vendredi 30 août 2013

Droit de vote des étrangers, la droite pas droite dans ses bottes

Il y a certaines situations politiques assez comiques, souvent grâce à des prises de positions de notre chère droite. Par exemple, un sujet revient régulièrement sur le tapis, le droit de vote pour les étrangers extra-communautaires. Aujourd'hui, ne peut voter aux élections nationales que les citoyens français et ne peuvent voter aux élections locales que les citoyens de l'Union Européenne. En résumé, les Canadiens, les Algériens ou les Chinois ne pourront voter en France même s'ils sont implantés depuis plusieurs années dans le pays. 

Une des raisons de ce choix se résume dans les prises de positions de l'UMP qui avait le dernier mot ces dix dernières années. Par exemple en 2011, l'avocat Arno Klarsfeld expliquait que : "Les étrangers désireux de participer électoralement à la vie française ont le choix de la naturalisation. Voilà pourquoi je suis hostile au droit de vote des étrangers.
Peut-être plus crédible qu'un avocat - tête de liste people au élections locales, il nous faut écouter un ministre du gouvernement Sarkozy et proche de l'UDI, Hervé Morin : "Plutôt que d'accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales. D'abord et avant tout, il faut améliorer les conditions de naturalisation et qu'on n'ait pas des parcours du combattant incroyables pour celles et ceux qui veulent intégrer totalement la communauté nationale au point d'en acquérir la nationalité."
Ces déclarations sont confirmées par le principal parti d'opposition qui appelle à signer une pétition sur le sujet puisque "c'est contraire à notre tradition républicaine En France, le droit de vote est depuis toujours indissociable de la citoyenneté. C'est en accédant à la nationalité française qu'on accède au droit de vote."

J'avoue, deux des citations sont extraites de discours prononcés en 2011. Cela laisse le temps aux personnes citées de changer d'avis. Mais cela laisse surtout le temps aux opposants du droit de vote aux étrangers d'affuter leurs arguments et de changer d'avis.

Rappelons-nous 2011, la gauche est dans l'opposition, la LDH milite pour que tous les étrangers présents dans une commune depuis un certains nombre d'années aient le droit de choisir le représentant local. Comme l'ont montré les quelques citations précédentes (il y en a bien d'autres), la droite au pouvoir en 2011 a toujours préféré se retrancher derrière le prétexte de l'accès à la nationalité. En résumé, soit on accepte toute les règles françaises et celles de son pays d'origine, quitte à perdre officiellement une de ses nationalités, soit on reste définitivement un étranger qui n'a pas le droit de s'exprimer sur la tenue de sa commune (malgré les impôts locaux et taxes foncières que l'on peut débourser pour la mairie).

Etrangement, depuis le 6 mai 2012, le ministère de l'Intérieur a entendu les demandes des militants pro-vote pour tous (aux élections locales) et a entendu également les remarques des prédécesseurs au pouvoir. Résultat, aujourd'hui Manuel Valls annonce qu'il va revenir sur la politique d'immigration de son prédécesseur puisqu'il aurait fait preuve d’« un manque de transparence et de justesse dans l'appréciation » de l'accès à la nationalité.

Sans surprise, la droite s'offusque. Comment oser donner la nationalité française à ces étrangers qui vivent depuis plusieurs années sur le territoire français ? Bien sur, la meilleur réaction vient de notre Nadine Morano préférée qui n'hésite pas grâce à son compte Twitter d'exprimer la plus vive réticence à voir des étrangers être naturalisé.


Comme il fallait le prévoir, voici le véritable visage de la droite. Il est facile de refuser le droit de vote à des personnes qui vivent dans la même commune depuis des dizaines d'années en se cachant sous un faux prétexte. La position est moins tenable quand on vous explique que dans ce cas, commençons par naturaliser ceux qui le souhaitent (quitte à ce qu'ils perdent leur nationalité d'origine). 

En revanche, quelle crédibilité accorder à ces hommes et ces femmes politiques qui réclament la naturalisation des étrangers quand ils sont au pouvoir et qui fustigent cette même naturalisation quand ils sont dans l'opposition ?

Je suis un fervent défenseur du droit de vote des étrangers à condition qu'ils aient vécu assez longtemps sur le territoire français, je peux comprendre qu'il soit plus simple de naturaliser les plus anciens habitants étrangers que de donner le droit de vote à tous les étrangers vivant en France depuis un certains temps. En revanche, il faut être un minimum cohérent et arrêter de s'offusquer alors qu'un gouvernement suit les recommandations de plusieurs membres de l'ancien gouvernement.

Madame Morano, Monsieur Morin et bien d'autres, soyez honnêtes, annoncez que vous ne voulez pas accorder le droit de vote aux étrangers et encore moins s'ils présentent la moindre singularité avec vos traditions. 

Ce n'est pas être communautaire que de vouloir écouter toutes les opinions d'une ville ou d'un département, ce n'est pas être anti-patriote que de vouloir écouter son voisin étranger, en revanche c'est d'être de mauvaise foi que de refuser d'accepter la réalité, que de refuser d'accepter la seule solution prononcée par vous durant les 5 précédentes années.
Vous avez gagné pour ne pas augmenter le nombre d'électeurs aux municipales 2014. Mais qu'est ce qu'une élection devant la liberté d'expression des citoyens étrangers dans les années à venir ? Pour une élection municipale 2014 toujours restreinte, combien d'élections futures ouvertes à tous les résidents des communes et territoires de France ?

Ouvrir la naturalisation comme le propose Manuel Valls est une mesure juste. Elle n'est pas suffisante, mais elle va au moins dans la même direction que ce que proposait l'ancien gouvernement. Il est donc nécessaire de les écouter expliquer qu'il est scandaleux de naturaliser des étrangers alors qu'il s'agissait de la seule solution possible annoncée...

jeudi 29 août 2013

Il fallait aller en Syrie

Il fallait y aller, il était de notre devoir d'intervenir en Syrie. Non pas en tant que colonialiste, non pas en tant que peuple détenant la vérité et donneur de leçon, non pas en tant qu'accélérateur de l'histoire, mais en tant que protecteur. Le 11 septembre 2011, je souhaitais un joyeux anniversaire à Bachar al Assad en lui demandant de dégager en espérant que son départ mettrait fin aux massacres en Syrie qui avaient déjà fait 2 200 morts.

Quelques semaines plus tard, le 9 décembre 2011 et alors que je m'inquiétais du sort de la blogueuse Razan Ghazzawi, le compteur avait largement eu le temps de tourner et indiquait déjà 4 000 décès dont des centaines d'enfants.
Le 23 février 2012, la ville de Homs et d'autres vivaient de véritables sièges organisés par l'armée syrienne où des pluies d'obus s'abattaient sur la ville, sans discerner combattants rebelles ou citoyens sans endroit où s'exiler. Ma conclusion de l'époque était alarmiste : "Il semble tragiquement évident que si personne n'agit, Bachar Al Assad va rayer de la carte des pans entiers de son pays."

