec les mêmes questions qu'à l'aller à Paris. Ensuite, nos bagages destinés à la soute sont passés aux rayons X. Si nos réponses, le résultat des rayons X ou simplement notre profil ne leur convient pas, alors on peut nous demander d'ouvrir nos sacs. Cette année, tout s'est bien passé. Lors de ma précédente venue, j'avais du ouvrir mon sac. Ils avaient sorti plusieurs affaires, passer leur chiffon détecteur de poudres explosives tout en continuant à me poser des questions. Ambiance assez tendue... Dans certains cas, on peut vous interdire d'embarquer avec des bagages à main et donc de les enregistrer avec le reste des bagages. Dans le pire des cas, tous ces contrôles peuvent vous faire rater votre vol (j'étais venu avec 4h d'avance). Dans ce cas, on vous prévoit gentiment une place dans le prochain vol de la compagnie que vous deviez emprunter... quelque soit sa destination. Des personnes quittant Ramallah pour Paris se sont ainsi retrouvées à Istanbul, le reste de leur trajet étant à leur charge...

Voyager vers ou depuis l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv est donc toujours une aventure. Il aurait pu être plus simple de choir la solution Palestinienne est d’atterrir à l'aéroport de Jerusalem Est. Mais cet aéroport est fermé depuis longtemps (1967 ?). Aujourd'hui, le Mur de Séparation le traverse. On peut encore voir la tour de contrôle d'un coté et le tarmac de l'autre.

6 commentaires:

  1. Bizarrement ce n'est pas étonnant du tout. En tout cas merci bien pour ce petit récit.
    Je pars pour Jerusalem la semaine prochaine rejoindre ma soeur du coté de Jerusalem Est. Aurais-tu quelques conseils à me donner (à l'aéroport, au niveau du séjour) ?

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    1. Pour l'aéroport, ne pas mentir, mais en dire le moins possible. Bien dire que tu fais du tourisme, peut être omettre de dire que tu connais quelqu'un à Jerusalem Est.
      Au niveau du séjour, rien de particulier, profite, observe, apprécie, c'est une région merveilleuse !

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