jeudi 19 février 2015

Emmanuel Macron, fossoyeur de l’influence catholique?

La loi Macron est aujourd’hui principalement synonyme de travail dominical. Je persiste à être attaché au fait d’avoir un jour chômé commun à la très grande majorité de la population, afin de garantir une vie familiale, sociale, associative, sportive, etc. La loi Macron ne va pas à l’encontre de ce principe puisqu’elle ne prévoit que la possibilité d’avoir 7 dimanches travaillés supplémentaires par an, sur accord des autorités locales. Emmanuel Macron ne remet donc pas en question le repos obligatoire le jour du seigneur, les églises pourront toujours (espérer) faire nef comble. Il y a en revanche un petit amendement qui s’est inséré dans le projet de loi qui m’a fait plus sourire et qui remet bien plus en cause l’influence de l’église catholique. Merci à Corto de me l’avoir signalé en commentaire de mon dernier billet.

Six députés d’outre-mer ont porté un amendement visant à ajouter un article. L’objet de cet article est de permettre aux préfets de ces territoires de remplacer des jours fériés par d’autres. Bien sur, pas n’importe quels jours fériés sont visés, uniquement des jours fériés liés à la religion catholique, soit : le lundi de Pâques, l’Ascension, le lundi de Pentecôte, l’Assomption et la Toussaint. Durant les débats, Emmanuel Macron a montré des réticences sur le sujet, mais au final l’amendement a été adopté suite à un vote à main levé. La liste des jours fériés modifiables s’est même allongée pour permettre de ne plus considérer le 1er janvier et Noël comme jour férié. Le texte de loi précisant uniquement (dans l'article 82 bis) que les dates du 1er mai, 8 mai, 14 juillet et 11 novembre ne pouvait pas être remplacées par un autre jour férié.

J’avoue que je fus surpris en apprenant que cet amendement avait été adopté. Je fus également assez enthousiaste. Ce texte reprend une proposition que j’avais faite sur ce blog en août 2012, où je m’interrogeais sur le besoin de garder des jours fériés religieux dans une république laïque, séparée de l’Église depuis plus d’un siècle. A l’époque, et encore aujourd’hui, je proposais que l’on remplace tous les jours à caractère religieux (à l’exception de Noël) et qu’on les remplace par des jours célébrant notre histoire républicaine. Par exemple, nous pourrions célébrer les 8 mars, 9 mai, 21 juin.

En célébrant le 8 mars, la France rejoindrait le Burkina Faso, le Cambodge, le Laos, la Russie, l'Ukraine, la Moldavie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, l'Ouzbékistan, le Kirghizistan et la Biélorussie dans le rang des pays mettent à l’honneur la journée internationale des droits des femmes.

Il faudrait une journée pour célébrer la construction de l'Europe. Le 9 mai semble une date tout à fait appropriée puisque déjà journée de l'Europe. Sa proximité avec le 8 mai ne doit pas poser de problème puisque le jeudi de l'Ascension est aussi dans cette période.

En rendant férié le 21 juin, nous pourrions transformer la fête de la musique en une grande fête de la Culture, pourquoi pas un mix entre journées du patrimoine, fête de la musique, fête du livre et autres secteurs culturels...

Pour rétablir le compte de jours fériés (on ne va tout de même pas se faire voler un jour férié au passage), nous pourrions célébrer un débarquement allié, celui du 6 juin ou celui du 15 août, ces évènements ayant vu des militaires du monde entier ainsi que des femmes débarquer sur le sol français pour combattre la barbarie nazie. L'avantage de célébrer le débarquement de Provence serait de ne pas brusquer les catholiques qui garderaient ainsi leur fête de la vierge Marie.

Pour le dernier jour férié, il faudrait trouver une date à l’automne pour équilibrer le calendrier et remplacer le 1er novembre. On pourrait rendre férié le 21 septembre, jour de la proclamation de l’abolition de la royauté, une des douze dates représentées par un haut-relief sur le piédestal du monument de la Place de la République à Paris.