Le 16 avril 2012, je participais à la première vague blanche pour la Syrie, pour dire "STOP" aux massacres en Syrie. Cette action organisée par la FIDH (Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme) et la LDH (Ligue des Droits de l'Homme), organisation que je ne classerais pas parmi les plus grands impérialistes de ce monde, voulait alerter les Français qu'il devenait urgent d'agir autrement qu'en envoyant des observateurs pour garantir la sécurité des Syriens.

Le 30 juillet 2012, c'était autour de Médecins du Monde de demander que des pays interviennent au moins pour garantir l'accès au soin des civils et le travail et la sécurité des ONG médicales sur place. Il faut dire que ces hôpitaux de fortune étaient souvent pris pour cible puisque l'armée d'état avait décidé que ce n'était que des caches pour "terroristes islamistes".

Le 9 août 2012, on apprenait que la France envoyait du matériel et des hommes pour venir en aide aux réfugiés présents de l'autre côté des frontières syriennes. Ces premières actions françaises entamées par notre nouveau gouvernement socialiste me redonnait de l'espoir, de l'espoir dans une action pacifique pour essayer si ce n'est pas de résoudre le conflit, au moins d'aider les innocentes victimes civiles. J'espérais que ces premières actions allaient démontrer l'inutilité de partir en guerre et que l'on pouvait encore croire en des solutions non violentes.

Le 25 février 2013, l'espoir estival s'en était allé. A l'occasion de la mort du reporter français Olivier Voisin, je reconnaissais que la longueur du conflit et l'inaction de l'ONU ou de la Ligue Arabe faisait que ce conflit sombrait dans l'oubli.
Quelques jours plus tard, à l'occasion de la vague blanche du 15 mars, je me faisais officiellement à l'idée que tout était trop tard. Après 2 ans de conflit, comment revenir à une situation normale ? Comment croire que le pays va pouvoir renaitre de ses cendres alors que la population est toujours autant divisée ? Comment imaginer même la réorganisation du pays sans vengeances, meurtres et autres représailles ?

Aujourd'hui, Américains, Français Anglais et surement d'autres se préparent à intervenir militairement. Il leur aura fallu 2 ans et demi et 110 000 morts pour se convaincre que ce qu'il se passait en Syrie était inadmissible. François Hollande veut intervenir pour punir le gouvernement d'Al Assad d'avoir utilisé des armes chimiques et ainsi de dissuader tout autre pays du globe d'utiliser ce type d'arme. Barack Obama a quant à lui annonçait qu'il ne s'engagerait pas là bas pour renverser Bachar Al Assad. Nous nous orientons donc vers une guerre sans d'autres objectifs que de dire : "tuez-vous mais élégamment s'il vous plaît !"
Pour rendre un peu plus intenable cette posture de donneur de leçons, Rosaelle nous rappelle que pour être crédible dans le combat contre les armes chimiques, il aurait peut être fallu agir contre tous ceux qui ont utilisé dernièrement des munitions au phosphore...

Il fallait y aller, il était de notre devoir d'intervenir, mais n'est-il pas trop tard pour que cette action servent à quelque chose ? N'y a-t-il pas d'autres moyens que d'entrer en guerre pour protéger des civils ? D'ailleurs, en allant bombarder la Syrie, combien de nouvelles victimes innocentes allons nous ajouter au macabre décompte ?

mercredi 28 août 2013

Retraites, quand Ayrault écoute Aubry

Je me souviens de l'année 2010, quand je passais plusieurs journées par mois à arpenter le pavé parisien pour défendre une autre réforme des retraites. A cette époque, on se félicitait de voir toute la gauche réunie pour combattre la réforme du gouvernement, du NPA au PS en passant par Europe Ecologie – Les Verts, tous les partis politiques de gauche étaient présents aux côtés des syndicats SUD, CGT, FO, CFTC, CFDT et d'autres. A l'époque, le PS n'était pourtant pas le bienvenu par tous les syndicats et des critiques assez dures étaient déjà émises par Sud ou la CGT.

En 2010, Martine Aubry et le PS défilaient non pas pour dire qu'il était opposé à toute réforme des retraites mais pour montrer qu'une autre réforme était possible. Cette réforme proposait :
  • une mise à contribution des revenus du capital,
  • une hausse modérée et progressive des cotisations sociales et patronales,
  • la prise en compte de l'allongement de l'espérance de vie avec une règle simple, pour chaque année d'espérance de vie supplémentaire, 6 mois de cotisation en plus et 6 mois de retraite en plus,
  • une mise en place de bonus pour inciter ceux qui le souhaitent à partir plus tard,
  • un plan pour l'emploi des seniors,
  • le maintien de l'âge légal de départ à 60 ans.

Trois ans plus tard, le PS est au pouvoir. Après être revenu dès les premiers jours sur l'âge légal de départ à la retraite et après avoir mis en place des premières mesures pour l'emploi des seniors (principalement grâce au contrat de générations), il était temps d'entrer dans le vif du sujet avec la mise en place d'une véritable réforme des retraites. Jean-MarcAyrault a donc annoncé ce soir les principales mesures de cette réforme tant attendue.

Sans trop de surprise, il va être demandé de travailler plus longtemps. En revanche finies les réformes qui impactent ceux qui sont les plus proches de la retraites. Les personnes nées avant 1973 ne travailleront pas un trimestre de plus que ce qui a été prévue lors de la réforme de 2010. En revanche, ensuite il faudra cotiser 43 années pour avoir le droit à une retraite pleine. Autre mesure annoncée, l'augmentation des cotisations. Elles augmenteront de 0,15 point l'année prochaine puis de 0,05 point jusqu'à la fin du quinquennat.
Ces deux mesures vont surement être les plus emblématiques et les plus contestées. Elles sont pourtant dans le programme du PS depuis 2010 et étaient donc quasi inéluctables.

Il était nécessaire de prendre réellement en compte la pénibilité. Sur ce point, je ne sais pas si l'idée va fonctionner ou sera nécessaire mais le principe est intéressant. Chaque employé aura un « compte personnel de prévention de la pénibilité » sur lequel il pourra cumuler des points par trimestre d'exposition à une activité reconnue comme pénible. Ce compte permettra au salarié soit de financer une formation afin de changer d'activité soit de travailler à temps partiel sur la fin de sa carrière en utilisant ce compte pour financer l'écart de salaire. Le financement de ce compte devrait être réalisé par les entreprises.

