lundi 25 mars 2013

Le Parti de Gauche et la politique de l'insulte

Mélenchon et Delapierre
Ce week-end, le Parti de Gauche était en congrès. L'occasion d'entendre les ténors de ce parti de super opposants, opposants à la droite, opposants au FN et opposants au gouvernement. Conclusion à la fin de ce week-end, je suis toujours plus convaincu que ce n'est pas cette politique que j'aime.

Depuis longtemps à gauche, on connait le Mélenchon exubérant, celui qui a compris que pour passer à la télé vaut mieux avoir une grande gueule que des idées. On pouvait donc s'attendre à des sorties fleuries de la part du leader du Parti de Gauche. Mais surprise, l'insulte semble ne plus être l'apanage du chef mais également de ses lieutenants.

Samedi, le secrétaire national François Delapierre s'est donc exprimé à la tribune, voici un extrait raconté par le compte Twitter officiel du Parti de Gauche :


La limite du nombre de caractères dans Twitter ne permet pas de lire la véritable citation à l'origine du 2ème tweets, dans son discours François Delapierre disait : "Dans ces 17 salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s'appelle Pierre Moscovici et il est membre du Parti socialiste".
Qu'entend-il par "il a un nom, il a une adresse" ? Est-ce une menace ? Est-ce un appel à une vengeance, à des faits de violence envers Pierre Moscovici dont François Delapierre, semble-t-il, est prêt à fournir tous les renseignements pour aider ceux qui souhaiteraient se défouler envers un coupable ?

Et les 16 autres salopards, qui sont-ils ? Vu le nom du premier accusé, je suppose que ceux sont les ministres de l'économie et des finances de la zone Euro qui sont au banc des accusés. Dans ces 17, il n'y a donc pas que des affreux libéraux mais au moins 5 autres ministres de gouvernement sociaux-démocrates. Jean-Luc Mélenchon et François Delapierre étaient au Parti Socialiste jusqu'en 2008, ils ont tous deux participé activement au gouvernement Jospin entre 1997 et 2002. Ils ont donc soutenu ces voisins sociaux-démocrates jusqu'en 2008 à première vue. Mais à première vue, aujourd'hui, la seule vraie gauche qui vaille en Europe est celle du Parti de Gauche, chevalier blanc face aux "salopards" aux pouvoir.

Ce qui est beau dans le discours de François Delapierre, c'est aussi l'enchainement des idées et essayons de ne pas oublier que malgré les mots employés ci-dessus, le véritable adversaire du PG est le FN. Quelques minutes après seulement avoir désigné Pierre Moscovici comme un des coupables du traitement infligé à Chypre, Delapierre critique donc le FN :

Oui, seul le FN nomme à tout va des boucs émissaire, le PG ne s'abaisserait pas à ça...

Pour continuer dans l'obscène et l'invraisemblable séquence politique, là où on pouvait espérer un bémol du chef ou une explication de texte, nous n'avons eu le droit à une confirmation :

Cette politique de l'insulte, je ne la supporte pas. Le Parti de Gauche a été un opposant sérieux à Nicolas Sarkozy et à la décennie de politique de droite qui s'est achevée en mai 2012. En mai 2012, le Parti de Gauche, sous la bannière du Front de Gauche, a terminé 4ème de l'élection présidentielle, derrière le Front National. En juin 2012, Jean-Luc Mélenchon avait choisi la confrontation directe contre le PS et surtout contre Marine Le Pen à Hénin Beaumont, il a fini 3ème, loin derrière le FN. A l'Assemblée Nationale, le Parti de Gauche est représenté par un seul député. 

C'est donc ce parti qui ne représente rien qui devrait dicter la façon de gouverner à l'équipe Hollande-Ayrault ? C'est ce parti qui tient aujourd'hui des propos plus insultants que le Front National que l'on devrait écouter ? La démocratie, la politique, c'est le débat d'idées, c'est la confrontation et ça se règle dans les urnes. Ce n'est pas en insultant et en gueulant plus fort que la majorité (ou la droite), que l'on gagne un débat ou une élection. Je ne pense pas que ce comportement grandisse le Parti de Gauche et encore moins son président charismatique...

A lire également sur le sujet les excellents billets de Catnatt, de Falconhill et de Romain.

10 commentaires:

  1. Tombé un peu par hasard sur ce blog, je me permet quelques commentaires...

    D'abord, je ne suis pas sûr que la citation dans le Parisien permette à elle seule de saisir tout le propos.

