jeudi 13 juin 2013

Femen emprisonnées pour soutenir Amina

Femen en soutien à Amina
Trois Femen européennes ont été condamnées à 4 mois de prison en Tunisie pour avoir manifesté dans leur habit de lutte, c'est à dire seins nus. Vu d'Europe la peine paraît lourde, nous qui commençons à prendre l'habitude de voir ces militantes féministes apparaître aux abords des manifestations pour et contre le mariage pour tous mais aussi aux alentours ou à l'intérieur d'édifices religieux. Leur condamnation semble sévère et le gouvernement français par la voix de Laurent Fabius a regretté la "sévérité de la peine".

Il est vrai que la Tunisie depuis la fin de sa révolution de Jasmin et l'arrivée d'Ennahda n'est pas l'endroit le plus recommandé pour son ouverture d'esprit. Juju le rappelle dans son excellent livre sur les révolutions arabes dans une anecdote sur un couple d'amoureux s'enlaçant à l'aéroport avant une séparation. D'ailleurs on dit désormais en Tunisie "avant la révolution, on pouvait s'embrasser dans la rue mais pas y prier, après cette révolution, on peut prier dans la rue mais plus s'y embrasser".

Donc nos 3 militantes Femen sont condamnées à 4 mois et 1 jour de prison ferme pour être venu soutenir une des leurs, la première Femen Tunisienne, Amina Sboui. Il y a tout de même un petit problème. Il est difficile de considérer que la venue seins nus de 3 Femen pour soutenir Amina ne soit sanctionner "que de" 4 mois de prisons quand la principale accusée risque 2 années de prisons pour avoir peint "FEMEN" sur le muret d'un cimetière et 6 mois supplémentaires pour être apparue seins nus. Amina risque donc 2 ans et 2 mois de prisons de plus que ses soutiens. Difficile de critiquer la peine des Femen européennes sans s'attarder sur la peine encourue par la Femen tunisienne.

Pire, la peine qu'encourt Amina peut être alourdie si les juges considèrent qu'elle a agit en bande organisée. Les Femen présentes en Tunisie risquent donc de finir dans le rôle de la mouche du coche. A trop vouloir attirer l'attention sur le procès de cette Tunisienne, elles risquent d'être la cause d'une peine plus lourde que prévue.

Tout ceci ne doit pourtant pas occulter le principal. Il n'est pas normal que ces Femen européennes soient obligées de venir en Tunisie pour soutenir une militante féministe tout comme il n'est pas normal qu'une femme égyptienne soit obligée de s'exiler en Suède pour avoir osé militer à la mode Femen sur le net et avoir appelé à un changement de mentalité en Egypte  pour accompagner la révolution de 2011.

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