Une des principales critiques du PS en 2010 et une des principales craintes cette année était le sort réservé aux femmes. Traditionnellement, ce sont elles qui souffrent le plus de chaque nouvelle réforme. Elles sont moins bien payées en moyenne que les hommes, elles sont largement majoritaires dans les postes à temps partiel et elles ont le plus souvent une maternité à gérer. Pour cela, le nombre d'heures nécessaires pour acquérir un trimestre va descendre de 200 à 150 heures. La maternité sera elle aussi mieux prises en compte.

Enfin, dans un soucis de simplification de l'information sur l'état des cotisations des employés, un compte retraite unique va être créé pour connaître l'état de ses cotisations sur toute sa carrière, quels que soient les secteurs d'activités (ceux qui ont vu Mammuth peuvent comprendre comment ce compte va être utile).

Tout ceci n'est bien sur qu'un projet de reforme. Il restera aux parlementaires de débattre et d'amender cette proposition. Personnellement, je trouve que le gouvernement respecte assez bien les propositions du PS de 2010. Je ne doute pas que ce sujet va revenir régulièrement dans ce blog dans les mois à venir, mon avis évoluera peut être sur le sujet mais à chaud, pour le moment, je suis sur la même longueur que la CFDT et heureux de voir qu'une autre réforme des retraites est possible.

lundi 26 août 2013

Estrosi, l'inventaire de Sarkozy fait homme

Si certains cadres de l’UMP s’essayent à se lancer dans l’inventaire et donc l’analyse de l’ère Sarkozy, nombreux se montrent plus qu’hostiles au processus. Sans grande surprise, on retrouve parmi les plus réticents les figures du Sarkozysme, ces grandes gueules qui semblent tout oser sauf la réflexion politique. Ce n’est pas si étonnant puisqu’ils reproduisent chacun les grandes lignes de leur maitre. Parmi eux, Christian Estrosi s’est encore distingué. Le maire de Nice est un spécimen d’étude hors paire tant il semble impossible de sortir du moule Sarko. On retrouve chez lui tous les marqueurs du sarkozysme.

La stigmatisation pour draguer le FN
En juillet, le maire de Nice propose un manuel aux maires pour lutter contre les gens du voyage qui « squattent illégalement » leur commune. Dans son manuel, Estrosi donne 20 actions qu’il a testé lui-même pour lutter contre ces « délinquants ». Le même jour, il déclara que l’islam était une religion incompatible avec la démocratie, mais bien sur, tous ces propos n’ont pas pour but de chasser sur le terrain du FN…
Sur les gens du voyage, pour Estrosi les problèmes ne peuvent venir que de ces gens qui n’ont pas le même mode de vie que lui, tout comme le disait Sarkozy à Grenoble un jour de juillet 2011. Comme Sarkozy, le brave Estrosi n’hésite pas à donner des chiffres qui montrent hélas l’inefficacité de sa méthode. Dans son manuel, il explique clairement que tous les ans il force l’évacuation de plus de 40 campements. C'est-à-dire que sa méthode n’empêche en rien la venue de ces personnes qu’il juge indésirable chez lui.

Gouverner selon les sondages
Les rentrées politiques se suivent et se ressemblent chez Christian Estrosi. La principale cible est donc toujours Christiane Taubira qui veut « vider les prisons et supprimer le code pénal » puisqu’elle veut toucher au dogme du « tout détention ». Par exemple, quand il veut critiquer la future suppression des peines planchers, il s’appuie sur ces « 71% des Français qui sont pour qu’on les maintienne ».
Comme pour Sarkozy, le sondage TNS-Sofres fait office de boussole. Inutile d’avoir une vision à long terme, ni même une idée sur un sujet, l’important est d’aller dans le sens des sondages.

La récidive
Toujours sur les questions de justice, le seul et unique problème est la récidive. Si je comprends bien ce que veut Estrosi, c’est empêcher toute personne condamnée de sortir afin de garantir qu’elle ne récidive jamais. Ce week-end, il prenait en exemple le cas d’un cambrioleur accusé du meurtre d’un retraité. Cette personne serait « 10 fois récidivistes ».
Comme Sarkozy, Christian Estrosi voit et emploie à tout bout de champs des récidivistes. Dans le cas du meurtre de Marignane, j’imagine mal que l’auteur présumé des faits en soit à son dixième assassinat, donc je suppose qu’il parle d’une personne dix fois condamné pour vol. Manque de chance, il semblerait d’après Libération que la personne interpellée ait eu déjà le droit à 3 condamnations par un tribunal pour enfants. Mais laissons excusons l’exagération, puisque quel que soit le nombre de condamnations, si faute il y a pour une politique tenue, ce n’est pas celle que Christiane Taubira veut mettre en place mais plutôt celle qui a accompagné la jeunesse de ce délinquant. L’interpellé a 18 ans, la droite fut au pouvoir durant 10 ans, comment est-il possible qu’avec la trentaine de loi sécuritaire ce jeune homme ait pu devenir un délinquant multi-récidiviste ?

Le mélange des genres
Entre son rôle de maire de Nice, de député, de président de la métropole niçoise, de vice-président de l’UMP et de président de l’Association des Amis de Nicolas Sarkozy, il est difficile de savoir avec quelle casquette le perosnnage agit. Ce mélange des genres nous rappelle, entre autre, le Sarkozy époque ministre du budget et porte-parole du candidat Balladur.
Ce mélange des genres n’amène que rarement des bonnes surprises. Pour Estrosi, ceci est synonyme d’une plainte de la part d’un militant d’Anticor pour détournement de fonds publics ou de nombreuses interrogations sur certains de ses déplacements.

De nombreux socialistes ont raillé le droit d’inventaire qu’essaye de mettre en place la droite. Je ne suis pas d’accord avec eux. Cette action ne peut que leur être bénéfique. Si le travail est bien fait, l’UMP devrait comprendre qu’il faut arrêter de jouer à Sarkozy et donc déciderait peut être de ne plus donner d’importance à ces clones de Sarkozy.

dimanche 25 août 2013

Taubira superstar


Christiane Taubira à La Rochelle
L'événement était noté dans mon agenda depuis la publication du programme de l'université d'été du PS à plus d'un titre. Traditionnellement, ce sont les ateliers ayant pour thème la Justice qui m'intéressent le plus (j'ai d'ailleurs encore en mémoire la projection du film sur l'activité du Contrôleur général des lieux de privation de liberté et le débat qui suivit en 2011). De plus cette année, coup de chance, l'atelier au nom le plus accrocheur traitait du sujet : « Justice partout, ingérence nulle part ». Enfin, une des ministres, si ce n'est LA ministre, préférée du peuple de gauche, Christiane Taubira, est l'intervenante principale. De nombreux agendas devaient être similaire au mien puisque l'atelier fut déplacé dans l'auditorium Michel Crépeau, la deuxième plus grande salle de ces universités estivales, et cet auditorium fit salle comble, certains militants se sont même vus refuser l'accès faute de place.

