Sarkozy, NKM et les journalistes en 2007 |
A l'UMP, les journalistes tu les aimes
puis tu les quittes. Elle est loin l'époque où Nicolas Sarkozy et
Nathalie Kosciusko-Morizet posaient fièrement à dos de beaux
chevaux devant un troupeau de journalistes promenés dans la remarque
d'un tracteur. Aujourd'hui, est-ce un signe de fébrilité, une perte
de confiance ou l'aveu d'un pouvoir perdu, toujours est-il que les
attaques fusent de plus en plus de la part des rangs de l'UMP vers
les journalistes.
En 2007, Jean-Claude
Gaudin, maire de Marseille et président de l'UMP de l'époque,
n'hésitait pas à qualifier les journalistes de Libération de
personnes repérables à « leur pull-over serpillère, leurs
cheveux longs et leurs ongles sales ». L'attaque était presque
gentille, Nicolas Sarkozy s'autorisait même quelques familiarités
avec Laurent Joffrin (directeur de Libé à l'époque). L'époque
était encore au grand amour, même si ça n'a pas duré longtemps.
Dès le mois de mai 2008, Nicolas Sarkozy s'en prenait ouvertement à
une soit-disante presse d'opposition incluant l'AFP, coupable de de
ne pas avoir publier un communiqué de presse de Frédéric Lefebvre.
A présent que l'UMP a perdu les clefs
de l'Elysée et de Matignon, on sent l'énervement dès le moindre
article qui ne va pas dans leur sens. Récemment, c'était à
Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la Mairie de Paris de
s'énerver contre le journal Le Monde. La candidate parisienne,
surement nostalgique des nombreux journalistes qui suivaient et
buvaient les paroles du candidat Sarkozy durant les campagnes
présidentielles, n'apprécie pas du tout la façon qu'a Béatrice
Gurrey de relater la campagne de l'UMP à Paris. Elle est tellement
déçue de son traitement qu'elle n'hésite pas à se plaindre
publiquement du traitement dont elle serait la victime. La
journaliste du Monde semble portant réaliser plus que correctement
son boulot. Il est difficile de lui reprocher de parler de tension au
sein du groupe UMP, de relater des mots douteux (dont le fameux
« quota COTOREP »), tellement les dérapages et les
dissensions sont palpables au quotidien dans l'entourage de NKM. Ce
n'est pas la journaliste du Monde par exemple qui a décidé de
changer de tête de liste dans un arrondissement à trois semaines du
scrutin...
Dernier épisode en date, la fameuse
« affaire Copé ». L'hebdomadaire Le Point, dirigé par
Franz-Olivier Giesbert, publie un article mettant en cause certains
contrats passés par Jean-François Copé avec une agence de
communication et payés bien au delà du prix du marché. Pour le
président de l'UMP, il serait victime d'une chasse à l'homme et
décide de s'attaquer à toute la presse. Quelqu'un ose critiquer la
façon qu'a l'UMP de dépenser ses millions ? Le président de
l'UMP sous-entend la même chose envers les organes de presse. Pour
Copé, la presse semble gangrénée de conflits d'intérêts et de
mauvaise utilisation de fonds publics. C'est pourquoi il demande la
transparence dans tous les médias.
A écouter Copé, tous les journalistes
se gavent sur les deniers publics et justifient leur travail en
publiant régulièrement des attaques contre l'UMP. Syndrome de
victimisation incroyable quand on voit que Le Point, accusé d'être
en mission commandée pour éliminer Copé, réalise un quart de ses
unes contre le gouvernement actuel. Toute la presse contre l'UMP de
Jean-François Copé ? Même Le Figaro, dirigé et géré par la
famille Dassault et étrangement peu loquace sur les affaires en
cours sur l'achat de votes à Corbeil-Essonnes, fief de Serge
Dassault ? Peut-être même L'Express ou Valeurs Actuelles
seraient des officines gauchistes secrètes. Comment Jean-François
Copé veut-il faire croire qu'il est innocent si sa seule défense
est de crier haut et fort que Franz-Olivier Giesbert, Christophe
Barbier et Yves Thréard sont des snipers tirant à vue sur l'UMP ?
Quelle crédibilité nationale espère
gagner Jean-François Copé en s'attaquant à la liberté de la
presse ? Ce n'est pas en attaquant les journalistes quand des
affaires sortent, quand des suspicions sont publiées ou que des
tensions sont relayées que le président de l'UMP va rassurer les
Français sur sa capacité à respecter l'indépendance des médias.
Rappelons que l'un des nombreux reproches faits à Nicolas Sarkozy
sous son quinquennat était justement sa volonté d'avoir des patrons
de médias à sa botte. En s'attaquant aux journalistes,
Jean-François Copé montre qu'il n'a aucune notion de séparation
des pouvoirs ou des activités ni de séparation des responsabilités.