    S'agissant de "il a un nom, il a une adresse" il faut le replacer dans le contexte, puisque après avoir rappelé le discours de Hollande au Bourget, ceci vient en écho à la tirade "Mon ennemi c'est la finance" sans nom, visage. Rien de plus.

    Le "salopard" peut choquer, j'en conviens... comme aura choqué un "sale mec" de Hollande en "off" se retrouvant dans la presse (même mérité), une comparaison avec les khmers rouges de Collomb, un "clown" lancé par Cahuzac durant Mots Croisés, ou une étiquette d'antisémite que Désir aura voulu collée.

    Non sorti de son contexte, le "salopard" est lui accompagné d'une longue explication : déni du droit européen en matière de garantie de dépôts (que beaucoup auront qualifié de vol, racket ou hold-up) de la part de ceux qui, bien qu'informés, l'auront méconnu et auront quand même avalisé une proposition qui y était contraire; et bien sûr, absence totale de réaction de Moscovici, représentant la France, face au blocus monétaire (l'équivalent d'une déclaration de guerre), agression totalement insensée, paralysant l'économie d'un pays membre de l'Eurogroupe et qu'aura décidé Draghi seul, ne respectant même pas les statuts de la BCE, pour contraindre le parlement chypriote, le pistolet sur la tempe.

    Que tout cela puisse émaner de socio-démocrates (ici la partie importante est démocrate) n'adoucissant en rien le point de vue.

    L'article du Parisien ne le mentionne que rapidement, bien sûr... faudrait pas que cela génère plus d'émotion que le "salopard".

    Quant à l'enchaînement "FN, boucs émissaires" et "Nous, tribuns du peuple", ma lecture, ne s'arrêtant pas aux tweets, est quelque peu différente.

    Delapierre explique que contrairement au FN qui désigne lui des boucs-émissaires sans réelle relation avec les problèmes rencontrés (au hasard les étrangers, les roms, l'euro,...), le PG se doit pour être efficace d'identifier, voire même de nommer ceux propageant et justifiant en permanence une politique et une idéologie libérale que lui combat, parce que s'opposant à la souveraineté populaire considérée nécessaire, pour que dans les faits des intérêts privés ne nuisent plus à l'intérêt général. Fût-il celui d'un autre pays... en attendant que, la boîte de Pandore ouverte, des répercussions se fassent ressentir chez nous.

    Il s'agit très clairement de combat politique, radical et qui peut surprendre... surtout si l'on oublie qu'il s'agissait ici d'un congrès ou, oui, sont aussi désignés concurrents ou adversaires, fussent-ils au PS ou au gouvernement... puisqu'il faudra bien s'intéresser à ce qui est fait, analyser, commenter en proposant alternative et point de vue différent.

    Pas du tout d'une menace, d'un appel à une vengeance ou à des faits de violence... À moins de considérer que conquérir des électeurs le soit devenu.

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    1. Merci pour la mise en contexte un peu plus précise mais une insulte reste une insulte. Je reste persuadé que l'on peut laisser cette bassesse à la droite.
      Un Congrès est fait pour sortir une ligne politique claire et cohérente, là il n'en ressort qu'injure et haine.

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    2. La bassesse n'est pas qu'à droite malheureusement... Mais à gauche, pas uniquement là où elle est peut facilement être pointée du doigt.

      Quand Moscovici annonce le vendredi être satisfait de l'accord de l'Eurogroupe, puis le lundi, vu la réaction à Chypre laissant prévoir que le parlement ne votera pas le plan, qu'il faudra peut-être ne pas taxer les petits déposants, et que lui aurait défendu cette mesure, ça en est une aussi... et pas une petite.

      S'agissant du Congrès, il a duré 2 jours et demi. Je ne m'inquiète pas pour ce qu'en auront retenu les participants, la presse relatant toujours ce qui fera buzzer essentiellement... Malheureusement là aussi.

      Bonne journée.

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  2. Le diner de cons
    http://www.lejournaldepersonne.com/2013/03/le-diner-de-cons/
    Le non dit de la gauche d'aujourd'hui

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  3. Bof.... les sociodémocrates n'étant qu'un sous-groupe du libéralisme (ou disons plus clairement du capitalisme), il est logique de les voir recevoir des horions de la part de la gauche. Une gauche bien sage pourtant, loin des extrémistes, mais une gauche - et c'est là que sont gênés ceux d'en face - qui pose les bonnes questions, et tente quelques réponses en adéquation avec le bien public, mais pas du tout avec les Grands Sponsors Libéraux Internationaux.

