mardi 15 avril 2014

Edouard Balladur sort de ces corps

La sortie de Pascal Lamy sur le SMIC il y a 2 semaines ne m’a pas affolé plus que cela. A vrai dire, je l’ai même trouvé un peu mou sur cette histoire. Je m’attendais de l’ancien patron de l’OMC un peu plus de cran, de toupet. Quand on a dirigé une organisation mondiale prônant le libre-échange sans jamais vraiment se soucier des conditions de travail pendant 8 ans, on ne peut qu’être déçu de n’entendre une volonté que d’un SMIC au rabais alors qu’il aurait pu réclamer un l’abrogation pur et simple du SMIC.
Pour Pascal Lamy, il faudrait « aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic ». Heureusement qu’il a précisé qu’il était esseulé dans sa famille socialiste sur cette question.

Pascal Lamy peut être rassuré, il n’est pas seul. Intrigué par ce concept hallucinant de proposer plus de misère à ceux qui y sont déjà, François Hollande a déjeuné avec 3 autres économistes qui veulent libérer « la France prisonnière d'un vieux logiciel de pensée ». C’est Seb Musset qui se « réjouit » de la nouvelle (et il a bien raison). Rassurons-nous en se disant que si François Hollande est un homme de synthèse, il n’est pas encore une éponge qui fait sienne toutes les idées à la con qu’il peut entendre dans les diners. N’ayant pas lu l’ouvrage des ces 3 économistes qui ne connaissent surement du SMIC que les déductions de cotisations qu’il offre à une entreprise et non les difficultés qu’il procure à ceux qui en sont bénéficiaire pour vivre correctement au quotidien avec, je me dis qu’ils ont surement d’autres idées et pourquoi pas une ou deux intéressantes. Ou pas…

Pour compléter le Club des 5, notre cher Pierre Gattaz a décidé de les rejoindre aujourd’hui aussi. Il est pour l’instauration d’un SMIC réduit pour les jeunes afin de les aider à trouver un travail. Son explication est belle : "Il vaut mieux quelqu'un qui travaille dans l'entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le Smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage." Mais oui Pierre, un jeune, c’est frais, c’est con, c’est malléable, offrons lui des salaires au rabais ! Ce jeune a été éduqué à coup de contrats pro, d’alternances, de stages, que des jobs sous-payés pour effectuer une charge de travail proche d’un véritable emploi. Alors ces jeunes ne pourront qu’être heureux de trouver un nouveau job, légèrement mieux payé que leur précédent stage ou leur dernier contrat pro, même si la rémunération n’atteint toujours pas le SMIC.
« Jeune et con » n’est qu’une chanson, pas une réalité. Le Jeune n’a pour envie que d’entrer de plein pied dans la vie active, avoir un logement, sortir entre amis, fonder une famille, avoir une voiture, partir en voyage, que sais-je encore. Le Jeune n’a pas envie d’attendre 67 ans et son départ en retraite pour profiter de sa jeunesse. Pour relancer l’économie, il vaut mieux protéger les jeunes plutôt que les appauvrir. Il vaut mieux leur permettre de rentrer de plein pied dans la vie active plutôt que de les considérer de plus en plus longtemps comme des sous-travailleurs qui sont aptes à travailler comme leurs collègues mais qui ne méritent pas le même salaire.

C’est Edouard Balladur qui doit être heureux. Qui aurait cru que le SMIC Jeune reviendrait à la mode pour le 20ème anniversaire de sa mort (suspendu le 30 mars 1994 et abrogé le 8 août de la même année) ? Je pensais que seul Sarkozy avait survécu au Balladurisme. A première vue, il commence à voir des héritiers apparaître. Je ne me souviens que de deux idées d’Edouard Balladur, le SMIC jeune et le financement de sa campagne présidentielle à coup de vente de t-shirts. Les héritiers de Balladur, c’est ça votre prochaine idée pour relancer l’économie française ?

1 commentaire:

  1. "Je vous demande de vous arrêter !" devrait-on dire à ceux qui confortablement installés dans des salaires de maharajas se disent que prendre aux pauvres est plus facile pour deux raisons:
    - Il y a plus de pauvres que de riches
    - Les pauvres réagissent beaucoup moins que les riches.
    Raisonnement risqué car de temps en temps les pauvres se révoltent beaucoup plus violemment que les riches et à ce moment là rien ne les arrête...

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