Manuel Valls n’a pas encore reçu les clefs de Matignon que déjà toute une
partie de la gauche est debout contre sa nomination. Entre ceux qui pensent que
Valls premier ministre va mener sa politique proposée durant les primaires 2011
(alors que jusqu’à nouvel ordre le Président est toujours François Hollande) et
ceux qui en avait déjà fait leur tête de turc en tant que ministre de l’intérieur
(alors que Valls y menait une politique de gauche différente de ses tristes prédécesseurs),
peu sont assez patients d’attendre la composition du gouvernement de combat
souhaité par François Hollande.
Etant aussi impatient de connaître le nouveau gouvernement, dont l’annonce
est planifiée pour mercredi (il faut dire qu’annoncer un gouvernement dirigé
par Valls un 1er avril, ce n’est pas très crédible), j’ai décidé de passer le
temps en composant mon nouveau gouvernement resserré. 16 ministres, une parité
parfaite, voici mon gouvernement :
Premier
ministre : Manuel Valls
Ministre des
Affaires étrangères : Pierre Moscovici. Son passage à Bercy n’est pas une
réussite. Trop conciliant, pas assez innovant, il n’aura brillé qu’en conseil
des ministres européens. Il devrait pouvoir redorer son blason en marchant dans
les pas de Laurent Fabius en continuant de mener une diplomatie active mais moins
belliqueuse que son prédécesseur.
Ministre de
l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports : Najat
Vallaud-Belkacem. L’ancienne ministre des droits des femmes prend du galon en
accédant à un large ministère de la jeunesse. Ce grand ministère aura pour
domaine tant l’éducation que les activités extra-scolaires, ce qui permettra,
entre autre, de superviser la réforme des rythmes scolaires dans les écoles
primaires.
Ministre de
l'Économie et des Finances : Arnaud Montebourg. Un des ministres
les plus volontaires du précédent gouvernement et à première vue en désaccord
avec Jean-Marc Ayrault. Cette promotion est logique et devrait permettre de
donner des gages à l’aile gauche valsso-sceptique.
Garde des
Sceaux, ministre de la Justice : Christiane Taubira (ou Marie-Pierre
de la Gontrie). J’aimerai que Christiane Taubira réussisse à mener au bout la
grande réforme pénale attendue depuis juin 2012. Si elle refuse de rester dans
la même équipe que Manuel Valls, alors je vois Marie-Pierre de la Gontrie
prendre le relais. Elle a le brio et l’éloquence pour nous offrir de belles
joutes avec les élus de l’opposition à l’Assemblée Nationale et au Sénat.
Ministre du
Budget : Bernard Cazeneuve. Le poste a besoin de stabilité et a déjà souffert du
passage de Cahuzac. Cazeneuve y a fait du bon boulot depuis, c’est un des rares
à gagner le droit de rester à son poste.
Ministre des
Affaires sociales et de la Santé : Marisol Touraine. Je n’ai rien à
redire sur l’actuelle ministre. Je trouve même qu’elle a bien géré le conflit
avec les sages-femmes (même si ce fut un peu trop long à mon goût).
Ministre de
l'Égalité des territoires et du Logement : Benoit Hamon. Avec la mise en lace d’un
gouvernement resserré, Bercy a perdu de nombreux ministres. Benoît Hamon a fait
le boulot à son ministère et mérite de rester au gouvernement. Si les
écologistes ne veulent pas travailler avec Manuel Valls, alors Hamon peut être
l’homme de la situation. Cécile Duflot a fait passer une belle loi sur le
logement. A Benoît Hamon de mettre en place une politique veillant à lutter
contre l’exclusion du moindre hectare du territoire français, axe essentiel
pour lutter contre la montée du FN en régions.
Ministre de
l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie : Laurence
Rossignol. Volontariste, bien au fait des différents sujets, elle aura la
lourde tâche de réaliser la transition énergétique et de mettre enfin en place
la fermeture de Fessenheim.