L'après-midi avait bien commencé pour Christiane Taubira puisqu'elle eut le droit à l'un des meilleurs comités d'accueil à l'Espace Encan entre nuée de caméras et nombre de militants scandant son nom et l'applaudissant à son passage. Le message est clair, Christiane Taubira (qui n'est pas encartée au Parti Socialiste) est bien LA chouchou des militants, loin devant Valls, Montebourg et même Royal. Signe fort de sa popularité, la ministre de la Justice aura le plaisir de voir au premier rang du public une ancienne camarade de gouvernement, Martine Aubry.

Symbole de l'impatience des militants, alors que pour tous les autres ateliers, le ministre en charge du sujet était le dernier orateur, passant après les différents invités, pour cet atelier uniquement, la parole fut donnée immédiatement à la Garde des Sceaux. Le contenu de son discours allia simplicité, pédagogie et intimité. Si le point à aborder est léger, elle minaude, si le point est ardu, elle explique calmement et clairement, si le point est une réponse aux attaques de l'opposition, elle n'hésite pas à monter le volume et à se défendre, voire attaquer, vertement.

Sur la méthode, Christiane Taubira nous a expliqué certaines de ses volontés comme la volonté de réaliser une grande réforme (« de tout mettre dans la brouette ») et non une multitude de petites lois (comme la tant attendue suppression des peines planchers). Cette volonté de tout regrouper permet aussi d'avoir au moment de l'examen du projet de loi au Parlement toutes les données pour débattre sur le sujet. Autre volonté ministérielle qui suit également la démarche chère à François Hollande, le besoin de synthèse. C'est pourquoi en plus des différentes commissions et autres groupes de travail, le ministère a mis en place un « Jury de consensus » regroupant différents représentant du monde judiciaire mais aussi un commissaire divisionnaire et un commandant de gendarmerie. Preuve, s'il l'était encore nécessaire, du travail réalisé en lien avec ceux qui ont pour objectif de faire respecter l'ordre et faire régner la sécurité.

Sur le fond, Christiane Taubira a fourni énormément d'informations également. La première sur la population pénitencière annonçant la création de 6 500 places de prison supplémentaires. Elle est également revenue sur la volonté de l'ancien gouvernement de créer 80 000 nouvelles places sans qu'aucun financement n'ait été prévu à l'époque (soit 20 milliards d'euros à trouver pour la réalisation de cet objectif).
La ministre a tenu a rassuré les sceptiques (ils n'étaient pas nombreux dans la salle), si les peines planchers seront abolies, les articles du code pénal prévoyant le doublement des peines en cas de récidive ne seront pas touchés par la réforme.
Que ce soit pour les peines planchers ou pour les remises en liberté, la réforme se veut être la fin de l'automaticité. La fin des peines planchers provoquera un retour à l'indivisualisation des peines et permettra une meilleure prise en compte (grâce à une meilleure mise à disposition des informations) des dossiers personnels afin de permettre au juge de définir la peine la mieux adaptée aux cas de chaque condamné. Les fins de peine seront également revues. D'après les analyses de la ministre, c'est parce que 90 % des détenus ont une sortie sèche (donc un retour brutale et non accompagnée à la liberté) qu'ils sont des récidivistes en puissance. Un des axes de cette réforme sera donc de prévoir des dispositifs de sortie progressive (par exemple en laissant un détenu sortir la journée pour aller travailler tout en l'obligeant à rentrer chaque soir dans sa cellule).
Enfin, et ceci peut toujours être mis sous le signe de la fin de l'automaticité, la fin de la détention comme l'alpha et l'omega de la palette des peines. Sanctionner ne doit plus être systématiquement synonyme de détention.

Sans surprise, à la fin de son exposé, c'est un auditorium en délire qui s'est levé comme une seule personne pour applaudir la ministre. Je suis sur que l'espoir qu'a fait naitre Christiane Taubira durant les débats pour le mariage pour tous dans le cœur du peuple de gauche s'est intensifié en ce samedi 24 août en la voyant défendre sa réforme pénale.

Affiche du PRG
pour l'élection présidentielle 2002
La popularité justifiée de Christiane Taubira à gauche est absolument remarquable. Il ne faut pas oublier que durant les 10 dernières années, elle a été considérée comme en partie responsable de l'absence de Lionel Jospin au second tour de l'élection présidentielle de 2002. Plus que Dominique Voynet, plus que Jean-Pierre Chevènement, c'est la candidate du PRG qui a cristallisé les tensions et les griefs. J'en viens à me poser la question, et si nous nous étions trompés en 2002 ? Ne faut-il pas relire l'histoire à la lumière des informations récentes ? Ne serait-ce pas Lionel Jospin qui a fait perdre Christiane Taubira et ainsi la gauche ? Moi le premier, j'ai surement pêché par ignorance. J'avoue n'avoir jamais vraiment cherché à connaître Christiane Taubira avant 2012. Son livre « Mes météores » montre son passé, son caractère. C'est cette Christiane Taubira que la France découvre depuis un an à la tête du ministère de la Justice. Je me dis que c'est cette Christiane Taubira qui aurait pu mener la Gauche au combat de l'élection présidentielle. Son énergie et sa volonté aidée par la puissance de feu de l'appareil PS auraient fait d'elle une candidate intouchable. Je ne vais pas refaire le monde avec des « si », mais avec ce cas de figure, l'argument massue du « vote utile » n'aurait peut-être jamais vu le jour, le FN n'aurait peut-être jamais gouté aux joies d'un second tour, un Nicolas Sarkozy n'aurait peut-être jamais réussi à devenir ce qu'il est devenu...

Toujours est-il qu'il est impossible de revenir sur le passé. C'est même de tout ce passif qu'a émergé aux yeux de la France entière cette personnalité incroyable qu'est Christiane Taubira. J'ai ainsi l'espoir que l'on tient aujourd'hui la Garde des Sceaux qui va faire entrer la Justice dans le XXIème siècle en mettant en place toutes les conditions nécessaires pour une Justice plus libre, plus juste, plus moderne.

