lundi 21 septembre 2015

L'union de la gauche

Article écrit après l'échec
du Programme commun
La semaine dernière Jean-Christophe Cambadélis, chef de file des socialistes, avait sorti sa plus belle plume pour écrire une lettre ouverte à la Gauche et aux écologistes. En introduction, il effectuait ce constat amer que tout le monde a remarqué depuis 2012 et qui va en s’amplifiant : 
« La gauche est aujourd’hui fragmentée. Elle défend ses valeurs dans un monde tenaillé par l’identité, obsédé par le profit, dominé par le conservatisme. La gauche aborde en ordre dispersé les défis de son époque. La révolution de l’immatériel, les défis climatiques, les bouleversements géopolitiques, la droitisation de la société et l’extrémisation de la droite. »  


Cette lettre ouverte à la Gauche et aux écolos a pour volonté de rouvrir des discussions pour trouver les conditions d’un socle à une maison commune (terme également employé par Jean-Luc Bennahmias dans la construction de la nouvelle UDE). Quand il écrit :
« Je ne mésestime pas nos débats économiques, sociaux voire européens. Il y a là des fractures qui pour importantes qu’elles soient, ne sont insurmontables. Aiguiser les divergences ne permet pas de les surmonter mais seulement de les faire durer. Dans les années 1970 ou bien 1936, les désaccords au sein de la gauche étaient plus graves puisqu’ils portaient sur le modèle de société. Et pourtant, la gauche s’est unie. »
Cambadélis est conscient qu’il existe des points d’achoppement, d’ailleurs sans ces points la multiplication des partis à gauche n’aurait pas de sens, mais il doit être possible de se retrouver sur des ambitions et des projets communs.  


Depuis cette lettre ouverte, un premier sondage est paru prédisant une nette victoire du FN aux élections régionale dans le Nord – Pas de Calais – Picardie. Ce même sondage montre une bérézina pour la gauche avec un PS troisième et un Front de Gauche (allié ou non aux écolos) récoltant des poussières (potentiellement 6% quand une liste d’extrême-gauche en récolterait 4).

De façon plus factuelle qu’un sondage, la ville de Noisy-Le-Grand a fourni une illustration concrète des résultats d’une guerre sans merci entre PS et Front de Gauche. Le 14 septembre, au soir du 1er tour de cette élection municipale rejouée, il y avait 102 voix d’écarts entre la candidate LR et le candidat PS. Le Front de Gauche, 3571 voix de moins que la liste PS, finissait 3ème avec 100 voix d’avance sur le FN. Une semaine plus tard, le Front de Gauche est toujours en lice, n’ayant pas voulu se désister. Il perdre 126 voix entre les deux tours et permettra à la liste LR de ravir une ville historiquement à gauche pour 33 petites voix.


Dans sa lettre ouverte, Cambadélis avait prévenu : 
« Chacun dans notre coin, nous croyons pouvoir tirer les marrons du feu de la grande confusion qui règne. L’anathème règne en maître à coup d’excommunications médiatiques sous le regard désabusé et incrédule d’un peuple de gauche ainsi démotivé.  Nous pensons pouvoir nous doubler les uns les autres. Certains veulent même se dédoubler. D’autres pensent que le salut est dans l’alternative si radicale, qu’elle fait de l’autre l’ennemi. Ce n’est pas en installant partout la droite et l’extrême droite, que l’idéal à gauche sera mieux défendu. »
Cette vraie gauche a encore frappée. Alors qu’elle dit combattre le FN, ses plus grandes victoires se trouvent dans les élections où elle obtient la défaite du PS, permettant ainsi à la droite de grappiller toujours un peu plus d’exécutifs.


