jeudi 23 avril 2015

Une réforme du collège contestée mais incontournable ?

Najat Sie gefickt bist, die Lehrer auf der Straße !
Futui Najat es, doctores in via !
Najat είστε πατήσαμε, οι εκπαιδευτικοί είναι στο δρόμο !

D'après GoogleTranslate, c'est ce que l'on risque d'entendre prochainement avec la réforme du collège que prévoit Najat Vallaud-Belkacem. La ministre de l'Education Nationale poursuit l'action du gouvernement en lançant une réforme du collège. Vincent Peillon a revu les rythmes scolaires au primaire, la voici qui se lance à l'assaut du collège. L'objectif annoncé, un collège plus égalitaire ayant pour but de donner le plus de chances à tous ses élèves de réussir les étapes suivantes de leur scolarité et de leur vie d'adulte.

Tout d'abord, la ministre souhaite que dès la rentrée 2016, des temps de travail en petits groupes seront réservés pour permettre plus de liens entre les professeurs et chacun de leurs élèves. Dans la même veine, des temps d'accompagnement personnalisés seront réservés. Trois heures par semaine en 6ème pour s'assurer que chaque élève débute bien cette nouvelle étape dans sa scolarité puis une heure par semaine jusqu'au brevet. L'objectif du ministère est de garantir l'acquisition de ces savoirs fondamentaux (français, mathématique et histoire). Le but, mettre fin à une baisse continue du niveau des jeunes Français d'après les études PISA entre 2000 et 2012.

Afin de  rendre plus concret les différentes leçons, des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires seront mis en place. A l'image des TPE du lycée, ces EPI devront permettre d'aborder une des 8 thématiques suivantes, souvent en lien avec la vie courante : développement durable ; sciences et société ; corps, santé et sécurité ; information, communication, citoyenneté ; culture et création artistiques ; monde économique et professionnel ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures régionales et étrangères.

Pour être mieux armer pour partir à la découverte du monde qui les entoure, la réforme du collège veut aussi augmenter le nombre d'heures d'apprentissage des langues vivantes. Les élèves arriveront en 6ème avec un passif de 5 années d'apprentissage de l'anglais (ou d'une autre 1ère langue). Dès la 5ème, ils apprendront une deuxième langue vivante, soit un an plus tôt qu'actuellement.

Pour reprendre le discours gouvernemental, voici à quoi ressemblera l'agenda d'un collégien et d'un professeur au collège dès septembre 2016.
Le collégien demain
  • En 6e, le collégien est accompagné selon des modalités adaptées à ses besoins : apprentissage de méthodes, approfondissement, renforcement, entraînement, remise à niveau, etc.
  • 3 heures d’accompagnement personnalisé permettent à l’élève de 6e de devenir un collégien : il se voit proposer une démarche d’apprentissage appropriée pour soutenir sa capacité d’apprendre et de progresser, et améliorer ses performances.
  • En 5e, 4e et 3e, le collégien acquiert de nouvelles compétences (travail en équipe, expression orale, démarche active dans les apprentissages, etc.) dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, qui le font accéder à :
    - une approche concrète des savoirs ;
    - des réalisations concrètes, individuelles ou collectives ;
    - de nouvelles situations d’apprentissage ;
  • Ces heures d’enseignements sont prises en charge par les enseignants de toutes les disciplines.
  • Le collégien acquiert les valeurs, les repères et l’esprit critique d’une nouvelle culture numérique.
  • Le collégien maîtrise les outils numériques.
  • Le collégien développe ses connaissances et ses compétences en algorithmique et en informatique.
  • Le collégien apprend deux langues vivantes dès la classe de 5e. L’apprentissage des langues vivantes se commence désormais plus tôt pour la première comme pour la seconde langue vivante : dès le CP pour la première langue, dès la 5e pour la seconde langue vivante.

L'enseignant demain
  • Un collectif de travail renforcé à travers la mise en place des enseignements pratiques interdisciplinaires et des temps d’accompagnement personnalisé, élaborés de manière collective par les équipes pédagogiques.
  • Des enseignants intervenant seuls ou en co-intervention dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires.