La grappe, mode de vie rochelais ? #UEPS

Aller à La Rochelle fin août permet de découvrir de nouvelles coutumes comme la mode de la grappe. Cette technique semble très pratique pour se protéger du soleil mais pas ultime pour profiter du paysage. Pour réussir à se diriger sans aucune visibilité, la grappe se dirige au bruit des applaudissements, claque à gauche, on dévie à droite, claques à droite, on dévie vers la gauche. En cas d'applaudissements frontaux, deux solutions, le passage en force ou l'étude approfondie du terrain pour décider de la direction. La grappe n'avançant pas très rapidement, la prise de décision est plus facile que ce que la description laisse supposer.

Ségolène Royal allant à l'aquarium de la Rochelle

Chritiane Taubira se rendant à son atelier


Comme on peut s'en douter, le déplacement en grappe amène une certaine confiance et sécurité grâce à un entourage présent et compact. Il donc important de ne pas se retrouver seul trop rapidement. Pour cela la solution la plus simple est d'adapter la grappe à la position assise. Comme la grappe debout, la grappe assise n'offre pas toujours une grande visibilité mais c'est le prix à payer pour ce sentiment de sécurité.
Séance plénière et salle pleine pour Manuel Valls

Grappe tout confort autour de Christiane Taubira
Bien sur, tout le monde n'a pas adopté cette façon de faire et ces personnes peuvent se sentir seules. Mais pas de craintes à avoir, ce singularisme leur permet de tenir un discours plus facilement audible.
Najat Vallaud-Belkacem

Jean-Pierre Sueur,
président de la commission des lois au Sénat

samedi 24 août 2013

De Ségo à Ségol, récit d'une première journée rochelaise #UEPS

NVB faisant la tournée des chaines infos
Ca fait 20 ans que ça dure, tous les ans à la fin du mois d'août, la ville de la Rochelle est envahie d'affreux gauchistes venus refaire le monde. Si l'an dernier, l'édition était particulière et devait surement ressembler à un week-end d'auto-congratulations après les belles victoires à la présidentielle et aux législatives, cette année le programme est plus ouvert puisqu'il faut :
  • défendre la première année d'actions gouvernementales (la totalité des ministres socialistes et radicaux de gauche sont présents si je ne m'abuse),
  • se mettre en ordre de marche pour les prochaines municipales (et faire enfin baisser le score de l'extrême-droite, bien trop haut depuis plus d'une dizaine d'années),
  • affuter les discours européens en vue de la prochaine élection européenne, rarement à l'avantage du pouvoir national en place).
L'université d'été est un endroit particulier, on y retrouve des militants de toute la France venir parfaire leur savoir comme dans toute université populaire. Pour ma part, c'est souvent l'occasion d'y découvrir et d'apprécier les propos de personnalités extérieures au PS mais dont les propos sont des plus intéressants (constat juste, propositions audacieuses mais réalistes, langue de bois mise au placard). Par exemple, ce vendredi, j'ai ainsi pu découvrir Bernadette Ségol, secrétaire générale de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), qui est intervenue sur la nécessité de développer une Europe Sociale pour éviter la mort de l'Union Européenne. J'ai ainsi découvert qu'en Europe, CFDT, CGT, CFTC, FO et UNSA étaient réunis sous l'unique bannière de cette confédération. C'est le coeur de l'université d'été mais c'est la partie la moins mise en valeur par les médias. Il faut dire que parler accès au soin sur la totalité du territoire, d'évolution sur la manière d'appréhender la question des transports à l'avenir ou de la mobilité des Français à l'étranger, ça ne rentre pas dans la ligne éditoriale de BFM TV.

On y retrouve aussi des clubs de fans venus applaudir leur champion-ne (ce qui peut se mêler sans trop de difficulté au fait de parfaire son savoir en suivant des tables-rondes). Grâce à cette catégorie de personnes, on commence à satisfaire l'appétit des journalistes. Il y a de fortes chances que les reporters sur place se livrent à l'analyse de "qui a reçu la plus belle ovation". Les challengers cette année seront
  • Ségolène Royal qui vante sa région ("une des 10 plus belles du monde selon Lonely Planet"),
  • Manuel Valls qui interviendra sur comment combattre l'extrême-droite,
  • Jean-Marc Ayrault qui cloturera le week-end.
Les règles sont peut-être floues (nombre de minutes d'applaudissement, volume sonore, nombre de militants présents à l'atelier ou à la réunion de courant), le résultat sera le même, le perdant sera en dusgrâce, le gagnant sera pendant un an auréolé de l'étiquette de chouchou des militants. Pour rappel, c'est Manuel Valls qui avait gagné haut la main le concours l'an dernier.

Enfin, l'espace Encan où se déroule les ateliers est aussi l'espace Cancan le temps d'un week-end. Les journalistes se ruent sur les ténors du gouvernement à l'affut de la moindre remarque, pique, petite phrase qui illuminera l'édition suivante du JT. Il semblerait d'ailleurs que des équipes spéciales de chaines d'information fassent le pied de grue à la gare de La Rochelle pour être sûrs de ne pas rater la descente du train de Pierre Moscovici (arrivé en fin de matinée) ou de Manuel Valls (arrivé vers 18h30). Les hommes et femmes de premier plan trainent nonchalamment autour du stand "Chaine d'info" pour des interviews de quelques minutes (chapeau bas à Najat Vallaud-Belkacem qui a du passer une bonne heure afin de livrer sa vision du week-end aux 3 principales chaines d'infos en continu). Enfin c'est aussi l'occasion pour les militants de s'échanger les derniers ragots et de comparer les tenues des différents députés ou autres sénateurs (surtout que certaines tenues sont assez originales dirons-nous...)

Pour résumé, l'université d'été du PS est un lieu assez magique où il est difficile de s'ennuyer. Même si on ne sait pas toujours très bien à quoi l'on sert dans ce grand cirque médiatique, il est difficile de se dire que les forces socialistes seraient aux différents postes de pouvoir aujourd'hui sans tout le travail de fond réalisé les années précédentes.

mardi 20 août 2013

Après la projection dans l'avenir, l'action pour l'avenir

Lundi le gouvernement a fait sa rentrée des classes en participant à un séminaire sur l'état de la France en 2025. Avoir une vision à long terme, se forcer à se projeter dans l'avenir pour évaluer sa politique, l'action est novatrice et rassurante. En effet, cette façon de faire nous change de la politique à la petite semaine sans autre ligne directrice que la réaction aux faits divers. Comme prévu, l'exercice a été raillé par une droite qui peine à comprendre son passé. Pour cette droite, le gouvernement se moquait ainsi des Français en idéalisant un futur incertain alors que les Français avaient besoin que l'on s'occupe de leur présent.

