mardi 14 janvier 2014

Le top 10 de la conférence de presse présidentielle

Coupons court à tout suspens, la conférence de presse du Président de la République m'a plu. J'avais publié hier mes prévisions et elles furent globalement juste. Je ne vais pas ce soir me lancer dans une analyse poussée des 2h30 de conférence de presse. En revanche, voici mon top 10 des propos présidentiels :

10- "J’ai un principe, c’est que les affaires privées se traitent en privé, dans une intimité respectueuse. Ce n’est ni le lieu ni le moment de le faire." 
Voici la réponse à la question autant attendue qu'inutile sur la vie privée du Président. Le journaliste du Figaro qui était en mission commandée et fut chargé, en tant que président de l'association de la presse présidentielle, d'ouvrir le bal des questions a montré un certains repenti sur son compte Twitter. Hélas, la réponse simple et claire n'aura pas empêché d'autres journalistes moins rigoureux de revenir sur le sujet (heureusement, ils ne furent pas nombreux). Seul point positif, je n'ai jamais vu une conférence de presse présidentielle intéresser tant mon entourage habituellement si peu intéressé par la chose politique. Si grâce à cette question ils peuvent entendre ce qu'est une lige politique social-démocrate, c'est toujours ça de gagné.

9- "Je ne réclame aucune modification de législation. Je suis contre les lois de circonstance."
Autre réponse à question sur les conséquences de la publication de Closer qui permet à François Hollande de faire un clin d'oeil à la politique sarkozyste du "1 fait divers, 1 loi". A ceux qui osent se poser la question, oui il y a bien une différence dans la façon de gouverner. On le verra encore dans les propos suivants.

8- "Nous, la France, nous n’interférons pas dans le choix des centrafricains. Nous, la France, nous veillerons à l’arrêt des exactions inter-religieuses. Nous travaillons avec l’ensemble des pays de la région pour que la Centrafrique ne soit pas mise sous tutelle. Ce qui nécessite des élections. Nous intervenons au nom d’un mandat de l’ONU. Ce que je veux, c'est sauver la population."
A propos de l'intervention Française en Centrafrique et après avoir rappelé que s'il y a 1600 soldats français, il y a également 4000 soldats africains sur place. La France n'est pas intervenue comme nouvelle force colonialiste. Elle est intervenue pour le bien de tous les Centrafricains et sous mandat de l'ONU. Elle partira quand sa mission aura réussi.

7- "Je veux ici rassurer les frileux, notamment à la veille de ce Parlement européen qui va être renouvelé, il ne faut pas avoir peur de l’Europe, il faut plutôt craindre qu’elle ne s’affaiblisse et qu’elle ne finisse par disparaitre."
A de nombreuses reprises (on le verra dans la suite de ce billet), François Hollande a voulu se montrer rassurant, a voulu redonner de la confiance et de l'espoir en l'avenir. En insistant sur l'importance d'une Europe forte, il a donné le meilleur appui aux forces pro-européennes (quelles que soit leurs places sur l'échiquier politique) pour les élections européennes à venir. Ce n'est pas en nous isolant que l'on deviendra plus fort. C'était vrai il y a 100 ans à l'aube de la 1ère guerre mondiale, c'était vrai il y a 62 ans lors de la mise en place de la CECA et c'est toujours d'actualité aujourd'hui. Son annonce du jour d'une volonté de relancer une Europe de la Défense autour du couple Franco-Allemand.

6- "Quand on arrive au pouvoir après dix ans d’opposition, on préfère annoncer des bonnes nouvelles que des mauvaises. Or, en arrivant, je n’avais que de mauvaises nouvelles à annoncer. Dans cette situation, qu’est ce que j’ai fait ? J’ai hésité ? De la même manière, sur le mariage pour tous, ce n’était pas facile. J’aurais pu dire : "les réformes de société , on verra ça plus tard." Je n’ai pas hésité, je n’ai jamais hésité."
A sa façon, c'est en se défendant d'avoir une politique flou que François Hollande remercie Jean-Marc Ayrault et Christiane Taubira d'avoir su se battre jusqu'au bout pour le mariage pour tous. Il met cette grande réforme sociétale au même niveau que sa politique économique mise en place dès le début du quinquennat pour lutter contre la dette publique et contre le chômage, les deux principales mauvaises nouvelles à gérer après 10 années de politique de droite.

5- "Je pense au débat sur la question de la fin de vie. Encore quelques cas particulièrement douloureux sont apparus dans l’actualité. J’avais commandé aujourd’hui un rapport très tôt dès mon arrivée. Le Comité consultatif d’éthique me remettra ses conclusions dans les prochaines semaines. La ministre de la Santé fera les consultations nécessaires pour qu’un accord, un accord le plus large possible puisse être trouvé sur un texte de loi."
Cette phrase fera dire à Claude Bartolone que François Hollande est un "président même pas peur". Comme lors de la précédente citation, il ne veut pas attendre la fin des problèmes économiques pour s'attaquer aux problèmes sociétaux. La fin de vie dans la dignité était une promesse de campagne, mais c'est surtout un sujet important qui ne peut être traité rapidement ou avec légèreté. On risque fort d'en entendre parler très prochainement dans nos blogs aussi bien dans la réacosphère que dans la gauchosphère...