Cette réforme se veut universelle. Elle veut contribuer à la meilleure scolarité de tous les collégiens. Ca tombe bien, c'est justement ce que tout le monde réclame à l'Education Nationale, une véritable école républicaine qui donne sa chance à tous. Depuis le début des annonces de réformes, j'entends surtout ceux qui se plaignent de la fin des classes européennes qui permettaient aux meilleurs élèves d'apprendre deux langues dès la 6ème et de s'assurer un entre-soi durant les 4 années du collège. Comment peut-on réclamer un enseignement républicain qui donne les mêmes chances à tous ses élèves et ensuite se braquer sur la fin des classes d'élites au sein des collèges ?

Les professeurs d'allemand auraient peur pour leur matière quand la réforme veut permettre à chaque élève d'avoir 25% plus de temps d'apprentissage de leur deuxième langue étrangère sur la durée normale de leur présence au collège. Je n'y vois qu'un grand progrès. Cela se ferait au détriment du latin et du grec. A mon époque, nous étions une poignée à apprendre le grec ancien et à nous arracher les cheveux sur des verbes irréguliers d'une langue morte. A présent, ceux qui le voudront pourront toujours apprendre le grec via les EPI, ce qui devraient leur permettre de découvrir cette belle langue, la fabuleuse histoire et la merveilleuse mythologie grecque tout en ayant un angle d'attaque plus attractif qu'un vieil ouvrage qui semble avoir vu l'époque qu'il est sensé traiter.

Cette réforme promet plus de liberté aux professeurs, elle encourage donc l'emploi de nouvelles pédagogies dont je ne doute pas une seconde qu'elles raviront les professeurs qui auront choisi leur façon d'enseigner et par conséquence logique, raviront les élèves qui auront la chance d'avoir un prof enthousiaste. Ces élèves auront aussi la chance d'être mieux encadrés, par leurs professeurs mais aussi par l'arrivée de 4000 nouveaux postes pour mieux accompagner ces élèves.

Au final, cette réforme confirme l'engagement présidentiel pour la jeunesse. S'engager pour la jeunesse, c'est faire en sorte qu'ils aient les meilleurs cartes en main pour choisir et réussir leurs études. Ils devraient avoir aussi de meilleures connaissances sur le monde qui les entourent grâce aux nouvelles activités interdisciplinaires et grâce à un meilleur apprentissage des langues étrangères, idéal pour partir voyager, étudier, travailler chez nos voisins européens. Cette réforme peut marcher car elle semble mettre autant en avant l'indépendance des professeurs et le bien-être des élèves. Cette réforme peut marcher à condition de le vouloir. C'est aussi ce que pense Mara Goyet qui écrit sur son blog qu'elle "ose espérer qu'on pourrait parvenir à en faire quelque chose de bien. De vraiment bien. Si, du moins, on ne pense pas que tout est foutu (dans ce cas, c'est mieux de faire un autre métier, l'accompagnement en soins palliatifs est une meilleure voie professionnelle)."

7 commentaires:

  1. Monsieur

    Je tiens à réagir au sujet de la suppression des classes bilangues en allemand que vous reprenez à votre compte sans en apprécier les répercussions.

    C'est le contraire d'un grand progrès.

    MME BELKACEM SE TROMPE ! Les professeurs d'allemand de toute la France ne cessent de lui expliquer pourquoi, mais elle est complètement autiste et ne veut pas nous écouter.

    Les conséquences vont être catastrophiques non seulement pour l'enseignement de l'allemand mais aussi pour l'emploi des professeurs d'allemand et leurs conditions de travail, et l'Education Nationale va au devant d'une situation ubuesque.

    Voici pourquoi :

    1. LA REFORME VA AVOIR DES CONSÉQUENCES DÉSASTREUSES SUR LE NOMBRE D'ÉLÈVES APPRENANT L'ALLEMAND :

    Je suis professeur d'allemand dans un collège rural (350 élèves) où l'allemand ne survit, comme partout, que grâce à la bilangue qui sauve cette langue CAR EN 6ème L'ALLEMAND N'EST PAS EN CONCURRENCE AVEC L'ESPAGNOL.

