lundi 19 novembre 2012

Le gros couac de l'UMP

Il y a 4 ans, le PS montrait au grand jour ses problèmes internes avec 2 candidates au poste de 1ère secrétaire contestant les résultats du vote. A l’époque du tristement célèbre Congrès de Reims, de nombreux UMP se sont ouvertement moqués de l’organisation et de l’image socialiste qui en découlait. Petit florilège issu d’un article du Monde du 23 novembre 2008 et d’une compilation publiée aujourd’hui dans Rue89:
  • Patrick Devedjian : "L'opposition, c'est aussi le visage de la France, et l'image est là tout à fait désastreuse"
  • Jean-François Copé : Le PS d'aujourd'hui "c'est la droite d'il y a dix ans. On avait des querelles de chef absolument à tous les étages et on avait pas de projet politique. On n'assumait rien et on passait notre temps à nous détruire"
  • Frédéric Lefebvre : “le PS a implosé"
  • Chantal Brunel : "la situation est suffisamment grave pour que le Parti socialiste s'interroge sur sa crédibilité en tant que premier parti d'opposition"
  • Jean-Marie Bockel : “l'aboutissement tragique d'un processus de désagrégation que je vois venir depuis dix ans”
  • Xavier Bertrand : “Je pense que ce week-end, les socialistes se sont encore davantage éloignés des Français. Il y a une crise de confiance terrible entre socialistes et la crise de confiance est encore plus profonde entre les socialistes et les Français.
  • Edouard Balladur : “Je suis un peu consterné du spectacle que donne le PS parce que c’est l’un des deux grands partis gouvernementaux qu’a la France, qui a vocation à gouverner un jour. [...] Pour gouverner, il faut avoir des idées claires, et des équipes qui s’entendent. Il faut savoir qui on est et ce qu’on veut. Le Parti socialiste ne sait pas qui il est ni ce qu’il veut, ni à qui il veut confier le soin de le diriger”
  • Yves Jego : “On peut toujours rafistoler la façade... La famille socialiste est confrontée à une situation qui peut aboutir à une scission entre social-libéralisme et néomarxisme.
Les congrès de l’opposition se suivent et se ressemblent. Sauf que le principal parti d’opposition d’hier est le parti au pouvoir d’aujourd’hui. Cette compilation de déclarations prête à sourire mais aussi à la plus grande vigilance car rien n’indique que cela ne se reproduira pas dans quelques années au Parti Socialiste ou dans un autre parti.

Le plus surprenant est que toutes ces déclarations peuvent s’appliquer à l’UMP d’aujourd’hui, y compris (surtout ?) la déclaration d’Yves Jego sur la scission à venir du parti. Depuis quelques temps les centristes ont fuit le parti majoritaire pour créer leur propre parti d’union (un peu comme les Mélenchonistes après le congrès socialiste) et on peut s’interroger sur les liens entre les tenants d’une droite dure (celle qui a marqué la fin du quinquennat de Sarkozy) et les gaullistes historiques. Si Jean-François Copé et François Fillon attendent avec plus ou moins d’élégance la désignation du vainqueur, nous savons déjà qui a remporté la première bataille des idées avec les résultats du vote sur les motions :
  1. la Droite forte de Geoffroy Didier et de Guillaume Peltier qui arrive en tête avec 13 336 bulletins (27,1 % des voix).
  2. la Droite sociale de Laurent Wauquiez (soutien de François Fillon) recueille 10 797 voix (21,5 %) ;
  3. la France moderne et humaniste de Jean-Pierre Raffarin et Luc Chatel (soutiens de Jean-François Copé) obtient 8 751 votes (17,8 %) ;
  4. les Gaullistes en mouvement de Michèle Alliot-Marie recueille 6 693 voix (13,6 %). S
  5. la Boîte à idées lancée par Maël de Calan, Matthieu Schlesinger, Pierre-Emmanuel Thiard et Enguerrand Delannoy avec 5 243 voix (10,6 %)
  6. la Droite populaire de Thierry Mariani avec 4 490 voix (9,1 %).

