jeudi 29 août 2013

Il fallait aller en Syrie

Il fallait y aller, il était de notre devoir d'intervenir en Syrie. Non pas en tant que colonialiste, non pas en tant que peuple détenant la vérité et donneur de leçon, non pas en tant qu'accélérateur de l'histoire, mais en tant que protecteur. Le 11 septembre 2011, je souhaitais un joyeux anniversaire à Bachar al Assad en lui demandant de dégager en espérant que son départ mettrait fin aux massacres en Syrie qui avaient déjà fait 2 200 morts.

Quelques semaines plus tard, le 9 décembre 2011 et alors que je m'inquiétais du sort de la blogueuse Razan Ghazzawi, le compteur avait largement eu le temps de tourner et indiquait déjà 4 000 décès dont des centaines d'enfants.
Le 23 février 2012, la ville de Homs et d'autres vivaient de véritables sièges organisés par l'armée syrienne où des pluies d'obus s'abattaient sur la ville, sans discerner combattants rebelles ou citoyens sans endroit où s'exiler. Ma conclusion de l'époque était alarmiste : "Il semble tragiquement évident que si personne n'agit, Bachar Al Assad va rayer de la carte des pans entiers de son pays."

Le 16 avril 2012, je participais à la première vague blanche pour la Syrie, pour dire "STOP" aux massacres en Syrie. Cette action organisée par la FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme) et la LDH (Ligue des Droits de l'Homme), organisation que je ne classerais pas parmi les plus grands impérialistes de ce monde, voulait alerter les Français qu'il devenait urgent d'agir autrement qu'en envoyant des observateurs pour garantir la sécurité des Syriens.

Le 30 juillet 2012, c'était autour de Médecins du Monde de demander que des pays interviennent au moins pour garantir l'accès au soin des civils et le travail et la sécurité des ONG médicales sur place. Il faut dire que ces hôpitaux de fortune étaient souvent pris pour cible puisque l'armée d'état avait décidé que ce n'était que des caches pour "terroristes islamistes".

Le 9 août 2012, on apprenait que la France envoyait du matériel et des hommes pour venir en aide aux réfugiés présents de l'autre côté des frontières syriennes. Ces premières actions françaises entamées par notre nouveau gouvernement socialiste me redonnait de l'espoir, de l'espoir dans une action pacifique pour essayer si ce n'est pas de résoudre le conflit, au moins d'aider les innocentes victimes civiles. J'espérais que ces premières actions allaient démontrer l'inutilité de partir en guerre et que l'on pouvait encore croire en des solutions non violentes.

Le 25 février 2013, l'espoir estival s'en était allé. A l'occasion de la mort du reporter français Olivier Voisin, je reconnaissais que la longueur du conflit et l'inaction de l'ONU ou de la Ligue Arabe faisait que ce conflit sombrait dans l'oubli.
Quelques jours plus tard, à l'occasion de la vague blanche du 15 mars, je me faisais officiellement à l'idée que tout était trop tard. Après 2 ans de conflit, comment revenir à une situation normale ? Comment croire que le pays va pouvoir renaitre de ses cendres alors que la population est toujours autant divisée ? Comment imaginer même la réorganisation du pays sans vengeances, meurtres et autres représailles ?

Aujourd'hui, Américains, Français Anglais et surement d'autres se préparent à intervenir militairement. Il leur aura fallu 2 ans et demi et 110 000 morts pour se convaincre que ce qu'il se passait en Syrie était inadmissible. François Hollande veut intervenir pour punir le gouvernement d'Al Assad d'avoir utilisé des armes chimiques et ainsi de dissuader tout autre pays du globe d'utiliser ce type d'arme. Barack Obama a quant à lui annonçait qu'il ne s'engagerait pas là bas pour renverser Bachar Al Assad. Nous nous orientons donc vers une guerre sans d'autres objectifs que de dire : "tuez-vous mais élégamment s'il vous plaît !"
Pour rendre un peu plus intenable cette posture de donneur de leçons, Rosaelle nous rappelle que pour être crédible dans le combat contre les armes chimiques, il aurait peut être fallu agir contre tous ceux qui ont utilisé dernièrement des munitions au phosphore...

Il fallait y aller, il était de notre devoir d'intervenir, mais n'est-il pas trop tard pour que cette action servent à quelque chose ? N'y a-t-il pas d'autres moyens que d'entrer en guerre pour protéger des civils ? D'ailleurs, en allant bombarder la Syrie, combien de nouvelles victimes innocentes allons nous ajouter au macabre décompte ?

2 commentaires:

  1. "Il fallait y aller, il était de notre devoir d'intervenir", bon que je sache, nous n y sommes pas encore.

    Ceci dit, nous sommes d accord, que d'hypocrisies dans cette affaire assez bien résumé avec ton "tuez-vous mais élégamment s'il vous plaît !"

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    1. C'est assez rare pour le souligner, nous sommes d'accord.

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