mardi 15 avril 2014

Le ressenti de 2014 n'est pas la vérité de 2017

Dire que le début de quinquennat est difficile pour François Hollande est une lapalissade. Le remaniement ministériel et le changement de Premier Ministre doivent servir de déclic pour amorcer la remontée de la côte de popularité de François Hollande. L'affaire n'est pas simple, surtout quand le Président de la République aurait, d'après l'IFOP, 40 points d'écarts avec son nouveau Premier Ministre. La colère de la gauche radicale, la déception vigilante des écologistes sont des marqueurs forts de la méfiance de partenaires historiques.

La situation n'étant pas au beau fixe, des « lanceurs d'alertes » professionnels s'inquiètent déjà de l'échéance présidentielle de 2017. Certains se sont lancés dans un combat d'écurie, spécialité du Parti Socialiste. En demandant (et en l'obtenant) la tête d'Harlem Désir, en demandant un congrès avancé, certains courants (souvent mal représentés au gouvernement) veulent pouvoir se compter et se montrer. Quelle idée se cache derrière cette accélération de calendrier ? Ceux qui veulent mesurer le poids de leur courant parient-ils déjà sur un échec du nouveau gouvernement et un futur remaniement pour faire entrer au gouvernement certains de leurs chefs de files ? Ou n'ont-ils pas confiance dans leur capacité à mener un véritable travail programmatique pour 2017 alors que les trois quarts des instances du PS sont issus de la motion de rassemblement derrière le gouvernement.

D'autres préparent déjà la présidentielle de 2017 en mettant en doute la capacité de François Hollande à rassembler sur son nom une nouvelle fois, à l'image de Julien Dray. L'idée de Julien Dray est de refaire passer François Hollande au test des primaires citoyennes s'il veut se représenter en 2017. L'idée à peine cachée est de dire que François Hollande ne représenterait plus les socialistes ou les sympathisants de gauche. L'autre sous-entendu est-il qu'il se verrait bien calife à la place du calife, lui qui est absent du paysage politique depuis 2012 ?

Dans tous les cas, rien ne sert de se précipiter. En 2007, Ségolène Royal a perdu au second tour de l'élection présidentielle mais personne ne l'y voyait en 2004. Deux ans plus tard, l'an 2009 ressemble à une année noire pour le Parti Socialiste. Le congrès de 2008 a créé de fortes tensions au sein du PS et les élections européennes de 2009 voient le PS finir légèrement devant la jeune coalition Europe Ecologie-Les Verts et derrière l'UMP au pouvoir. En 2009, nombreux pensaient le PS à l'agonie et impossible d'être d'attaque pour 2012.

Le ressenti de 2014 n'est pas la réalité de 2017. Si dans les 20 derniers mois avant l'élection présidentielle le chômage est en perpétuelle baisse, si les Français ont l'impression d'un pays plus juste, bref si le moral est reparti à la hausse alors les conditions de l'élection de 2017 ne seront pas celles de 2014. François Hollande avait prévu un début de mandat difficile pour redresser la France avant de pouvoir mettre en place une belle politique innovante. Le redressement est peut être plus long à mettre en place que prévu. Les Français, principalement montés les uns contre les autres par l'UMP avec le mariage pour tous, ne sont pas encore apaisés. Mais la route est encore longue et rien ne dit que l'opinion ne va pas évoluer en même temps que la situation du pays. Les Cassandre de gauche ou les prétentieux de droite doivent se méfier. L'avenir n'est pas encore écrit, 2014 n'est ni un aperçu ni une répétition pour 2017.




Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

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