mercredi 15 janvier 2014

Julie Gayet étouffe la petite enfance

J'ai connu une époque où le think tank de gauche Terra Nova était un peu plus doué niveau communication qu'aujourd'hui. En effet comment peut-on espérer rendre visible la publication d'un rapport important sur la petite enfance si on le présente au public exactement à la même date et à la même heure que la conférence de presse présidentielle ?

C'est dommage car ce rapport aborde des points intéressants sur l'importance d'un bon démarrage dans la vie. François Hollande l'annonçait justement hier : "la jeunesse [est] notre engagement majeur sur le quinquennat." C'est pour elle que 100 000 emplois d'avenir ont été créés, c'est pour elle que le contrat de générations a été inventé, c'est également pour elle que 15% de jeunes supplémentaires ont été accueillis pour un service civique en 2013. C'est dans cette optique que Vincent Peillon a présenté aujourd'hui un plan pour l'éducation prioritaire, c'est à dire donner plus de chances aux élèves vivant dans les zones les moins favorisées afin d'aborder le mieux possible la vie active.

Le rapport de Terra Nova est assez pessimiste. D'après lui, tous les efforts du ministre de l'Education Nationale ne sont pas vains (heureusement) mais pourraient avoir de meilleurs résultats si l'attention était portée sur les enfants défavorisés dès leur plus jeune âge. D'après une étude américaine commencée il y a 40 ans, les personnes n'ayant pas suivi un programme intensif d'éveil à la crèche auront été moins nombreux à suivre des études supérieures ou à avoir un emploi qualifié que ceux ayant suivi des programmes d'éveil intensif.
En parallèle, Terra Nova pointe le fait que si l'on recense environ 20% d'enfants pauvres en France, seuls 8% d'enfants pauvres vont en crèche.

Leurs conclusions sont assez simples. Il est nécessaire d'augmenter le nombre d'enfants défavorisés en crèche afin de leur donner le plus de chance de réussite pour l'avenir. D'après ce rapport, un enfant de 4 ans pauvre aurait entendu 30 millions de mots de moins qu'un enfant du même âge vivant dans un milieu favorisé ! C'est pourquoi, en développant des crèches à hautes qualités éducatives et en permettant à toutes les familles, et surtout aux plus défavorisées, les enfants entreraient sur un pied d'égalité (ou presque) en CP pour apprendre à maitriser les bases de leur vie future.

6 commentaires:

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  2. Un enfant pauvre est souvent un enfant dont au moins un des deux parents est sans emploi. Lorsqu'il y a un parent à la maison, les enfants ne vont pas à la crèche, peu importe le nombre de places disponibles.
    La corrélation qu'il faudrait tirer de cette étude n'est donc pas enfant en crèche = enfant qui fait des études supérieures, mais plutôt enfant issu d'un milieu aisé dont les deux parents travaillent = enfant en crèche = enfant qui fait des études supérieures (mais c'est pas nouveau qu'être issu d'un milieu aisé favorise l'accès à de meilleures études).

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    1. C'est ce que sous-entend cette étude, même si un des parents ne travaille pas, il vaut mieux mettre l'enfant en crèche.
      Ce n'est pas la crèche qui promettra que les gamins iront un jour à HEC mais c'est elle qui peut gommer les différences au démarrage.

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  3. Ce que met en lumière cette étude est qu'un enfant de parents stupides n'aura jamais (même avec des crèches) les mêmes chances de réussite qu'un enfant de parents intelligents. Or, les pauvres sont très souvent stupides…

    En revanche, il est très possible de handicaper volontairement les enfants de parents intelligents, de façon à ce qu'ils ne réussissent pas mieux que les semi-débiles qui encombrent les classes : c'est ce à quoi s'emploie activement l'Éduc' nat'.

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    1. Ce que met en lumière ce commentaire est que certains s'acharnent à observer le monde qui les entoure avec des œillères uniquement pour ne pas avoir à remettre en cause leurs certitudes.

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    2. Fort heureusement, vous êtes là pour nous donner l'exemple d'yeux perpétuellement ouverts et d'un esprit tout à fait émancipé de certitudes. C'est beau.

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