On attend d'un président de parti politique qu'il sache diriger son
parti pour fournir des idées et des propositions pour faire avancer
le pays et qu'il sache gérer les finances de son parti, parti
largement financé par les deniers publics (entre les réductions
d'impôt pour chaque don ou cotisation personnelle et les
financements publics directs). En revanche on attend d'un organe de
presse qu'il publie une information de qualité, accompagnée
d'analyses, d'enquêtes. Même si les titres de presse reçoivent eux
aussi des subventions publiques, ces titres restent des titres privés
qui ont leur propre ligne éditoriale et dont la principale source de
revenus reste liée à leur lectorat.
L'UMP joue un jeu dangereux en
critiquant l'indépendance des journalistes et la ligne éditoriale
de leur rédaction. Ce n'est pas en se mettant à dos toute une
profession qu'ils arriveront à avoir une couverture bienveillante.
Pour éviter les articles assassins, le plus simple est encore
d'éviter de surpayer des amis ou de créer des équipes électorales
avec des personnalités qui ne peuvent pas s'entendre. Une politique
cohérente, budgétairement encadrée, voilà peut être la solution
pour que les journalistes arrêtent d'écrire des articles négatifs
sur le premier parti d'opposition. On en est encore loin.
"la remarque d'un tracteur" : beau lapsus.
RépondreSupprimerPour le reste on est d'accord à un détail près : il n'a plus rien à perdre mais se met dans la poche les réacs qui pensent que tous les médias sont à gauche...
Il joue le jeu de l'extrême-droite plus que celui des réacs en disant que les journalistes sont tous des pourris
SupprimerJ'avais oublié cette fameuse balade à cheval, grandiose.
RépondreSupprimerNicolas, je ne suis pas sûr que les réacs apprécient beaucoup Copé.
Non, ils ne l'apprécient pas franchement mais il reste le chef de la partie dure de l'UMP. Avec ce truc, il se pose en victime.
SupprimerVoila, il va gagner quelques points à droite de la droite, pas sur que ca lui suffise
Supprimer"L'UMP joue un jeu dangereux en critiquant l'indépendance des journalistes et la ligne éditoriale de leur rédaction" ...
RépondreSupprimerC'est l'hôpital qui se fout de la charité, là ?!
Si on avait une presse indépendante, elle placerait l'ensemble des politocards sous étroite surveillance et les juristes qui les couvrent auraient à répondre de leurs pratiques. Les gens qui la dirigent ne bâfreraient pas des petits fours en si mauvaise compagnie et n'auraient pas à se plaindre de la voir couler à pic en invoquant la concurrence des journaux gratuits et du web. A voir ce que sont devenus Libé, Le Monde, et même Marianne, vidés de leur substance pour devenir des instruments de propag' comme les autres, on comprend que la presse française traverse une crise...
Ce n'est pas ce qu'ils sont devenus le problème. Libé et Marianne ont toujours eu des idées de gauche, comme Le Point, le Figaro et Valeurs actuelles des idées de droite.
SupprimerContrairement à Sarko, Copé ne fait. Peur à personne dans le milieu des médias car il n'a aucune chance d'être élu président, et n'en a jamais eu . Je n'ai pas réussi encore à lire un billet ou un article soutenant un tant soit peu Copé, même et surtout à droite. C'est en effet une mort politique comme j'ai lu ailleurs, désolé je ne me souviens plus...merci de me compléter.
RépondreSupprimerLa photo est une très bonne illustration. La presse politique était alors sarkodependante, ridicule voire plus
A droite, peu de billet pour soutenir Copé mais des billets allant dans son sens sur le thème "journalistes tous pourris". Il gagne donc surement des points à la droite de la droite
SupprimerCopé est à Sarko ce que Rocard était à Mitterrand : l'allié mais le rival, l'ennemi juré. A la différence que ces deux-là étaient d'une autre intelligence. Copé est un populiste de type "les pieds dans le plat, plus c'est gros plus ça passe". Il sait que l'électorat est majoritairement con, il a l'exemple des Balkany, Pasqua, Dassault, Tiberi, Gaudin, pros de la magouille et toujours élus et réélus. Il sait aussi que la droite de la droite est appelée à grimper avec le fossé qui ne va plus cesser de se creuser entre les boomers et les jeunes, phénomène palpable notamment en PACA. Là où Fillon s'est grillé en posant en famille devant son château (ça pouvait passer sous Giscard, le côté féodal, mais de nos jours ça la fiche mal), Copé se veut dans le coup, aux côtés des vieux friqués qui ont peur des jeunots et qui ont compris qu'à l'inverse de Sarko, il ne tirera pas à gauche même pour se faire des trophées. Il lui reste à conquérir les beaufs, territoire d'élection de son challenger.
Supprimer