On a donc l’agréable surprise de voir les très réactionnaires de la Droite Populaire se prendre une belle défaite avec uniquement 9,1% des voix, surprise atténuée par la victoire de leur copie quasi-conforme, la Droite Forte. En sommant leurs voix, 36,1% des militants UMP se reconnaissent dans un courant bien ancré à droite et qui n’a pas honte de reprendre certains thèmes chers au FN. Preuve s’il en fallait de la présence d’au moins deux camps aux idéologies bien distinctes, le député Yannick Favennec a démissionné de la présidence de la fédération de Mayenne suite au bon score de la Droite Forte dans son département.

La question qui va se poser pour les années à venir est la direction que va prendre l’UMP et ce quel que soit son dirigeant élu. La Droite Forte / Populaire va-t-elle réussir à faire fleurir les idées trop à droite de Patrick Buisson et de Guillaume Peltier ? Si La Droite Sociale s’allie avec les Gaullistes de MAM, vont-ils trouver d’autres soutiens pour être la principale force à l’UMP et lui redonner un cadre politique plus respectueux de tous ?
En attendant, si l'UMP peut s'estimer heureux de ne pas avoir de grandes échéances électorales l'an prochain (contrairement aux européennes de 2009), ils vont surement avoir un peu plus de mal à critiquer les "couacs" du gouvernement car celui-ci est pas mal dans son genre.

3 commentaires:

  1. Jean-François Copé élu président de l'UMP avec 50,03 % des voix.

    Plus de 24 heures après la fermeture des 650 bureaux de vote, et à l'issue de longues heures de délibérations, la commission interne à l'UMP chargée de l'organisation du scrutin (Cocoe) a finalement désigné M. Copé président de l'UMP, par 98 voix d'avance sur M. Fillon.

    Après que les deux camps se soient proclamés vainqueur dimanche soir, la Cocoe, chargée de valider les résultats de ce premier grand exercice de démocratie interne de l'UMP, dix ans après sa création, a travaillé toute la journée de lundi, au premier étage du siège du parti à Paris (15e), à vérifier chaque procès-verbal, département par département.

    C'est finalement à l'issue d'une ultime réunion de délibération, que, vers 22 h 40, le président de la Cocoe, Patrice Gélard a pris la parole pour proclamer les résultats officiels. M. Copé a recueilli 87 388 voix contre 87 290 voix à M. Fillon (49,97 %).

    Sitôt l'annonce faite au siège de l'UMP, les partisans de Jean-François Copé ont scandé "Copé président" et "On a gagné".

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/11/19/presidence-de-l-ump-la-cohue-regne-a-droite-en-l-attente-des-resultats-definitifs_1792705_823448.html

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    1. Merci pour l'info, elle apporte un 1er élément de réponse sur la direction que va prendre l'UMP, on s'oriente vers un cap "A droite toute !"

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  2. Mardi 20 novembre 2012 :

    Fillon : "Cette fracture est à la fois politique et morale".

    A l'issue de la proclamation des résultats de la Cocoe, l'ex-Premier ministre a pris acte lundi soir de sa défaite face à Jean-François Copé pour la présidence de l'UMP, en soulignant la "fracture à la fois politique et morale" au sein du parti, ajoutant qu'il se prononcerait sur son propre avenir "dans les jours qui viennent".

    "Je prends acte du résultat, j'aurais préféré m'en satisfaire (...) Au-delà des nombreuses irrégularités de ce scrutin que j'aurais pu contester, ce qui me frappe surtout ce soir est que la fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste, cette fracture est à la fois politique et morale. La réduire et la dépasser, tel est l'objectif que désormais je m'assigne. Je ferai connaître dans les jours qui viennent les formes que prendront mon avenir et mon engagement politique", a-t-il déclaré depuis son siège de campagne parisien du 7e arrondissement.

    UMP : "Plus jamais ça" pour Laurent Wauquiez.

    "Plus jamais ça. C'était juste médiocre", a réagi mardi Laurent Wauquiez, soutien de François Fillon, au lendemain de la campagne pour la présidence de l'UMP, qui s'est soldée par la défaite de l'ancien Premier ministre face à Jean-François Copé.

    "Je ne suis pas fier parce que le spectacle qu'on a donné au cours des deux derniers jours était au fond aussi pitoyable que grotesque", a réagi sur Radio Classique le député UMP de Haute-Loire, en dénonçant "une somme d'irrégularités (...) à faire pâlir n'importe quelle démocratie naissante".

    http://www.romandie.com/news/n/UMP_Plus_jamais_ca_pour_Laurent_Wauquiez201120120928.asp

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