lundi 15 septembre 2014

Gattaz, tu pousses le bouchon un peu trop loin

Pierre Gattaz est le patron des patrons qui aimerait faire de la politique. Sous prétexte d’avoir été élu avec 476 voix sur 484 électeurs du MEDEF, Gattaz se croit à même à donner son avis sur la gestion de la France. Après tout, il est un acteur du dialogue social, il est donc dans son droit de s’exprimer, tout comme Thierry Lepaon pour la CGT, Laurent Berger pour la CFDT, Jean-Claude Mailly pour FO, Philippe Louis pour la CFTC ou encore Carole Couvert pour la CFE-CGC. Bref, Pierre Gattaz n’est qu’un interlocuteur qui se veut plus puissant que les autres.

Se disant plus puissant, nous pourrions nous attendre à avoir à faire à une personne avec une ligne directrice et des propositions argumentées et surtout stables. C’est souvent ce qui est conseillé pour avoir plus de lisibilités dans les propositions et les actes. Mais Pierre Gattaz ne semble pas de ce genre. Pour faire de viles généralités, il est comme tout bon patron qui se respecte, beaucoup de blablas pour faire plaisir à ses interlocuteurs subalternes mais pas beaucoup de cohérence entre ses différentes interventions. L’important pour le patron des patrons, c’est d’avoir un objectif simple, qui parle aux gens, peu importe le détail et la manière.Au final, ce sont rien de moins que trois plans de création d'emplois que Pierre Gattaz s'est amusé à détaillé au fil des mois.

Il y a un an, le 10 octobre 2013, Pierre Gattaz promettait déjà la création d’un million d’emplois sur 5 ans. Pour cela, il demandait au gouvernement de les aider à réussir ce projet en revoyant les « conditions fiscales, sociales et réglementaires ». Pour aller dans ce sens, le gouvernement, en plus du CICE mis en place quelques mois plus tôt, a créé le Pacte de Responsabilité et de Solidarité.

En février 2014, Pierre Gattaz annonçait 10 mesures pour le MEDEF afin de créer un million d’emplois. Pour cela il prévoyait :

  • « D’enrichir le terreau entrepreneurial » en communiquant auprès de ses adhérents de l’utilité et de la pertinence du mécénat de compétence,
  • « D’être mieux formé et accompagné pour mieux entreprendre et reprendre » en étant vigilant que la réforme de la réforme de la formation professionnelle intègre des formations à la création et à la reprise d’entreprise. Il s’engage aussi à lancer un programme de formation intrapreneuriale et de lancer une expérimentation en direction des étudiants porteurs de projets entrepreneuriaux.
  • « D’être mieux accompagné pour mieux entreprendre et reprendre… au féminin » en s’engageant à la sensibilisation des réseaux d’accompagnement et aux spécificités de l’entrepreneuriat féminin.
  • « D’être mieux accompagné pour mieux entreprendre et reprendre… dans les quartier » en lançant un concours national auprès des jeunes souhaitant créer une activité dans des quartiers de politique de la ville.
  • De « Diffuser l’envie d’entreprendre » en lançant avec le Ministère de la Défense une opération de parrainage de militaires par entrepreneurs afin de les accompagner dans leur démarche de reconversion entrepreneuriale.
  • De « nous rendre tous acteurs de l’entrepreneuriat » en sensibilisant les adhérents du MEDEF aux enjeux du financement de l’amorçage par le crowdfunding.

Et aujourd’hui, 15 septembre 2014, le MEDEF par la bouche de Pierre Gattaz propose de nouvelles idées pour créer un million d’emplois. Cette fois-ci on retrouve un mélange entre le programme thatchérien de François Fillon, les idées anti-repos que Jean-Pierre Raffarin a commencé en son temps à mettre en place. La nouvelle sortie de Pierre Gattaz contient :

  • La suppression de 2 jours fériés contre la création de 100 000 emplois
  • Permettre de rémunérer des employés à un salaire inférieur au SMIC pour gagner entre 50 000 et 100 000 emplois
  • Lisser les seuils sociaux (pour les obligations sociales comme fiscales) pour créer entre 50 000 et 100 000 emplois.
  • Mettre fin à une durée hebdomadaire du temps de travail
  • Autoriser le travail le dimanche et en soirée pour créer entre 90 000 et 300 000 emplois,
  • Créer un contrat de projet comme généralisation du contrat de chantier existant aujourd’hui
  • Et pour finir un baisse des charges et la fin de certaines taxes.

En 1 an, Pierre Gattaz nous a proposé 3 plans différents pour créer 1 million d’emplois. En juillet 2014, la France comptait 5 386 600 chômeurs toutes catégories confondues. J’imagine donc qu’en suivant toutes les recommandations du MEDEF, ce chiffre diminuerait de 3 millions pour atteindre un seuil enviable de 2 386 600 chômeurs toutes catégories. Autre possibilité, Pierre Gattaz arrête de nous saouler tous les 6 mois avec un nouveau plan de création d’un million d’emplois et nous fait un bilan des actions prises par les entreprises depuis 2012 pour créer des emplois avec l’aide du CICE, du pacte de responsabilité et des engagements du MEDEF… Aujourd’hui aucun résultat n’est visible, à croire que ce n’est pas la confiance du gouvernement qui devrait être mise en doute cette semaine mais la confiance dans le patronat qui se moque ouvertement de tous les Français.

5 commentaires:

  1. et si on supprimait le MEDEF comme groupe néfaste à la république ?

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    1. Les patrons ont le droit à leur syndicat, il faut plutôt arrêter de les mettre des kilomètres au dessus des organisations de salariés.

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    2. c'est pas un syndicat (au sens CGT FO CFDT et autres) mais un club d'actionnaires repus dans leur fauteuil de cuir
      je ne parle pas des VRAIS entrepreneurs mais des rentiers du CAC 40

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  2. Il est aussi bon que son père, celui ci, peut être un poil plus con quand même...c'est digne de provocs de cour de recréation. Bon billet.

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    1. Je ne connaissais pas le père de Pierre. Tel père tel fils

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