Que l'opposition se rassure, le gouvernement n'a pas oublié ses concitoyens. Il n'a d'ailleurs pas oublié que des millions de familles sont en train de préparer la rentrée scolaire. Pour les aider dans cette préparation, 3 millions de familles ont touché aujourd'hui l'annuelle Allocation de Rentrée Scolaire (ARS). Rappelons que cette allocation était au coeur d'une des promesses de campagne de François Hollande et que son montant a été augmenté de 25%. Aujourd'hui donc, les familles ont reçu:
  • 360,47€ par enfant de 6 à 10 ans,
  • 380,36€ par enfant de 11 à 14 ans,
  • 393,54€ par enfant de 15 à 18 ans.
En plus de cette allocation de rentrée, le gouvernement vient aussi en aide aux familles les plus modestes pour essayer de les accompagner financièrement dans l'éducation de leurs enfants. Pour cela, deux principales mesures :
  • hausse du complément familial pour les familles de 3 enfants ou plus (90€ par mois pour une famille de 3 enfants dont le foyer gagne 1700€ par mois)
  • hausse de l'allocation de soutien familial pour les familles monoparentales (40€ par mois).
François Hollande s'est fait élire en 2012 avec une grande promesse pour la jeunesse. Pour que ce pari sur la jeunesse soit gagné, il faut agir à tous les niveaux. Il faut que l'Education Nationale soit protégée et au coeur de l'action gouvernementale (c'est le sens de la rénovation débutée par Vincent Peillon), mais il faut aussi que chaque enfant ait toutes les chances de son côté pour réussir dans ses études, et ces mesures d'aides financières sont un des leviers pour y arriver. 

En plus de ces aides pour les jeunes de moins de 18ans, Geneviève Fioraso a lancé une expérience pour aider les jeunes à poursuivre des études secondaires. Alors que de nombreux étudiants vont commencer à chercher un logement pour la nouvelle année universitaire, la ministre de l'Enseignement Supérieur dévoile son idée de Caution Locative Etudiante. L'idée est simple, aider les étudiants à trouver un logement à proximité de leur campus et tout en apportant au propriétaire les garanties nécessaires, garanties souvent difficiles à fournir pour un étudiant qui doit subvenir à ses besoins.
Pour l'année 2013, seuls 2 000 étudiants vont bénéficier de cette expérimentation mais si tout se passe bien, ce sont 20 000 étudiants qui devraient pouvoir bénéficier de cette caution dès la rentrée 2014.



Pour que la France aille mieux en 2025, il faut entre autre s'assurer que nos nouvelles générations aient les moyens d'être l'avenir de notre pays. Pour cela, la première chose à faire est de s'assurer que tous les jeunes aient le droit à la meilleure instruction possible et que leur éducation ne soit pas bridée par les finances de leurs parents. Entre des aides financières pour accompagner les familles modestes durant la scolarité obligatoire de leurs enfants et des aides pour accompagner les étudiants les plus modestes dans leurs études, le gouvernement agit aujourd'hui pour réussir à amener la France à son objectif 2025.

lundi 19 août 2013

Quelle France en 2025 ?

Aujourd'hui, le gouvernement fait sa rentrée politique en participant à un séminaire sur l'état de la France en 2025. Alors, à quoi ressemblera le pays dans 10 ans ?

Nous sommes en 2025 et le pays va mieux, principalement grâce aux bons résultats des gouvernements socialistes successifs. Il y a un peu plus de 10 ans, en 2014, les élections européennes ont été marquées par une singulière défaite des 5 principaux partis du paysage politique français puisque c'est la "coalition des non représentés" qui a reçu la majorité des suffrages, les électeurs ont massivement voté pour tous ces partis farfelus que l'on trouve habituellement à cette élection : Alliance Europe Ecologiste, parti pour la décroissance, la Terre sinon rien, Euskal Herriaren Alde, le Parti Breton (qui a fait un score à 2 chiffres en Ile de France), Alliance Royale, Europe Démocratie Esperanto, Parti Humaniste, Mouvement Résistance, Cannabis Sans Frontière, Union Des Gens, Parti Faire un Tour, Citoyenneté et Culture Européenne et Programme contre la précarité et le sexisme. 
Conséquence, François Hollande organisa un remaniement ministériel sans Europe Ecologie Les Verts qui avaient fait une campagne très dure contre le Parti Socialiste et sans le Front de Gauche qui s'était oublié dans une campagne anti-Hollande. Le nouveau gouvernement a fait la part belle aux associations, avec par exemple le président du DAL au ministère du budget, la porte parole de RESF en tant que ministre délégué à l'immigration qui a du travaillé main dans la main avec Manuel Valls resté en place. Le portefeuille de l'écologie s'est lui retrouvé dans les mains d'un militant de Greenpeace.

Fin 2016, la politique de François Hollande a commencé à porter ses fruits, le chômage est en baisse continue depuis février 2014 (0,3 points par mois), les reconductions à la frontière de famille ont totalement disparu, un loi audacieuse a fait baissé les loyers moyens de 20% dans les grandes villes et la grande politique mise en place par le ministre de l'aménagement du territoire, Axelle Lemaire, montre ses premiers résultats positifs et de moins en moins de personnes vivant en campagne ont le sentiment d'être délaissé par l'élite parisienne. C'est donc sans surprise que François Hollande remporte l'élection présidentielle de 2017 surtout que la droite était partie divisée, François Fillon et Jean-François Copé s'étant présentés tous deux.

Durant le second quinquennat de François Hollande, la vieille promesse d'arrêt de Fessenheim a enfin vu le jour (les réacteurs du site ont tous été définitivement arrêtés en janvier 2018). Il faut dire que EDF n'était plus si contre puisque la part du nucléaire dans la production française avait déjà baissé à 60% en 2017 grâce au développement de champs d'éoliennes au large du Havre et de champs de panneaux solaire en Méditerranée. Le chômage a continué à baisser et s'est stabilisé aux alentours de 5%. Martin Bouygues est en tête du mouvement des colibris, ce mouvement de patrons à petite tête qui n'ont pas vu le vent tourner et qui sont obligés de faire une croix sur des milliards d'euros qu'ils économisaient auparavant grâce au travail au noir et au chantage à l'emploi.

La fin du second quinquennat a été marquée par deux grandes primaires citoyennes. La première à gauche pour trouver un successeur à François Hollande. Harlem Désir, Axelle Lemaire, Martine Billard et Jean-Vincent Placé se présentent devant les électeurs de gauche (le FdG et EE-LV ont accepté de jouer le jeu car mis à l'écart du gouvernement depuis le remaniement de 2014, ils espèrent ainsi peser un peu plus dans le paysage de gauche) alors qu'à droite c'est une primaire opposant Nicolas Sarkozy (qui n'avait pu se présenter en 2017 pour cause d'inéligibilité), Bruno Le Maire, Gilbert Collard. Aux cris de "dictature socialissssse", c'est Axelle Lemaire (qui a toujours une grande côte de popularité en régions depuis son passage à l'aménagement du territoire) qui remporte la primaire citoyenne de gauche et l'élection présidentielle.