On retrouve cette idée dans l’esprit des parlementaires à l’origine de l’amendement, comme ils l’exposent dans les motifs de leur amendement :
« Il existe un paradoxe de fait dans une République laïque à donner ainsi dans le calendrier républicain un statut légal aux seules fêtes d’une religion, bien que celle-ci ait un caractère fortement majoritaire dans la population. Ce paradoxe est renforcé dans les départements d’Outre-mer où le fait et l’histoire religieux sont parfois de nature bien différente. De plus, ces départements ont une identité forte, fruit de leur histoire, qui pourrait utilement se matérialiser autour de jours fériés spécifiques célébrant par exemple l’arrivée des premiers habitants, leur départementalisation, certaines fêtes religieuses qui y sont largement célébrées ou encore la naissance d’une personnalité historique majeure de l’Histoire du territoire. Cela ne remettrait évidemment pas en cause l’unité de la République ou leur attachement aux principes et valeurs républicains puisque les jours fériés célébrant des dates ayant trait à l’Histoire de France et aux valeurs républicaines seraient obligatoirement maintenus car non ouverts à la substitution permise par cet amendement. »

La loi Macron pourrait être la première étape vers la fin de l’influence de l’église catholique dans notre quotidien. Plus exactement elle pourrait être une première étape vers une plus grande égalité entre les religions. Rendre républicains nos jours fériés serait un geste fort indiquant qu’en France, aucune religion n’est supérieure aux autres. C’est peut être ça aussi, agir dans l’esprit du 11 janvier.

9 commentaires:

  1. si tu as des informateurs aussi avisés et gauchistes que Corto, je crois que je vais continuer à ne pas te lire... il aurait été plus utile de prendre en compte dans ta réflexion le cas des zones touristiques et commerciales prioritaires, qui permettront d'ouvrir tous les dimanches ! et même en soirée....

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    1. Corto m'a informé sur les jours fériés, et son information était la bienvenue puisque je ne l'avais pas vue passée.

      Pour le travail en soirée, ne lis pas mon billet de mardi, tu verrais que je m'en félicite puisque c'est traité comme du travail de nuit (paye double, obligation de l'accord de l'employé, obligation de moyen pour rentrer chez soi).

      A bientôt et continue à ne pas me lire

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    2. D'un autre côté, ne pas être lu par un type insignifiant n'est pas dramatique.

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    3. Je sais aussi que je ne suis pas lu par des gens très bien et je ne m'en offusque pas.

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  2. ton informateur a juste oublié de te dire que ce sont des amendements déposés par des parlementaires d'Outremer
    c'est bizarre , non ?

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    1. Il l'a dit, cf. les commentaires du billet précédent, et je l'ai écrit en début de 2eme paragraphe. Et même si ce n'etait pas précisé, qu'est-ce qui serait bizarre ?

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  3. @Bob c'est moi: non, son informateur, moi, lui a bien spécifié que cet amendement avait été émis a l initiative d une député PS de la Réunion.

    GDc: moi gauchiste ? je suppose que c'est du 10eme degré

    Cyril: Tu écris " sauf Noël " pourquoi ?

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    1. Les cadeaux, le foie gras, le vin, autant de choses qui font que j'ai du mal à abandonner la fête de Noël, je sais, je suis faible.

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  4. Le seul "défaut" dans la cuirasse de "l'idée des parlementaires" c'est d'avoir inséré "certaines fêtes religieuses qui y sont largement célébrées" dans leur proposition! Si c'est pour remplacer les fêtes catholiques par d'autres fêtes religieuses... Il faut également savoir que dans les départements comme la Martinique, il y a déjà 6 jours fériés en plus: les 3 jours de Carnaval, le "jour des morts", le jour de la libération de l'esclavage et le Vendredi Saint.

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