En 3 ans, des jeunes parents voient
leur enfant grandir, apprendre à marcher, découvrir le monde
extérieur et entrer à l'école maternelle. En 36 mois, l'adolescent
a le temps de découvrir la vie lycéenne et même de passer son bac.
Trois années peuvent être le temps d'un jeune couple pour décider
de se fiancer et de passer devant le maire. 3 ans, c'est la moitié
du mandat municipal que de nombreux amis vont tenter d'exercer en se
présentant devant les électeurs ce dimanche et dimanche prochain.
Pourtant à 3 600 km de Paris, peu d'enfants auront découvert
l'école maternelle pour leur troisième anniversaire, peu
d'adolescents auront vécu 3 années lycéennes tranquilles, peu de
couples auront débuté une nouvelle vie pleine d'espoir et d'amour
et aucun adulte n'aura tenté sa chance dans une campagne électorale.
En 3 ans, la Syrie a sombré dans une
guerre civile ignoble. Il y a trois ans, les Tunisiens disaient
« dégage ! » à Ben Ali, les Egyptiens mettaient
dehors Moubarak, les Lybiens avec l'aide d'armées occidentales
liquidaient Khadafi. Dans ce climat exaltant de printemps arabe, on
se prenait à rêver d'un jeu de dominos qui destituerait Bachar Al
Assad, le président syrien successeur de son père. Dès le début
des événements syriens, la peur de la fureur d'Al Assad dont le
père n'avait pas hésité à massacrer les habitants de la ville de
Hama dans les années 80 avait ressurgi. Les manifestations se
finissaient dans des bains de sang et rapidement les places fortes de
la rébellion se sont transformées en villes assiégées où les
snipers et les chars règnent en maîtres.
En 3 ans, aucune force occidentale
n'est venue soutenir le régime d'Al Assad et encore moins l'Armée
Syrienne Libre. Certes des voix se sont élevées pour réclamer la
fin des combats, le départ de la famille Al Assad du pouvoir,
l'arrêt des ventes d'armes. Des organisations humanitaires ont
demandé de respecter les médecins, les chirurgiens, tous les
personnels soignants qui étaient pris pour cible par les militaires
du régime. Des journalistes sont morts en essayant de couvrir les
événements, d'autres furent grièvement blessés, enfin certains,
dont Edouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torres
sont retenus en otages
par des rebelles.
En 3 ans, l'attrait pour les
révolutions arabes a baissé. L'urgence médiatique n'aime pas ces
conflits qui s'éternisent. Aujourd'hui, on préfère s'inquiéter de
ces jeunes Français qui s'enrôlent au près de rebelles islamistes
extrémistes pour mener une « guerre sainte » contre des
adversaires dont ils ne connaissent rien, ni la culture, ni la
religion, que de s'alarmer pour les Syriens. Pourtant il doit y avoir
environ 146 000 Syriens morts depuis le début du conflit. On estime à 2,5
millions de Syriens qui ont fuit à l'étranger. En tout, l'ONU
annonce que 9 millions de Syriens ont du quitter leur domicile.
Cela fait 3 ans que la Syrie est en
guerre civile. Aujourd'hui des rebelles « civils »
s'affrontent à des rebelles « religieux », tous
combattants l'armée régulière du pays. Ces trois années ont
détruit la Syrie. Son patrimoine est en passe de devenir un champ de
ruine, sa nation est déjà en ruine, la haine ayant remplacé la
patrie. Quel que soit le résultat de ce conflit, des séquelles
risquent de pourrir la vie syrienne pendant de très nombreuses
années. Pourtant, il faut que tout cela cesse, que les combats
s'arrêtent le plus tôt pour commencer au plus tôt la
reconstruction du pays et de sa nation. Après 3 ans, il faut
vraiment que ça cesse. Khalas !
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