En 2025, nous sommes à la moitié du quinquennat de Lemaire. Deux nouvelles centrales nucléaires ont fermé (Chooz et Tricastin), la Creuse est la premier département producteur d'énergie grâce au traitement des émissions de méthane par les vaches (procédé révolutionnaire trouvé par le nouveau conglomérat énergétique public issu de la fusion de GDF et de Véolia).
Le grand chantier de François Hollande lancé en 2019, le pont Transméditerranée devrait être inauguré au début de l'année 2026. Pensé par Stéphane Le Foll (premier ministre du second quinquennat Hollande), Axelle Lemaire (ministre des affaires étrangères à l'époque) et Louis Gallois (ministre de la relance continue), ce pont supporte 2 voies ferroviaires (sur le pont supérieur) et une autoroute réservée aux véhicules roulant sans pétrole (sur le pont inférieur). Grâce à ce pont, Marseille est à 2h30 en train de Sétif.
Enfin en 2025, le ministère de la formation continue lance un plan national pour inciter les salariés à se former et à être plus à l'abri des possibles problèmes économiques de leurs employeurs. Il faut dire que c'est le dernier point noir d'une décennie socialiste à qui tout a souri dans le domaine éducatif. En effet les différentes réformes de l'éducation menées par Vincent Peillon et Geneviève Fioraso tout le long du premier quinquennat Hollande ont montré des résultats plus que positifs sur les premiers enfants qui ont eu le droit à la réforme des rythmes scolaires. Avec 96% d'une génération qui détient le bac, avec 75% des élèves diplômés dans la filière de l'enseignement supérieur qu'ils ont choisi, le modèle Français fait référence dans le monde entier (malgré un classement PISA toujours moyen).

Qui aurait cru que la rentrée politique 2013 et son séminaire verrait l'avènement de tant de changement dans la société française ? Certainement pas la droite qui avait encore une fois raillé cette rentrée. Cette droite doit regretter son comportement passé, elle qui n'est plus que la 3ème force du pays en 2025 puisque depuis plusieurs années elle se fait devancer par les Radicaux, le regroupement des radicaux de gauche, de certains membres de l'UDI, du Modem, et dirigé par Thérèse Neroud, l'ancienne dirigeante du Parti Humaniste et de la Coalition des non représentés lors des élections européennes de 2014.

lundi 12 août 2013

Rebsamen, le cumul mais pour les autres

François Rebsamen est un sacré personnage. Proche de Hollande quand ce dernier était Premier Secrétaire du PS, il est aujourd'hui maire de Dijon depuis 2001 et président du groupe socialiste au Sénat. S'il devait y avoir un remaniement ministériel, il y a fort à parier qu'il serait de la nouvelle promotion, lui qui espérait avoir le portefeuille de Manuel Valls.

Ce qui est bien avec François Rebsamen, c'est qu'il n'a pas sa langue dans sa poche et n'hésite pas à dire ce qu'il pense même quand ça va dans le sens contraire de la pensée dominante (pour le coup, Manuel Valls lui ressemble assez). J'en avais eu l'exemple en 2011 lors de l'université d'été du PS où il avait débattu avec un représentant de la LDH sur l'utilisation de caméras de surveillance dans sa ville de Dijon. Pour le JDD, c'est donc un candidat idéal pour booster un peu les ventes en pleine torpeur estivale.

Au programme : "tournée présidentielle", hyperactivité de Valls, succession de Jean-Marc Ayrault et la traditionnelle question sur le cumul des mandats. Ce n'est pas un secret, François Rebsamen est contre cette loi. Il l'a dit et répété, il ne voit pas en quoi la culture de l'entre-soi est gênante pour la politique... Aujourd'hui, alors que la loi est passée à l'Assemblée Nationale et que son examen au Sénat est prévu pour cet automne, le président du groupe socialiste persiste dans son refus d'obéir. Pour lui, si les députés sont pour l'interdiction du cumul, grand bien leur fasse. S'ils le veulent, que ça ne les touche uniquement. Non au cumul chez les députés, oui au cumul chez les sénateurs. En résumé, d'après Rebsamen, puisque nos sénateurs sont élus par les grands électeurs (dont les maires), il est normal qu'ils puissent être maire et sénateur... Chacun sa logique.

Le problème cher Rebsamen, c'est que ces mots, s'ils ne choquent pas trop venant de toi, ne sont pas ceux attendus par une personne de ton rang. Toi qui réclame une cohésion d'équipe au sein du gouvernement, toi qui réclamait que des têtes tombent en cas de discours contraires à la ligne de Matignon, n'as-tu pas l'impression de reproduire les mêmes travers ? Ce n'est pas un "simple" sénateur qui parle, c'est le président du groupe de la majorité gouvernementale. Quand ce président de groupe refuse de donner une consigne invitant à suivre la ligne du gouvernement, mérite-il de rester à sa place ou sa tête ne devrait-elle pas tomber elle aussi ? La loi sur le non-cumul des mandats n'est pas la plus importante certes. De nombreux combats plus importants vont arriver dans les prochains mois, dont une réforme brulante des retraites. Ce n'est pas une excuse pour autant de vouloir s'écarter et refuser de participer à la réalisation d'une promesse très attendue par les électeurs de François Hollande.

mercredi 7 août 2013

Christine Boutin est-elle obsédée par le cul ?

Faites ce rapide sondage autour de vous. Demander à votre entourage, aux gens que vous croisez pourquoi Nelson Mandela est-il considéré comme un héros, comme une icône ? J'ai fait le test autour de moi, je n'ai eu qu'une seule réponse : Mandela est un héros pour avoir été la figure de proue de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud. Je n'ai eu aucune autre réponse que celle-ci. Même le réactionnaire Amiral Woland, voulant mettre à mal le statut de Nelson Mandela ne s'est attaqué qu'à sa lutte contre l'apartheid.

Pourtant aujourd'hui, j'ai entendu pour la première fois un autre son de cloche (sans mauvais jeu de mots). Dans l'Express, Christophe Barbier nous apprend que Christine Boutin pense que si Nelson Mandela est un héros, c'est uniquement car il a inscrit dans la constitution sud africaine le mariage pour les couples homosexuels et l'avortement.

