lundi 8 septembre 2014

Faut-il se moquer des sondages donnant le FN en tête ?

Les sondages se suivent et se ressemblent pour l’exécutif socialiste. Les sondages se suivent et vont en s’améliorant pour le Front National. Vendredi, Le Figaro publiait un sondage IFOP où Marine Le Pen arriverait en tête le soir du 1er tour de l’élection présidentielle et où elle serait même potentiellement élue à la présidence de la République. Certes, les sondages à 3 ans d’une échéance se sont toujours trouvés démentis. Edouard Balladur n’est pas président de la République, pas plus que Lionel Jospin, Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à conserver un poste qui lui était promis en 2009. Pourtant ces sondages ne sont pas à prendre à la légère. Ils montrent non pas une dédiabolisation du FN mais une banalisation du mal.

Le discours du FN n’a pas changé depuis 2002. Jean-Marie Le Pen fanfaronne même en disant que le FN d’aujourd’hui est exactement le même que le sien, c'est-à-dire raciste, xénophobe, nationaliste et populiste. Mais comment expliquer cette évolution alors ?

Déjà remercions les médias qui ont décidé avec l’arrivée de Marine Le Pen de la mettre bien plus en avant que son père. Lors des dernières élections européennes, le FN a même été jusqu’à occupé 43% du temps de parole des politiques sur BFM TV. Au début, peut-être que ces journalistes ont été attirés par la nouveauté, par le phénomène « fille de ». Allait-elle dire autant d’énormité que son père ? Allait-elle aussi franchir allègrement le mur du révisionnisme ? Hélas pour eux, pour nous, Marine a assez d’intelligence pour laisser les petites phrases polémiques à son père. Cette absence de bourde en public a suffit pour faire croire à une dédiabolisation du parti.

Mais l’ascension du FN dans les sondages et dans les résultats électoraux n’est pas du qu’aux journalistes, ce serait trop facile. Tout le paysage politique doit prendre conscience de son importance dans la montée du FN.
L’UMP avec sa frange « Droite Forte » qui a décidé que pour battre le FN, il fallait en adopter le discours et les postures. Sarkozy, aidé par Buisson, n’hésite pas durant la compagne présidentielle de 2012 à évoquer une sortie de l’espace Schengen pour empêcher les migrants d’Afrique du Nord d’arriver en France via l’Italie. Dans son clip de campagne, il utilise un panneau de douane avec une écriture en arabe pour bien signifier que l’ennemi est l’arabe. La défaite n’aura pas suffit à leur faire prendre conscience de leur échec intellectuel. La Droite Forte, Copé, Fillon, Wauquiez, Morano, tous auront leurs petites phrases anti-islam, anti-europe, anti-immigration. Les attaques contre Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem dont certains dans ce parti sont coupables sont d’autres exemples d’un basculement de la pensée à l’UMP accréditant un peu plus les idées et le discours du FN.

Le Front de Gauche et particulièrement le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon joue lui aussi le jeu du FN. En invectivant sans cesse le gouvernement, en jouant le jeu du procès en droitisme de François Hollande, Jean-Marc Ayrault et surtout Manuel Valls, la gauche de la gauche donne du poids à la thèse de l’UMPS si chère à Marine Le Pen. Cette gauche folle quasi stalinienne qui se croit l’unique garant de la gauche en France est le principal artisan de la baisse de confiance en la politique menée par les sympathisants de gauche. En accusant le gouvernement de traitrise à la gauche, cette soit-disante « vraie gauche » oublie le mariage pour tous, l’augmentation du nombre de postes dans l’enseignement, la fin des quotas ultra restrictifs empêchant les étudiants étrangers diplômés en France de trouver un premier boulot en France, les tentatives d’encadrement des loyers, les tentatives de taxation à 75% des très hauts revenus, l’application de plus de transparence de la vie politique, la véritable loi pour l’égalité femme-homme, etc. En gommant toutes les actions du gouvernement, le Front de Gauche alimente la thèse du FN que les gouvernants ne font rien une fois en place.

Le PS est fautif aussi. Son discours contre le FN n’a pas changé depuis les années 80. Harlem Désir a décidé de combattre le FN par un pin’s comme si un nouveau « touche pas à mon pote » suffirait à changer les mentalités. Tant que les actions du gouvernement ne donneront pas de résultats, tant que le chômage ne chutera pas, le FN aura un boulevard pour grappiller des voix à gauche.

Parce que les principaux partis sont tous fautifs de donner du grain à moudre au FN, parce que ni la droite, ni la gauche de la gauche n’arrive à profiter de la mauvaise opinion qu’ont les électeurs du PS, les sondages donnant le FN haut sont à prendre au sérieux. Certes il y a peu de chance que le FN soit en tête au soir du premier tour en 2017. Il est encore moins probable que Marine Le Pen devienne Présidente de la République en 2017. Mais ces sondages servent de signaux d’alarmes pour 2017 mais surtout pour toutes les autres élections des municipales aux législatives en passant par les régionales. Si aucun parti ne prend ses responsabilités pour contredire les propos du FN dans les débats mais surtout dans leur programme, si aucune argumentation autre que le traditionnel « ils sont méchants » n’est développée, alors le FN continuera à progresser. Dans notre malheur, le FN a réussit à gagner des municipalités. On voit déjà qu’à Fréjus ou qu’à Hayange, les histoires commencent.
Le FN n’hésite pas à appliquer une politique anti-pauvre, anti-chômeur dans ses municipalités. Résultat, sans créer d’emplois, ils enfoncent toujours plus leurs administrés, certains de leurs électeurs, dans la misère. Le FN si prompt à critiquer le cumul des mandats à l’UMP et au PS, n’hésite pas à présenter des maires récemment élus comme tête de liste pour les européennes ou comme tête de liste aux prochaines sénatoriales.

Le FN joue avec ses électeurs en lui disant des mots qui le touchent, en insistant sur les constats et en passant rapidement sur les solutions. Si l’on ne fait rien contre ce discours, si l’on ne propose rien de concret et si l’on ne montre pas que l’on agit pour le bien de tous, alors les Cassandre de l’IFOP verront leurs prophéties se réaliser. Ce jour là, il sera trop tard pour commencer à réfléchir sur comment on redonne un élan républicain à la politique française.

6 commentaires:

  1. il faudrait déjà que les médias relaient les actions et les propositions du PS pour améliorer la situation au lieu de .....

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    1. C'est une question que je me pose depuis 2012, est-ce les médias qui ne relaient pas assez l'action du gouvernement ou est-ce les grands noms du PS qui ne se bougent pas assez pour relayer l'action du gouvernement ?

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    2. J'aurai tendance à répondre : les deux.

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  2. Il faut un vrai média (presse télé) qui assume son statut partisan (de Gauche!) , Y a pas, "troponettes" ils sont (Libé, Mediapart etc...)...

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    1. Un journal qui assume son statut partisan, oui. Pour la télé, il faut du temps de parole pas besoin de "partisanisme".

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    2. Il faut un média de gaucheu
      De propagande
      Genre Dr Goebbels
      Pour le temps de parole, il faut que ce soit tout le temps

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