lundi 19 mai 2014

Carton rouge pour Jean-François Copé

Jean-François Copé est un homme profondément choqué et ça commence à se voir. Heureusement, Jean-François n'est pas toujours choqué au plus profond de lui-même, surtout quand son parti gagne des élections. Ces jours là, la joie l'envahit comme un Franck Leboeuf en demi-finale de Coupe du Monde.

A chaque élection, Jean-François Copé appelle ses électeurs à donner un carton rouge au gouvernement. En décembre 2012, après quelques victoires en législatives partielles, l'UMP publie sur son site que cette victoire est "presque un carton rouge envoyé à Paris et au couple exécutif Hollande-Ayrault". Entre les deux-tours des municipales, Jean-François voit la victoire de l'UMP se concrétiser, du coup il annonce aux militants que "la mobilisation doit s'amplifier et passer du carton jaune adressé au premier tour au carton rouge à l'occasion du second tour". Du coup, pour les élections européennes, Copé remet sa casquette d'entraineur sportif et propose dès le mois d'avril pour les européennes : "Après le carton jaune des élections municipales, il faut donc lui adresser un carton rouge lors des élections européennes du 25 mai prochain en votant pour les candidats de l'UMP". Il récidive en meeting ce lundi à Marseille en demandant aux Français d'infliger "un deuxième carton rouge" à François Hollande, après celui des municipales, en votant "utile" à l'occasion des élections européennes.

Tout d'abord, il est nécessaire de rappeler les règles de bases du sport. Dans le sport, le vainqueur est souvent un vainqueur à la loyale, après un match ou un combat respectant les règles du jeu. Quand un compétiteur ne respecte pas les règles du jeu, l'arbitre peut le sanctionner d'un carton rouge, empêchant le compétiteur de poursuivre le match. Jean-François Copé semble donc considérer que ce ne sont pas ses idées ou son programme qui convainc les électeurs mais plutôt qu'il gagne suite à la disqualification de ses adversaires socialistes.

Supposons que Jean-François a un certains sens du fair play et qu'il souhaite gagner à la loyale, sans que son candidat soit exclu prématurément. Dans ce cas, cela signifie que le président de l'UMP pense pouvoir exclure l'exécutif à chaque défaite électorale. Si la moindre législative partielle perdue par la majorité équivaut à une exclusion de l'exécutif national, autant organiser une présidentielle après chaque scrutin.

Comme Jean-François Copé est un adepte du carton rouge, je vais aussi lui donner mes cartons. 
Un carton rouge pour sa gestion de l'UMP. Libération annonce que l'UMP aurait dépensé plus de 20 millions d'euros pour organiser des conférences, dont certaines très probablement fantômes. L'état subventionnant largement (et logiquement) l'UMP sur l'argent public, Jean-François Copé devrait être exclu du jeu pour mauvaise gérance d'argent public. 
Quand par la suite, on apprend que le patron de Bygmalion, l'entreprise spécialisée dans les conférences fictives, subventionne le candidat FN à Villeneuve-Sur-Lot (la ville de Cahuzac comme par hasard), j'ai bien envie de donner un carton jaune à Jean-François Copé, suspect de financement indirect d'opposants frontistes.
Carton rouge également pour la préparation de ces élections européennes. Jean-François Copé réussit l'exploit de faire une campagne entière pour élire des eurodéputés, c'est-à-dire qui siègeront au Parlement Européen et qui voteront des textes écrits et débattus à Bruxelles, avec pour programme le vote sanction contre François Hollande. Jamais l'UMP n'a proposé quoique ce soit dans cette campagne, sauf en évoquant la sortie provisoire de la France de l'Accord Schengen. Et encore, quand ils évoquent ce sujet, une partie de l'UMP évoque la possibilité de voter pour un autre parti que le leur !

Jean-François Copé mérite autant de cartons rouge qu'il souhaite en donner à François Hollande. Il est donc de bonne guerre que des blogueurs de gauche demandent que Jean-François Copé applique à lui-même les mêmes sanctions qu'il demande aux autres, la démission. Il est un peu plus inquiétant que des députés de son propre parti lui adressent un carton rouge, lui demandant ainsi sa démission.

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