mardi 16 octobre 2012

Parler ou réfléchir pour exister ?

Vincent Peillon, dans l'Est Républicain
Dimanche, Vincent Peillon s'est prononcé pour un débat sur la dépénalisation du cannabis : "Cette question (de la dépénalisation) est posée et je souhaite que l'on puisse avancer sereinement". Il n'en a pas fallu plus pour que les journalistes usent de raccourcis pour titrer, comme l'a fait Reuters, "Peillon plaide pour la dépénalisation du cannabis". De là, tout s'est emballé, l'opposition s'est positionnée vent debout et a appelé à la démission du ministre. Matignon a mis fin à la polémique ce lundi en rappelant que la dépénalisation n'est pas à l'ordre du jour. Entre temps, tout le monde a oublié que le ministre souhaitait entamer un débat, c'est à dire écouter les experts, les personnes concernées, les arguments des pros et anti cannabis.

Ce même dimanche, un peu plus tôt dans la soirée, Jérôme Cahuzac débat sur BFM TV avec un entrepreneur. Ce dernier évoque les "business angels", ces investisseurs (et spéculateurs) qui sont là officiellement pour aider les jeunes entreprises à se développer. Durant toute la soirée, twittos et hommes politiques d'opposition tirent à boulets rouge sur le ministre du budget sur sa soit-disante non connaissance des "business angels". Par exemple, Christian Estrosi s'est fait le plaisir de se moquer du ministre en insistant sur le fait que le ministre venait de découvrir ce terme.


Manque de chance, rien dans ce débat ne permettait de faire passer le ministre pour un ignorant. C'est le journaliste Olivier Mazerolle qui a demandé à l'entrepreneur d'expliquer cet anglicisme, surement pour éclairer les téléspectateurs. Pourtant aucune réponse ni excuse n'a été publiée sur le Twitter de Christian Estrosi pour ces propos déplacés.

Résultat des courses, ce dimanche nous a apporté deux nouveaux exemples de politiques irréfléchies de droite et du besoin d'infos sensationnelles, quitte à les déformer pour les rendre plus "vendeuses". Se prononcer pour un débat ne signifie pas avoir un projet de loi sous le coude. Laisser parler un journaliste qui veut rendre les termes du débat les plus clairs possible pour son auditoire n'est pas de l'incompétence. En revanche réclamer la démission d'un ministre sur la base d'un titre de dépêche d'agence ou se moquer publiquement d'un autre sans avoir entendu ses propos, s'en rapproche. En tout cas, je le prends pour une nouvelle preuve de manque de sérieux.
Quand François Hollande prône le changement, c'est aussi le changement dans la façon d'aborder la politique. C'est mettre fin à la politique spectacle où un tweet assassin rapidement écrit vaut mieux qu'un débat ouvert et argumenté. Ce changement, il doit se faire chez les politiques (et j'ai l'impression qu'une grande partie du gouvernement commence à le comprendre) mais aussi chez certains journalistes qui, en 10 ans de politique spectacle, semblent avoir oublié qu'une info, ça se vérifie et ça s'analyse un minimum avant de l'envoyer dans l'espace public.

3 commentaires:

  1. Oui, c'est clair: tu as entendu parler de l'article de Marianne sur le lynchage de 2 juifs en prison par une meute de détenus musulmans?
    Après information auprès du journal local, il s'est avéré que ce n'était qu'une simple bagarre sans doute même pas sur fond de religion...

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    1. Et la memoire collective ne se souviendra que de la 1ere info...

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    2. oui, hélas, ou cela va finir par décrédibiliser encore plus les médias.
      Par contre, j'ai oublié de te dire que j'aime ce genre d'article qui n'a pas la réponse et interroge, pose des questions, ouvre le débat( ce que je t'ai dit dans Twitter)
      Si on perd de vue cela, on finira par ne plus avoir d'intérêt, je pense: car les articles qui se terminent par oui, non, c'est comme cela...nuisent je pense au blogging.
      amicalement

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