dimanche 10 novembre 2013

Pourquoi faut-il continuer de célébrer le 11 novembre ?

En cette période de célébration de l'armistice de la 1ère Guerre Mondiale, je vais reprendre les mots de François Hollande prononcés lors du lancement des commémorations du centenaire 2014 qui expliquait jeudi dernier pourquoi les actes de commémoration sont importants, même pour une guerre qui débuta il y a bientôt 100 ans et dont aucun ancien combattant français n'est encore vivant.

Tout d'abord, l'acte de commémoration sert autant à se souvenir du passé que d'avoir foi en l'avenir.
"Commémorer, c’est rappeler que la République a traversé des épreuves terrifiantes et qu’elle a toujours su s’en relever. Et qu’elle ne doit avoir peur de rien."

"Commémorer, ce n’est pas seulement invoquer la passé ou le convoquer, c’est porter un message de confiance dans notre pays. « Vieille France, écrivait le général de GAULLE, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, mais redressée de siècle en siècle par le génie du renouveau ! ». "

Les célébrations du 11 novembre, c'est le jour pour se souvenir de tous ceux qui se sont battus, ceux qui sont morts pour leur pays ou pour leur pays colonisateur. Si une grande partie des combats se sont concentrés dans le Nord et l'Est de la France, ce sont des combattants de partout qui se sont retrouvés dans les tranchées.
"Le souvenir de la Grande Guerre est présent dans chaque village, dans chaque ville, parce qu’il n’y a pas de commune en France où un monument aux morts n’ait été érigé, parce qu’il n’y a pas de commune en France où il n’y ait pas eu de victimes de la Première Guerre mondiale."

"Plus de 8 millions de Français – un cinquième de la population ! - furent appelés sous les drapeaux. 1 million quatre cent mille sont morts."

Mais ces 4 années de guerre n'ont pas touché que les 8 millions de combattants français ni uniquement les familles qui ont perdu au moins un membre de leur famille. Les commémoration de cette Grande Guerre sont aussi l'occasion de saluer toutes les personnes qui ont fait vivre le pays pendant que les hommes étaient au front. C'est donc l'occasion de saluer ces millions de femmes qui ont fait tourné le pays alors qu'elles étaient considérées comme citoyennes de seconde zone, sans droit de vote ou sans le droit d'exercer une profession sans autorisation de leur mari.
"C’est le peuple sans armes qui, en assurant le fonctionnement de l’économie, a permis la victoire. Et dans ce peuple, les femmes, par leur labeur, leur engagement, leur vaillance apportèrent une contribution essentielle à la conduite de la guerre. Sans elles, notre pays se serait peut-être effondré ; en tous cas, les écoles auraient été abandonnées ; les champs n’auraient pas été moissonnés ; les usines auraient fermé. "

Célébrer ce 11 novembre, c'est aussi se souvenir que la 2ème Guerre Mondiale est née des cendres encore fumantes de la 1ère Guerre Mondiale. Les sentiments de revanche, les besoins de faire porter par des boucs émissaires les problèmes économiques, le nationalisme malsain ont réussi à ce que l'Europe ait à revivre un long conflit sur son continent alors que nombreux étaient ceux qui pensaient que la guerre de 14 serait la dernière.
"On sait ce qui advint par la suite : cette guerre ne fut pas la « der des ders ». [...] C’était compter sans l’esprit de revanche, sans les ravages de la crise économique, sans le fléau des extrémismes, sans la faiblesse des organisations chargées de sanctionner les manquements au droit, et sans les gouvernements qui, préférant la honte à la guerre, acceptèrent l’une sans éviter l’autre. Et il fallut donc et nous aurons à le commémorer, hélas, un désastre encore plus ravageur, un déchaînement encore plus terrifiant, dont la Shoah fut le paroxysme."

"Mais qu’est-ce donc que le patriotisme aujourd’hui quand on se souvient de ce qu’il était dans la Première Guerre mondiale ? Qu’est-ce que le patriotisme ? C’est toujours l’amour des siens pour reprendre la formule de Romain GARY, qui n’a rien à voir avec le nationalisme qui est la haine des autres."

Continuer de se souvenir du 11 novembre 1918, c'est se souvenir du mois d'août 1914, c'est se souvenir des millions d'Européens, d'Africains, d'Asiatiques, d'Océaniens et d'Américains qui ont combattu sur le sol européen et qui ont, d'une certaine manière, contribué à construire l'Europe des peuples que l'on connaît aujourd'hui. C'est aussi perpétuer le souvenir des contemporains de cette époque qui sont de moins en moins nombreux. C'est aussi car les souvenirs de cette époque sont trop nombreux pour être résumés en une seule date commémorative que les 4 années à venir seront l'occasion de se souvenir de toute cette époque au travers de nombreuses manifestations partout en France.

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