mardi 18 mars 2014

Syrie, 3 ans de conflits, c'est trop !

En 3 ans, des jeunes parents voient leur enfant grandir, apprendre à marcher, découvrir le monde extérieur et entrer à l'école maternelle. En 36 mois, l'adolescent a le temps de découvrir la vie lycéenne et même de passer son bac. Trois années peuvent être le temps d'un jeune couple pour décider de se fiancer et de passer devant le maire. 3 ans, c'est la moitié du mandat municipal que de nombreux amis vont tenter d'exercer en se présentant devant les électeurs ce dimanche et dimanche prochain. Pourtant à 3 600 km de Paris, peu d'enfants auront découvert l'école maternelle pour leur troisième anniversaire, peu d'adolescents auront vécu 3 années lycéennes tranquilles, peu de couples auront débuté une nouvelle vie pleine d'espoir et d'amour et aucun adulte n'aura tenté sa chance dans une campagne électorale.

En 3 ans, la Syrie a sombré dans une guerre civile ignoble. Il y a trois ans, les Tunisiens disaient « dégage ! » à Ben Ali, les Egyptiens mettaient dehors Moubarak, les Lybiens avec l'aide d'armées occidentales liquidaient Khadafi. Dans ce climat exaltant de printemps arabe, on se prenait à rêver d'un jeu de dominos qui destituerait Bachar Al Assad, le président syrien successeur de son père. Dès le début des événements syriens, la peur de la fureur d'Al Assad dont le père n'avait pas hésité à massacrer les habitants de la ville de Hama dans les années 80 avait ressurgi. Les manifestations se finissaient dans des bains de sang et rapidement les places fortes de la rébellion se sont transformées en villes assiégées où les snipers et les chars règnent en maîtres.

En 3 ans, aucune force occidentale n'est venue soutenir le régime d'Al Assad et encore moins l'Armée Syrienne Libre. Certes des voix se sont élevées pour réclamer la fin des combats, le départ de la famille Al Assad du pouvoir, l'arrêt des ventes d'armes. Des organisations humanitaires ont demandé de respecter les médecins, les chirurgiens, tous les personnels soignants qui étaient pris pour cible par les militaires du régime. Des journalistes sont morts en essayant de couvrir les événements, d'autres furent grièvement blessés, enfin certains, dont Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres sont retenus en otages par des rebelles.

En 3 ans, l'attrait pour les révolutions arabes a baissé. L'urgence médiatique n'aime pas ces conflits qui s'éternisent. Aujourd'hui, on préfère s'inquiéter de ces jeunes Français qui s'enrôlent au près de rebelles islamistes extrémistes pour mener une « guerre sainte » contre des adversaires dont ils ne connaissent rien, ni la culture, ni la religion, que de s'alarmer pour les Syriens. Pourtant il doit y avoir environ 146 000 Syriens morts depuis le début du conflit. On estime à 2,5 millions de Syriens qui ont fuit à l'étranger. En tout, l'ONU annonce que 9 millions de Syriens ont du quitter leur domicile.

Cela fait 3 ans que la Syrie est en guerre civile. Aujourd'hui des rebelles « civils » s'affrontent à des rebelles « religieux », tous combattants l'armée régulière du pays. Ces trois années ont détruit la Syrie. Son patrimoine est en passe de devenir un champ de ruine, sa nation est déjà en ruine, la haine ayant remplacé la patrie. Quel que soit le résultat de ce conflit, des séquelles risquent de pourrir la vie syrienne pendant de très nombreuses années. Pourtant, il faut que tout cela cesse, que les combats s'arrêtent le plus tôt pour commencer au plus tôt la reconstruction du pays et de sa nation. Après 3 ans, il faut vraiment que ça cesse. Khalas !



Ce billet a été écrit et publié pour "l'édito des blogueurs" sur Mediavox.fr 

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