jeudi 15 novembre 2012

Manuel Valls, ministre de l'intérieur de Gauche

Régulièrement quand je discute du gouvernement actuel, j'entends des « pics » qui me sont lancés sur Manuel Valls. Il faut avouer que Valls surprend dans ce gouvernement. Si la majorité des Français semblent apprécier sa façon de faire, puisqu'il se permet d'afficher une côte de popularité indécente comparée à celle du président ou du premier ministre, une frange des sympathisants et militants de gauche le considèrent comme le « ministre de droite » du gouvernement.


Aujourd'hui, j'ai retrouvé les mêmes arguments "anti-Valls" dans le Libération du jour qui essaye de faire porter au ministre de l'Intérieur les choix les moins populaires du président Hollande : dépriorisation du droit de vote des étrangers non communautaires, hausse de la TVA, abandon du récépissé lors des contrôles de police,  et enfin hausse des reconduites à la frontières.


Sur le droit de vote des étrangers, même si j'ai à plusieurs reprises montré mon attachement à cet engagement, les explications de François Hollande lors de sa conférence de presse peuvent se comprendre. Le gouvernement n'est pas assuré des 3/5e des voix des parlementaires et encore moins assuré d'un soutien populaire, donc avec ou sans Valls, il est hasardeux de tenter le passage de cette loi. Je continue à trouver ce comportement dommage surtout qu'il était peut être possible suite à un débat sérieux à l'Assemblée Nationale et au Sénat de convaincre certains centristes de voter pour…


La hausse de la TVA était soutenue par Manuel Valls lors de la primaire citoyenne. Libé avoue tout de même qu'il n'a pas participé aux réunions d'arbitrage sur le sujet. Difficile à croire qu'il ait eu un rôle actif dans sur ce sujet, surtout que François Hollande durant la primaire avait abordé ce sujet comme le rappelle Jegoun : « Je le cite (page 53 de son livre « Le rêve Français ») : "Une part des cotisations patronales devra être transférée sur d'autres impôts : l'impôt sur les sociétés, la contribution sur la valeur ajoutée ou la fiscalité écologique." »


L'abandon du récépissé lors des contrôles de police n'est pas un renoncement du candidat Hollande mais bien une décision de Manuel Valls. Hollande veux mettre fin aux contrôles au faciès et c'était une solution envisageable. Une des motivations du vote « Hollande » le jour du 6 mai était de changer la façon de faire la politique. Hollande a voulu remettre la discussion avec les syndicats au cœur du processus démocratique et législatif, et je lui en suis très reconnaissant. L'abandon du principe du récépissé en est une des conséquences puisqu'aucun syndicat de policiers n'était favorable à cette idée.


Enfin, et nous arrivons au point qui rassemble le plus de critiques à gauche, le nombre d'expulsions qui devrait être en hausse par rapport à 2012 selon le ministère de l'Intérieur. Quelque soit ce chiffre, j'aimerais avoir la distinction entre le nombre de reconduites à la frontières décidées et / ou mises en œuvre avant le 15 mai (date de la passation de pouvoir à l'Elysée). Ensuite, il faut être réaliste et admettre qu'il y aura toujours des expulsions en France. Ce n'est absolument pas un reniement ni une politique de droite. La politique intégralement à gauche menée par Manuel Valls est la définition claire des critères pour pouvoir rester sur le territoire français. C'est également de simplifier les procédures pour l'obtention de la nationalité française. C'est enfin de ne pas se comporter comme si tous les maux venaient des étrangers et leur expulsion la solution à tous nos problèmes.


La sécurité est une question à laquelle la Gauche aussi a des réponses  et Manuel Valls incarne bien ce que j'attends d'un ministre de l'Intérieur socialiste. Autre exemple significatif prouvant cette nouvelle façon d'agir, les liens entre Manuel Valls et Christiane Taubira. Depuis leur arrivée dans leur ministère respectif, j'ai compté au moins 5 actions communes :

  • Vendredi 27 juillet : Entretien entre Christiane Taubira et Manuel Valls au ministère de la Justice.
  • Vendredi 21 septembre : Déplacement de Mme Taubira et M Valls à Marseille
  • Mardi 16 octobre : Adoption par le Sénat du projet de loi relatif a la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, projet présenté et défendu conjointement avec Mme Taubira
  • Vendredi 19 octobre : Participation de Mme Taubira et M Valls au congrès de l'USM à Colmar
  • Jeudi 15 novembre : Déplacement de Mme Taubira et M Valls en Corse avec conférence de presse commune à Ajaccio.

Qui a le souvenir d'une action commune entre un ministre de l'Intérieur et un ou une ministre de la Justice lors du précédent quinquennat ?


Si c'était ça une véritable politique de sécurité à gauche ? Une politique menée conjointement par le ministère de l'Intérieur et celui de la Justice. On entend régulièrement la droite critiquer l'absence de cap de ce gouvernement. L'alliance de la Sécurité et de la Justice permet la mise en place d'un cap vers plus d'égalité. Ayons de l'espoir, si les résultats sont au rendez-vous dans les mois à venir, ce sera même l'occasion de redonner une meilleure confiance dans la justice et surtout dans la police. C'est peut être là que se trouve la solution à de nombreux problèmes, y compris celui du délit de faciès…

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