4- "Suis-je social-démocrate ? Oui. Je ne suis pas gagné par le libéralisme. C’est l’Etat qui prend l’initiative. Je suis profondément attaché au dialogue social."
François Hollande profite d'une question sur sa posture sociale-démocrate pour tacler l'opposition de gauche qui le voit comme un vil libéral depuis le 31 décembre. Il rappelle son attachement, déjà plusieurs fois exprimé depuis la primaire socialiste, au dialogue social pour réformer le monde du travail. On va le voir ensuite, ce point est toujours présent quand il décrit son pacte de responsabilité.

3- "Elles [les contreparties] doivent être définies au niveau national et déclinées par branches professionnelles. Elles porteront sur des objectifs chiffrés d’embauches, d’insertion des jeunes, de travail des séniors, de qualité de l’emploi, de formation, d’ouvertures de négociations sur les rémunérations et la modernisation du dialogue social."
C'est un peu ce que je demandais dans mon billet d'hier. Des avantages seront donnés aux entreprises à condition qu'elles jouent le jeu de l'emploi et de l'employabilité. Elles joueront évidemment le jeu de l'emploi en en créant de nouveau. Elles pourront aussi, surtout si leur activité ne leur permet pas d'embaucher, améliorer les conditions de travail, améliorer la formation de leurs employés afin de les rendre moins exposés au chômage.

Je l'ai dit, François Hollande a voulu tout au long de sa conférence de presse redonner foi en l'avenir. C'est le sens des deux dernières citations que j'ai sélectionnées :

2- "Il faut que nos compatriotes aient moins peur de l’avenir car on va y arriver. Ce qui nous distingue des autres pays d’Europe, c’est le peu de confiance que nous avons en nous-même, le pessimisme qui nous étreint, le climat de doute. Il nous faut remettre de la confiance."
Cette confiance reviendra aussi avec des signes d'avenirs plus rassurants. Une baisse continue du chômage des jeunes, un meilleur taux de diplômés par génération font partis des points qui vont redonner confiance en l'avenir. La relance de la consommation, la fin de la baisse du pouvoir d'achat sera un autre signe encourageant. Mais tous les signes ne serviront à rien si nous nous refusons d'y croire. Il y aura toujours des personnes pour voir le verre à moitié vide. Il faudra être vigilant et ne pas oublier de le dire haut et fort quand les indicateurs passeront un à un au vert.

1- "Qu’est-ce que nous serons dans 10 ans, c’est à nous d’en décider aujourd’hui. C’est maintenant que la France dans 10 ans se prépare. Ce que je veux qu’elle soit : forte dans son économie, sinon il n’y a pas de diplomatie possible, pas d’influence internationale ; harmonieuse dans sa société, sinon, c’est la dislocation, la distorsion, les inégalités, les affrontements, les communautés." 
Le gouvernement avait déjà réalisé sa rentrée à l'automne sous le signe de la France en 2025. François Hollande réitère sa volonté d'avoir une France forte à l'avenir. La route est longue mais c'est en se donnant des objectifs ambitieux et positifs que l'on peut motiver et rassembler.

6 commentaires:

  1. Un "Président même pas peur", j'aime l'expression.

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  2. Les cocus de la République

    http://www.lejournaldepersonne.com/2014/01/les-cocus-de-la-republique/

    Vous m'avez posé la question de savoir quelle est la première dame de France ?
    Pour vous répondre sans me reprendre, je vous dirai : que c'est l'affection... une affection qui chasse l'autre... une affection qui cache l'autre... En moi, il y a toujours quelque chose de plus fort que moi... non pas l'État de droit mais mon État en fait.
    Dans le genre animal
    L'homme est la pire espèce
    Et le moi, le pire des individus.
    Avec le temps tous les êtres sont décevants
    Lassants parce qu'ils se lassent
    Passants parce qu'on s'en passe
    Qu'est-ce que vous me racontez ?
    Il n'y a plus de place pour une liberté d'expression.
    C'est la liberté d'impression qui fait foi... qui fait la Loi
    Je ne sais pas s'il faut croire en la justice
    N'ayant pu faire que le juste soit fort
    On a fait en sorte pour que le fort soit juste... c'est Pascal qui râle
    Non, je n'en crois pas un traître mot
    Parce que je n'ai rien vu encore de juste
    Une expression qui ne viendra jamais à bout d'une impression...
    Qu'est-ce qui est vrai ?
    Que la vérité est pauvre, que le mensonge est riche!
    Mais c'est au plus riche qu'on cherche à plaire
    Surtout lorsqu'on est pauvre...
    Je crois avoir fait le tour de la bête humaine
    Et en avoir retenu deux choses plutôt vilaines :
    Qu'il faut définitivement renoncer à deux cocus :
    La justice et la vérité
    Pour que notre vie ne soit pas privée... de sens.
    Vive la république... vive l'existence!

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    1. Oui, je suis abonné à ton blog, j'avais donc lu le texte ;)

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  3. Comme je n'ai pas pu voir la conf., j'aime bien votre top 10 ....un point que j'ai pu lire et qui me paraît capital la réduction du poids des collectivités territoriales dans le budget de l ´etat par une diminution du nombre des régions et une incitation au partage des compétences métropole conseils généraux. Avoir des régions comparables aux autres régions européennes et en finir avec la volonté centralisatrice des sarkozystes et aller vers une Europe des régions ( en gros ...)

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    1. A voir ce que cette réduction des régions peut signifier en effet

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