Le Parti Socialiste doit organiser un congrès

Le remaniement ministériel qui a suivi la défaite de la Gauche aux dernières municipales a été l'occasion au Parti Socialiste de changer également sa tête, remplaçant un Harlem Désir fantomatique par un Jean-Christophe Cambadélis "de combat". Depuis "Camba" se croit investi d'une mission de redressement socialiste jusqu'à l'automne 2015, date d'un soit-disant congrès.

Le problème, de taille, est que l'automne 2015 est une date de congrès socialiste plausible si les statuts n'avaient pas été modifiés récemment. Le 11 octobre 2012, dans le cadre du congrès de Toulouse, 73% des militants ont voté pour les nouveaux statuts du PS. Ces statuts (et peut être même les précédents), prévoient une organisation du PS basée sur le quinquennat sans renier ses principes fondamentaux. Cela signifie que le PS veut que le parti soit régi par des congrès organisés à intervalles réguliers suivant les points forts d'un quinquennat. Pour cela, les statuts du Parti Socialiste annoncent qu'un congrès national doit être organisé dans les 6 mois qui suivent l'élection présidentielle. Ce statuts prévoient également qu'un congrès national "doit se réunir également à mi-mandat" (article 3.2.1 - Périodicité du congrès national).

Cette volonté est facilement compréhensible. En organisant un congrès dans les 6 mois après une élection présidentielle, les socialistes veulent se donner les moyens de débattre des conditions d'une défaite (comme celle survenue en 2002 avec Lionel Jospin et jamais analysée), ou des conditions d'une victoire (comme celle survenue en 2012 mais dont la gestion au sein du PS a mal été débattue).

Le problème est que cette date, statutaire, ne semble pas connue des dirigeants socialistes. Par exemple, le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis plaidait encore en juin 2015 pour un congrès avant les élections régionales, c'est à dire avant la fin de l'année 2015. La mi-mandat de François Hollande est prévue pour 2ans et 6 mois après son élection, c'est à dire le 6 novembre 2014. Si on calque la mi-mandat sur le mandat législatif, alors cette mi-mandat arrive le 18 décembre, on est donc loin de juin 2015 comme Cambadélis esssaye de l'insinuer dans ses interviews...

Déjà que Jean-Christophe Cambadélis a réussi à se faire nommer Premier Secrétaire socialiste sans l'aval des militants, il ne faudrait pas non plus qu'il essaye de s'affranchir des statuts du PS très probablement votés par lui-même. 

Surtout qu'un congrès dès maintenant serait idéal pour les socialistes et pour les médias. En effet, en débattant ouvertement des idéologies, des volontés, des visions pour la France, dès à présent, le Parti Socialiste se donne les moyens de préparer sereinement le programme pour 2017 (voire même une possible inflexion sur le gouvernement actuelle). En débattant dès l'automne 2014, le Parti Socialiste s'autorise des débats internes qui alimenteront les débats médiatiques, débats qui se dérouleront avant les débats de l'UMP, donc potentielles querelles internes éclipsées par celles promises par la droite actuellement.

Sans se construire uniquement par rapport aux défaites potentielles de l'UMP, organiser un congrès dès 2014 permet de mettre sur la table les conditions, ou non, d'un programme commun avec la  Gauche écologiste et communiste (comme le souhaitait Cambadélis en juin 2014). L'élection présidentielle de 2017 ne s'annonce pas comme vendue sur un plateau. C'est pourquoi il faut faire confiance aux nouveaux statuts du PS pour préparer au mieux la future échéance sans se reposer sur ses lauriers acquis par l'élection de 2012. Ce nouveau congrès ne signifie pas un mise en doute de la politique de François Hollande ou une pré-primaire potentielle en revanche ce nouveau congrès signifiera la mise en place des fondations pour le programme socialiste de 2017. C'est pour cela que je milite pour le respect des statuts du Parti Socialiste et donc la tenue d'un congrès national de mi-mandat et non d'un congrès national pré-présidentielle qui aurait lieu en 2015 ou 2016.