J'ai peur que cette femme ait un problème. Pourquoi est-elle obligée de ramener tous les sujets au mariage des couples de même sexe ? Avant Christine Boutin était à mes yeux une simple conservatrice, avec une forte influence religieuse, mais chacun suit les préceptes qu'il veut. Hélas le cas Boutin empire depuis le début des débats sur le mariage pour tous. Aujourd'hui, la pauvre semble avoir atteint un point de non retour. Nous sommes surement un peu fautifs. Au début de l'année, la France entière a bien vu qu'elle était souffrante quand elle a du s'allonger sur des marches en marge d'une manifestation contre le mariage pour tous. Pudique, elle avait annoncé que c'était à cause des gaz des CRS mais toute personne ayant gouté aux gaz lacrymos sait bien que ce n'est pas la réaction habituelle. Quelques mois plus tard, elle a lancé un appel à l'aide expliquant qu'elle se sentait envahit par les gays. Récemment, sentant surement ses forces la quitter, elle a démissionné de son poste de présidente du Parti Chrétien Démocrate. Comment peut-on ignorer tous ses signes ? Comment peut-on la laisser ainsi sans aide médicalisée ?

Est-ce le signe d'une frustration refoulée, d'un amour lesbien qui n'a jamais pu voir le jour ? Est-ce au contraire une envie qui la taraude de plus en plus et qui occupe son esprit même au boulot ? Est-ce un symptôme d'un burn-out à venir, voire arrivé ? Son malaise lors de cette tragique manif pour tous a-t-il laissé des séquelles imprévues ? A-t-elle été hypnotisée par Béatrice Bourges ? Souffre-t-elle de troubles psychologiques ? Dans tous les cas, il n'est pas normal que Christine Boutin ne puisse plus s'exprimer en public sans évoquer le mariage de couples homosexuels. Je ne sais pas quoi faire, mais nous devons faire quelque chose pour l'aider. Si vous avez des idées, vous êtes les bienvenus.

Christiane Taubira : "Il faut changer de culture"

Pour faire suite à mon précédent billet, voici la réaction en images de Christiane Taubira quand on lui demande son avis sur la décision des juges. A écouter sans modération !


Rachida Dati, Christiane Taubira, qui ment ?

R. Dati se demande si elle n'a pas parlé trop vite
L'actualité étant ce qu'elle est au mois d'août, il semble que l'on soit parti pour tenir une semaine sur l'affaire des "condamnés de Dreux". En fin de semaine dernière, trois personnes condamnées à de la prison ferme n'ont pu être incarcérées à Chartres faute de place disponible. Depuis la droite crie au laxisme, ne semblant pas se rendre compte que si les prisons sont pleines, c'est justement car la Justice envoie du monde en prison.

Lundi, la Garde des Sceaux est intervenue pour expliquer qu'elle ne commenterait pas une décision de justice, surtout quand cette décision est une application de la loi. La loi en question est la loi pénitentiaire de 2009, parue au journal officiel le 25 novembre 2009.

L'intervention de Christiane Taubira n'a pas calmé l'opposition et a même réveillé Rachida Dati, qui fut rappelons le ministre de la Justice du 18 mai 2007 au 23 juin 2009. Ce mardi 6 août, l'actuelle maire du VIIe arrondissement de Paris a expliqué dans les colonnes du site internet du Journal Du Dimanche que "Taubira ment pour donner des excuses aux voyous". L'article commence fort : "Dire que la remise en liberté et la non incarcération de ces trois délinquants a été faite en fonction de la loi de 2009 (qui stipule que les aménagements de peine seront facilités pour les peines d’emprisonnement de moins de 2 ans, Ndlr), comme l’explique Christiane Taubira, c’est entièrement faux." Elle précise plusieurs conditions pour ces aménagements de peine, dont un qui tient à coeur à toute l'UMP sur le problème de la récidive : "Il faut que la personne incarcérée ne soit pas récidiviste...".

Si Rachida Dati n'est pas signataire du texte de loi promulgué, elle est tout de même à l'origine du projet de loi, elle était ministre durant les débats parlementaires, bref elle sait de quoi elle parle. Dans le JDD, elle précise donc son propos et accable l'actuelle ministre : "En outre, Mme Taubira explique que le magistrat a voulu différer l’incarcération. S’il a différé l’incarcération, ce n’est pas un aménagement de peine, c’est la non exécution d’une peine. La loi de 2009 ne permet pas de différer les incarcérations. Christiane Taubira ment sur ses deux points."

L'ancienne ministre est une personne qui aime le dialogue et le débat, elle demande donc simplement à la Garde des Sceaux plus d'explications : "Il faut qu’elle m’explique quelle est la disposition de la loi de 2009 qui indique qu’il est possible de différer des incarcérations. On ment aux Français pour donner des excuses aux voyous."

Je ne suis pas Christiane Taubira, je ne sais pas si Rachida Dati lit mon blog, mais je vais apporter ma contribution en citant quelques articles de la loi pénitentiaire de 2009.

L'article 66 de loi pénitentiaire indique : 
"Lorsque la juridiction de jugement prononce une peine égale ou inférieure à deux ans d’emprisonnement, ou, pour une personne en état de récidive légale, une peine égale ou inférieure à un an, elle peut décider que cette peine sera exécutée en tout ou partie sous le régime de la semi-liberté à l’égard du condamné qui justifie [suite toute une série de conditions permettant l'aménagement]".

Un peu plus loin, l'article 81 spécifie : 
"Le juge de l’application des peines peut prévoir que la peine s’exécutera sous le régime de la semi-liberté ou du placement à l’extérieur soit en cas de condamnation à une ou plusieurs peines privatives de liberté dont la durée totale n’excède pas deux ans, soit lorsqu’il reste à subir par le condamné une ou plusieurs peines privatives de liberté dont la durée totale n’excède pas deux ans. Les durées de deux ans prévues par le présent alinéa sont réduites à un an si le condamné est en état de récidive légale."

Enfin l'article 100 commence ainsi :
"Dans la limite de cinq ans à compter de la publication de la présente loi, il peut être dérogé au placement en cellule individuelle dans les maisons d’arrêt au motif tiré de ce que la distribution intérieure des locaux ou le nombre de personnes détenues présentes ne permet pas son application."

Pour l'article 100, j'avoue que, n'étant pas juriste, je ne suis pas sur qu'il permette de différer une incarcération. Vu que la maison d'arrêt de Chartres ne possède pas de cellule individuelle et comme l'établissement accueille 203 détenus pour 120 places, il est assez facilement compréhensible que l'on ne puisse pas rajouter de nombreux détenus...

Les autres articles sont formels. L'aménagement de peine est possible pour des récidivistes. Christiane Taubira ment-elle pour protéger les voyous, je n'en ai pas l'impression. La question se pose en revanche pour Rachida Dati. Alors a-t-elle perdu la mémoire ou ment-elle aux Français ?

Edit : D'après Maitre Eolas, c'est l'article 72 de la même loi qui précise qu'il est possible de différer une incarcération.