dimanche 19 janvier 2014

IVG, pourquoi se mobiliser pour un droit acquis il y a 40 ans ?

Photo prise à Place d'Italie #manifProIVG
Ça en devient une vilaine habitude, en début d'année je descend dans la rue pour manifester contre des revendications régressives. Aujourd'hui, on aurait pu se croire en 1975 puisqu'il fallait être présent pour défendre le droit à l'avortement. Le combat semble d'un autre âge et donc à première vue entièrement inutile. Une poignée de réactionnaires rétrogrades qui n'a toujours pas accepté une loi passée sous Valérie Giscard d'Estaing ne devrait pas réussir à mobiliser des féministes à répéter leurs combats menés il y a 40 ans. Pourtant tout nous a poussé à nous retrouver à Place d'Italie ce dimanche après-midi pour défendre ce droit à l'avortement.

Tout d'abord il y a la situation européenne. Nos voisins espagnols, qui ont voté en masse pour un gouvernement conservateur afin de les sortir de la crise économique, ont redécouvert qu'un parti politique ne défend pas qu'une vision économique mais également une vision sociétale. Résultat les femmes espagnoles se voient presque toutes privées d'un droit à l'avortement alors qu'il y a peu, elles étaient surement les femmes européennes ayant le plus de temps pour pouvoir faire leur choix. Bien sur, nos amis réactionnaires se sont empressés de prendre l'Espagne en exemple dans leur cortège rétrograde, même si 78% des Espagnols se déclarent contre cette mesure.

Ensuite il y a la situation locale. En ce moment, le gouvernement socialiste décide d'améliorer la loi en supprimant l'expression "que son état place dans une situation de détresse" de la phrase qui entame l'article L2212-1 du code de santé publique afin qu'elle devienne : 
La femme enceinte qui ne veut pas poursuivre une grossesse peut demander à un médecin l'interruption de sa grossesse. Cette interruption ne peut être pratiquée qu'avant la fin de la douzième semaine de grossesse.
Telle une néfaste conséquence, 16 députés UMP parmi lesquels Jean-Frédéric Poisson, Marc Lefur ou encore Jean-Pierre Decool ont décidé de mener leur combat jusqu'au bout en déposant un amendement visant à supprimer le remboursement des IVG par la sécurité sociale. On retrouve ici un autre cheval de bataille de cette droite réactionnaire. Ils font croire qu'ils sont ouverts à l'avortement, mais ils sont prêt à tout pour mettre des bâtons dans les roues des femmes qui veulent avorter : diminution du nombre de centres d'IVG et refuser le remboursement de l'acte. En effet, d'après ces gens, les moyens de contraception sont nombreux et relativement facile d'accès. Cela signifie que si des femmes tombent enceinte, c'est qu'elles l'ont "bien cherché". Pourtant ce raisonnement ne tient pas la route de la réalité puisque sur les 220 000 femmes subissant une IVG chaque année, 140 000 d'entre elles utilisaient une méthode contraceptive !

Enfin, et c'est presque la moindre des raisons, il est impensable de laisser s'exprimer ces gens sans riposter. Ce n'est pas parce qu'ils se pensent dans leur bon droit, dans une sorte de "croisade divine" avec la bénédiction du charmant pape François pour qui l'avortement est un acte horrible. Notre présence est somme toute dérisoire surtout qu'ils arrivent très bien à se décrédibiliser eux-mêmes, par exemple quand ils brandissent des pancartes citant le tristement célèbre Josef Mengele. Dans la manifestation, tout le monde éprouvait le regret de devoir encore et toujours se mobiliser pour un droit acquis il y a 40 ans. Aucune personne présente dans ce rassemblement ne pensait que l'avortement est un moyen de contraception et tous étaient d'accord pour dire qu'il est nécessaire de continuer de diffuser des informations pour bien choisir son moyen de contraception, de diffuser des informations pour que les femmes ayant des craintes sur leur grossesse et leur avenir puissent choisir en toute légitimité d'avorter ou non.

12 commentaires:

  1. Une poignée ??? Est-ce que 16 000 (selon la police) c'est une poignée ? 16 000 aujourd'hui quand l'année dernière ils étaient, toujours selon la police, 7 000 ?

    La seule question qui vaille c'est de savoir pourquoi cette revendication revient " à la mode"

    nb: note que je ne prends pas position, je m interroge juste :)

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    1. Je ne sais pas si c'est la seule question qui vaille, mais ce qui est sur, c'est que les droits de disposer de son corps ne doit pas être soumis à des effets de mode.

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  2. Ou alors pour l'ami plein de contradiction Corto, la seule question qui vaille c'est de savoir pourquoi ces anti-IVG emmerdent le monde.

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    1. La réponse de Corto ne serait-elle pas dans ton commentaire? Parce que leur mode est peut-être d'emmerder le monde...

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    2. C'était juste pour le titiller, il n'a plus l'habitude de fréquenter des gens à gauche de Le Pen sur les blogs.

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  3. Est ce que l'on a une idée du nombre de femmes auxquelles on aurait refusé le droit à l'IVG pour "non détresse" ?
    Car très franchement après avoir mené/participé à ce combat , il y a 40 ans et dans des conditions particulièrement difficiles, je me demande s'il était pertinent , dans les conditions actuelles , de proposer cet amendement ..

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    1. Quelles sont les conditions actuelles qui empêcheraient de faire progresser la loi ?

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    2. D'accord avec Louise. Etait-ce bien utile de modifier la loi et de créer de nouvelles tensions, d'autant qu'avec le bordel en Espagne, nos réacs vont encore penser qu'ils sont les maîtres du monde.

      (je dis ça parce que je passe par là, j'essaie de faire un billet - je vais abandonner - et je vois une coquille dans ton billet que je n'avais pas vue ce matin : tu t'es trompé dans le prénom de Le Fur).

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    3. J'ai corrigé. C'est dommage, en l'écrivant je trouvais ça drôle que les 3 aient un prénom composé, tant pis.

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  4. Si je demande un avortement dois- je pour autant devoir me justifier ? Non, non et non . Cette demande et l'acte sont difficiles à vivre pour les femmes , pour les hommes aussi parfois. Améliorons Ce droit pour ne pas avoir à rajouter une souffrance orale à une décision douloureuse .Que les facheux religieux de tous poils se réunissent dans les endroits dédiès pour revendiquer leurs demandes passéistes .

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    1. Je suis d'accord, même si il y aura toujours justification puisqu'il y a des entretiens préalables. Au moins, ce ne pourra jamais être une cause de refus.

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  5. Pour tout acte médical il y a toujours un entretien préalable , heureusement . Je pense que la prochaine étape sera le refus de certains praticiens comme celui des maires concernant le mariage pour tous .

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