Ministre de
l'Intérieur : Jean-Christophe Cambadélis. Je voulais le faire entrer
au gouvernement et il y a un vide béant Place Beauvau suite au départ de Manuel
Valls. En plus, ça fera les pieds à François Rebsamen qui fut loin d’être
solidaire de la politique gouvernemental en tant que président du groupe
socialiste au Sénat.
Ministre des
Droits des femmes : Adeline Hazan. Najat Vallaud-Belkacem partie à la tête
du grand ministère de l’éducation et de la jeunesse, la place est libre. Ce n’est
pas parce que l’on met en place un gouvernement de taille réduite qu’il faut
faire une croix sur l’égalité femme-homme. Seule ombra à sa nomination, sa
récente défaite électorale à Reims.
Ministre du
Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social : François
Chérèque. Je n’ai rien contre Michel Sapin, bien au contraire, surtout qu’il
fut l’un des ministres exemplaires du gouvernement Ayrault. Mais s’il faut
remanier, autant prendre du sang neuf pour les futures discussions avec les
partenaires sociaux, surtout que l’ancien patron de la CFDT a l’habitude de
traiter avec ses homologues de la CGT et de FO.
Ministre de
la Défense : Patricia Adam. Elle est la présidente de la commission
de la défense nationale et des forces armées à l’Assemblée Nationale, donc
devrait être déjà prête pour reprendre le poste. Seul problème, avec le départ
de Le Drian et de Sapin du gouvernement, ça donne l’impression d’un ménage chez
les proches de Hollande.
Ministre de
l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt : Stéphane Le
Foll. S’il ne fallait garder qu’un seul Hollandais historique, ce doit être
Stéphane Le Foll. Bruno Lemaire l’a montré dans son livre « Jours de pouvoir »,
les discussions avec les agriculteurs et avec l’Union Européenne sont longues
et demandent beaucoup d’implications. Laissons Le Foll continuer son travail
dans le calme.
Ministre de
la Culture et de la Communication : Laure Adler. C’est l’ouverture à la
société civile même si l’ancienne directrice de Radio France a déjà travaillé
avec François Mitterrand.
Ministre des
Outre-mer : Ericka Bareigts. Je ne la connais pas mais est la
première femme à diriger une communauté d’agglomérations sur l’Ile de la Réunion
et est députée depuis 2012. Ca donnera un coup de jeune après Victorien Lurel.
Il manque les partis amis comme Europe Ecologie-Les Verts ou le PRG. Pour les écologistes, Cécile Duflot semble faire du lobbying pour boycotter Manuel Valls. L'exercice d'un gouvernement restreint rend ardue la tâche de représenter toutes les composantes de gauche.
Lecteurs "valsso-sceptiques", ce gouvernement vous redonnerait-il un peu confiance (en attendant les premières actions) ?
Pour un autre pronostic, vous pouvez aller lire ce que propose Abadinte ou proposer le votre...
Pas mal... J'avoue que tu fais fort, j'en arrive presque à y croire. 16 ministres, rien que le chiffre, ça fait rêver.
RépondreSupprimerMerci, si je peux servir de conseiller, me contacter par commentaire sur ce billet ;)
SupprimerEt Jean Marc Ayrault? Aucune loi ne l'interdit de redevenir ministre non?
RépondreSupprimerJ'avoue ne pas avoir penser à lui. On dit qu'on lui laisse 1 an de repos bien mérité avant un retour au gouvernement ?
SupprimerBravo. Sauf deux détails, Montebourg aux finances, je n'y crois pas, et Fabius, il ne jour plus ?
RépondreSupprimerMontebourg devrait rester au gouvernement, au moins pour son investissement dans le précédent gouvernement.
SupprimerFabius ??? Il devrait rester, Idem à l'armée Le Drian . Même postes. ;-)
RépondreSupprimerFabius, je le trouvais déjà un peu vieux. Le Drian, ca se discute.
SupprimerBon ... bah ... voilà voilà ...
Supprimeret qui c'est qui avait raison ! :-))
(chui trop fort !!!)
Bravo !
SupprimerJ'ai tout de même quelques pronos proche de la vérité :
Montebourg à l'économie, Touraine Le Foll et Taubira confirmés et NVB à la jeunesse et aux sports ;)