mercredi 1 octobre 2014

François Fillon, arme de destruction massive

Si le retour de Nicolas Sarkozy s’accompagne de raillerie sur son absence de programme, François Fillon est dans l’excès inverse et présente un programme pour 2017 déjà bien réfléchi. A croire que l’on retrouve dans son plan d’économie tous les projets auxquels il a réfléchi quand il était à Matignon mais qu’il n’a pas eu le feu vert pour le faire. Les Echos présentent le projet de Fillon qui prévoit 110 milliards d’économie quand le gouvernement de Manuel Valls présente aujourd’hui un plan de 50 milliards d’économie.

Première idée de François Fillon, en finir avec les 35 heures, au moins dans le service public. Pour l’ancien Premier Ministre, en faisant travailler les fonctionnaires 4 heures de plus par semaine, il prévoit de pouvoir supprimer 600 000 fonctionnaires. Cette idée n’annule pas ni ne remplace le principe très sarkozyste du non-remplacement de la moitié des départs en retraite. Mais François Fillon semble éprouver une haine viscérale envers les emplois de la fonction publique. Du coup au lieu d’avoir une politique d’embauche de fonctionnaires, il préfère développer l’emploi de contractuels. Rappelons que ce processus est largement utilisé dans l’enseignement où à l’époque de Sarkozy, on voyait apparaître dans les offres de Pôle Emploi des offres de vacations pour des missions d’enseignement dans le primaire et le secondaire, offres ouvertes par définition à des personnes non formées à l’enseignement. A l’époque, ceci respectait, avouons le, une certaine logique puisque ce gouvernement de casse du service public avait aussi supprimé les IUFM (établissements recréé depuis le retour de François Hollande). L’appel de contractuels est aussi un problème largement répandu dans l’Enseignement Supérieur. TP, TD et certains cours magistraux sont laissés à des doctorants aux contrats de travail précaire ou à des vacataires externes. Résultats, des étudiants qui ont entre 25 et 35 ans, sans contrat de travail stable alors qu’ils participent pleinement au rayonnement de la recherche française.

En parlant d’Enseignement Supérieur et de Recherche, une autre idée brillante de François Fillon est la simple suppression du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Pour lui, les universités sont autonomes et ne devraient donc plus avoir de lien avec l’Etat. Il souhaite donc remplacer ce ministère par une agence d’évaluation et d’allocation de moyens chargée de « fliquer » les universités et de récompenser financièrement les plus méritantes.

Toi lecteur du privé, tu te crois protégé de la « blirz krieg » contre la fonction publique ? Détrompe-toi ! François Fillon veut aussi s’attaquer de nouveau au système de retraite. Comme pour la fonction publique, on peut légitimement se demander ce qu’a Fillon contre le système de retraite français. Rappel des faits, en 2003, c’est déjà lui qui est à l’œuvre de la réforme des retraites (en tant que ministre des Affaires Sociales) qui augmente la durée de cotisation. Point positif de cette loi, une promesse jamais tenue de prise en compte de la pénibilité. En 2010, c’est toujours lui (en tant que Premier Ministre) qui est présent pour la réforme des retraites de Sarkozy avec augmentation de la durée de cotisation, recul de l’âge légal de départ en retraite et ébauche d’une prise en compte de la pénibilité. Du coup il n’est pas étonnant que dans son projet présidentiel, il prévoit de nouvelles réformes du système de retraite. Au programme, un décalage (encore) de l’âge de départ à la retraite, ce qui pénalise de fait toute personne ayant des carrières longues. De plus repousser l’âge de départ à la retraite alors que le chômage des plus de 50 ans est en perpétuelle hausse est d’une absurdité manifeste. Fillon prévoit également de supprimer le système de compensation de la pénibilité (soit le compte pénibilité que François Hollande, Manuel Valls et François Rebsamen essayent difficilement de mettre en place). Si ce n’était pas néfaste pour la santé des Français cela serait drôle que le Fillon cuvée 2003 crée une reconnaissance de la pénibilité pour que le Fillon 2017 supprime les dispositifs visant à pallier la pénibilité reconnue.

François Fillon veut aussi mettre fin à la taxe de 75% sur les salaires de plus d’un million d’euros et supprimer l’ISF. En compensation, il prévoit d’augmenter de 3 points la TVA. En effet, il serait scandaleux que le pauvre millionnaire (en salaire) continue de payer pour les pauvres tout court alors que ces derniers sont prêts (pardon obligés) de s’acquitter de la TVA sur tous les produits qu’ils achètent.

François Fillon promet donc un véritable projet de destruction massive :
  • suppression 35h
  • retraite 65 ans
  • suppression ISF
  • suppression taxce 75%
  • suppression 600.000 fonctionnaires
  • augmentation tva de 3,5 points
Avec le François Fillon 2017, même les réformes de Juppé en 1995 ou le quinquennat de Sarkozy passeront pour une politique de gauche. François Fillon vient de supprimer son vernis de gaulliste social (comme Laurent Wauquiez il y a quelques années) pour revêtir son habit de libéral assumé. La primaire de 2016 à droite promet de belles analyses en perspectives.

4 commentaires:

  1. De toutes façons, je crains que ce pauvre Fillon n'ait aucune chance sauf s'il se laisse pousser les cheveux, se les teint en blond...ne pas oublier de s'epiler les sourcils qui doivent le gêner pour voir plus loin...
    Cela dit, ce sera guère mieux avec Juppé, je ne parle même pas du revenant

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    1. Des 3, je préfère pour le moment Juppé, même si je suis plutôt mal placé puisque je ne m'imagine pas réussir à être d'accord avec le moindre candidat de droite...

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  2. Vous préférez Juppé ?
    L'homm' qui incarne physiquement l'impôt selon Blondel ?
    Le repris de djustiss des hacheloumes de la ville de Paris ?
    Tout ça est très cohérent, ça ne m'étonne pas, venant de votre bord

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    1. Je ne critique le repris de justice puisque je me doute bien qu'il a payé pour d'autres et surtout qu'il a purgé sa peine et donc a le droit de se réinsérer.

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