    En 4e, 85 à 90% des élèves choisissent l'espagnol : le fait de donner à choisir une LV2 en 5e ne va pas m'amener plus d'élèves vers l'allemand, cela va seulement repousser le problème que j'ai actuellement en 4e LV2 au niveau de la 5e et j' aurai toujours aussi peu d'élèves germanistes.
    De plus, où est le gain pour les élèves ? Actuellement le cursus bilangue assure 3 h par niveau de la 6e à la 3e, soit 12 h, demain avec la réforme, ce sera 3 x 2h30 = 7h30 !

    2. LA REFORME VA AVOIR DES CONSEQUENCES SUR L'EMPLOI DES PROFESSEURS D'ALLEMAND .

    Actuellement, j'enseigne sur 6 niveaux :
    - en 6e, 5e, 4e et 3e en allemand LV1 bilangue, total d'heures 4x3h=12h
    - en 4e et 3e LV2. Bon an, mal an, je réussis à recruter autour de 10 élèves LV2 en 4ème, pas plus,la majorité des élèveschoisit l'espagnol. J'ai donc 2x3h=6h.
    - TOTAL : 18H, TEMPS PLEIN.

    Conséquences de la réforme :

    - rentrée 2016 : suppression des bilangues, je perds donc 3h en 6e, avec la LV2 en 5e, je récupère 2h30.
    Bilan : bilangues 5e, 4e 3e : 3x3h=9h ; LV2 5e 2h30 + LV2 4e et 3e 2x3h* = 8h30 ; TOTAL : 17H30 (* en partant du principe que les LV2 "ancienne génération" restent à 3h), il me manque 0h30.

    - rentrée 2017 : - 3h en 5e, il ne me reste plus en bilangue que les 4e et 3e = 6h. En LV2, 2h30 en 5e, 2h30 en 4e, 3h en 3e, soit 8h ; TOTAL : 14h, il me manque 4h.

    - rentrée 2018 : -3h en 4e, il ne me reste plus en bilangue que les 3e = 3h. En LV2, 3x2h30=7h30 ; TOTAL : 10h30, il me manque 7h30.

    - rentrée 2019 : -3h en 3e, plus de bilangue. En LV2, 3x2h30=7h30 ; TOTAL : 7h30, il me manque 10h30.

    Où vais-je faire les heures à notre emploi du temps puisqu'il ne restera que 7h30 en LV2 PARTOUT ?!


    4. CONCLUSION : Dès la rentrée 2017, l'Education Nationale va se retrouver avec TOUS les professeurs d'allemand en manque d'heures, et le phénomène va s'aggraver à chaque rentrée.


    5. PERSPECTIVES : ON VIRE TOUS LES PROFESSEURS D'ALLEMAND ? ILS RESTENT CHEZ EUX PLUS DE LA MOITIÉ DU TEMPS ???


    6. ÉPILOGUE : Le ministère de l'Education Nationale compte recruter plus de 500 professeurs d'allemand en 2015.
    CHERCHEZ L'ERREUR !

    Et comment allez-vous expliquer aux électeurs la situation de tous ces professeurs d'allemand ?

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    1. donc le problème c'est bien les profs et pas l'intérêt des élèves
      comme à chaque réforme

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    2. L'erreur semble être de votre coté. A part vos suppositions dignes d'un Paco Rabane, rien n'indique que les élèves faisant allemand dès la 6ème ne choisiront pas allemand en 5ème.
      Pour moi, si les classes bilangues disparaissent, ca ne fait que les heures des 6ème qui partent en fumée, remplacées par des heures en 5ème qui n'existent pas aujourd'hui.

      Si l'Education Nationale recrute 500 profs d'allemand, c'est qu'elle croit, contrairement à vous, en l'avenir de cette apprentissage.

      (au passage cher Anonyme, votre ministre s'appelle madame Vallaud-Belkacem depuis 2005)

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    3. En gros, le type ne pense qu'à sa gueule.

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    4. Pourquoi ne réussit -il pas à recruter plus de 10 élèves à votre avis?
      Dans mon lycée, pourquoi la vingtaine d'élèves par niveau regrette-t-elle d'avoir choisi allemand en collège ? Pourquoi sont-ils incapables de traduire une seule ligne du bac blanc (ou quasi)? Les profs d'allemand ont scié très souvent la branche sur laquelle ils étaient assis.

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    5. Il va presque nous donner sa déclaration d'impôts le monsieur.

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    6. J'ai vu le même commentaire chez NVB signé Christophe Charlot, ça ne s'invente pas.

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