Inlassable, Jean-Christophe Cambadélis repart au charbon ce lundi en appelant à la mise en place d’un référendum citoyen pour demander l’avis des sympathisants de Gauche sur la nécessité ou non de réussir l’union de la Gauche dès les régionales de cet hiver. Excellente initiative qui arrive pourtant trop tard pour ces régionales.
Excellente initiative car cette vraie Gauche qui dit parler au nom du peuple, qui se dit porte-voix de la majorité silencieuse (tellement silencieuse qu’on ne la retrouve jamais dans les urnes) pourrait ainsi comprendre que les électeurs préféreraient une gauche unie au pouvoir plutôt que la droite (sans même agiter le spectre du FN). Excellente initiative qui permettrait aux candidats de gauche de taper librement sur leurs adversaires de droite pendant la campagne des régionales et non à perdre du temps pour contrer les tacles venant de leur gauche. Car comment espérer obtenir un minimum de crédibilité auprès des électeurs quand on attaque un autre parti de gauche durant toute la campagne du 1er tour puis se rallier à eux au second tour pour espérer sauver quelques sièges ?
Initiative trop tardive car l’union de la gauche aux élections doit se travailler. Il serait inutile de partir rassembler si ce rassemblement n’est que de façade sans accord programmatique ou sans stratégie commune.  Ce genre de rassemblement de façade ne peut amener qu’à l’état actuel de la Gauche, avec des francs tireurs mélenchonistes, des écolos explosés et des socialistes qui peinent à s’unir eux-mêmes.


C’est peut-être là tout l’intérêt d’un référendum ouvert aux sympathisants de gauche, aux syndicalistes, aux associatifs. Quand les appareils ne se parlent pas et n’écoutent pas, alors c’est au peuple de gauche de sonner le réveil en appelant de ses vœux (enfin je l’espère) à la construction d’une union responsable.

5 commentaires:

  1. ça pue la trouille dans les rangs du PS
    assez jouissif à voir

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    1. Ce n'est pas de la peur mais essayer de forcer une prise de conscience collective. A ce rythme, le PS aura toujours des élus, je ne suis pas persuadé que ce soit encore le cas pour les communistes ou les ecolos

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  2. "Accord programmatique." C'est tout simple : si la politique conduite convient globalement aux diverses parties, l'accord se fait sans trop de difficultés.

    Le PS, étant au pouvoir, a tout loisir de conduire une politique convenant à peu près au reste de la gauche. La fermeture de Fessenheim rassurerait les Verts comme ceux qui s'inquiètent de voir une vieillerie dangereuse encore en service. L'arrêt de l'EPR rassurerait les Verts comme les comptables qui voient fuir les milliards à gros bouillons. Une augmentation du SMIC, même de seulement 20%, rassurerait les ouvriers et employés qui n'en peuvent plus. Une réforme fiscale, promise par le candidat Hollande, rassurerait le PG comme les collectivités territoriales qui ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Un véritable plan de lutte contre le chômage, même un peu mou, même s'il ne fait baisser le chômage que d'un million de personnes, rassurerait les chômeurmeuses.

    Faut d'abord que le gouvernement PS inspire confiance. Ensuite l'accord programmatique se fera sans trop de mal. En attendant les isoloirs restent déserts. Ou puent salement.

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    1. Le problème n'est pas qu'au PS. Ce sont les Verts qui sont partis du gouvernement alors que l'accord de législature est toujours respecté. Ce n'est pas le PS qui insulte le FdG depuis mai 2012, et donc avant que la moindre action ait pu être prise.
      Ce n'est pas le PS qui fait passer la droite aux municipales comme à Villejuif ou à Noisy-le-grand.
      C'est assez facile de se cacher derrière le PS et de refuser toute auto-critique.

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    2. Je ne suis membre ni d'un parti ni d'une organisation quelconque alors je ne défends pas une chapelle contre une autre. Du reste j'ai beaucoup de mal à entrer dans une caserne/chapelle. Alors les conflits de chapelle me laissent plutôt indifférent.

      La question de la confiance me semble primordiale et cela ne se négocie pas. On inspire confiance ou pas. J'observe 1) que le candidat Hollande avait dit que son ennemi était la finance ou qu'il allait faire une réforme profonde de la fiscalité et 2) que le président Hollande a oublié cela. Si on me fait ça dans mon boulot, je ne travaille plus jamais avec le confrère indélicat et menteur et m'en méfie ensuite comme de la peste en lui faisant une très mauvaise pub. Je pense simplement que tout électeur fait de même...

      Si le PS veut redresser ses résultats électoraux, c'est d'abord à lui de changer de cap. Il est trop tard pour les Régionales, où il prendra une branlée monumentale, il n'est pas encore trop tard pour la présidentielle. Par exemple une simple réduction de deux millions du nombre des chômeurs suffirait à reconduire le PS au pouvoir. Indépendamment de toutes les logiques d'appareils dont tu surestimes la puissance.

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