    Traiter de salopards les ministres des finances réunis à Bruxelles ? C'est hélas leur faire beaucoup d'honneur. N'en déplaise à certains, cela reste bien mesuré.

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    1. Que cette "vraie gauche" veuille critiquer la gauche "soc dem", pourquoi pas. Mais ca n'excuse pas l'insulte.
      Personnellement je trouve beau d'entendre Mélenchon et autres pleurer pour que le gouvernement les ecoute, que les parlementaires suivent leurs projets de loi et en parallèle les insulte car ce ne sont que des vulgaires sociaux démocrates. Un peu de cohérence ne ferait pas de mal...

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    2. "la gauche soc dem" ? ? ?

      N'est-ce pas antinomique ? Pour le coup, restons cohérents. Les soc dem ne sont que des "libéraux", le problème est bien là. A Bruxelles officient des "libéraux", donc des partisans du capitalisme. On le saurait, si certains apportaient des objections, et refusaient d'entrer dans le système. Et que je sache le ministre français n'a pas objecté, à Bruxelles, pas plus que les autres. Qu'il se prenne de plein fouet des qualificatifs assénés à tous (et pas à lui en particulier) n'est que bonne logique. Il y a longtemps que la gauche tire la sonnette d'alarme, puis le tocsin, et aucune déviation de la route vers l’abîme n'intervient. Dans ces cas-là, il est urgent et nécessaire de hausser le ton, pour faire réagir des "décideurs" nageant dans leur rêve libéral. Ès qualités, ils sont haïs par la majorité de la population européenne dont ils détruisent l'avenir, alors qu'il y a des solutions, qu'ils ne veulent pas entendre.

      On le sait, c'est un fait bien connu, à Bruxelles ce sont les lobbyistes qui commandent, en sous-main bien sûr. Il doit être bien difficile d'avouer que les représentants de telle ou telle branche de l'industrie ou du commerce vous ont forcé la main, et ont fait pression de différentes façon pour imposer les vues de leurs patrons. "Pour le bien de tous" : ben voyons !

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  4. On voudrait faire passer le leader du front de gauche pour un antisémite
    C'est la der des ders, pour pourrir l'atmosphère...
    Et rendre le climat un peu plus délétère.
    C'est la gauche qui se coupe l'aile gauche pour ne plus se sentir dans l'obligation de prendre son envol.
    La peur de s'écraser peut-être ou d'exploser en plein vol?
    Elle jette l'opprobre sur son propre frère !
    Après avoir renié tous ses repères...
    Il est vrai que les mensonges de la social-médiocratie ne datent pas d'hier...
    Mais tout de même, il y a une limite à la mauvaise foi : la Loi
    La Loi dit : qu'il ne faut pas utiliser son prochain pour réaliser ses propres fins.
    L'instrumentalisation de l'homme par l'homme... est un crime qui n'a jamais profité à personne.
    Déni, reniement et oubli de la vérité.
    Cela s'appelle une calomnie!

    - Antisémite ? Parce qu'il a osé divulguer les fines parties qui se jouent entre nos ministères et les puissances financières?
    - Antisémite ? Parce qu'il a osé rejeter cette partie de lui-même qui n'écoute que ses instincts et refuse d'entendre raison?
    - Antisémite ? Parce qu'il a osé dénoncer la main mise étrangère ?

    Et puis il y a quelque chose de très instructif dans cette insulte ... un malus révélateur : on appellera désormais antisémites tous ceux qui s'en prennent à l'argent roi.
    Bizarre... bizarre... comme c'est bizarre!
    Il n'y a pas plus antisémite que cette étrange assimilation
    On appelle ça comment déjà ?
    Une diabolisation !
    J'ai comme l'impression qu'on sous-entend que le diable est sémite.
    Question : lequel des deux protagonistes du jour est à dédiaboliser ?
    Le sémite ou l'antisémite ?
    Je crois que toute la France a déjà répondu à la question :
    L'un des deux camarades ! je vous laisse deviner lequel!

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    1. Merci de poster des commentaires en lien avec l'article et non avec les personnes citées dans l'article. Je n'ai jamais parlé d'antisémite ou d'antisémitisme ici, je n'ai même pas relayé les propos de Mélenchon qui ont amené à cette situation.
      Je ne critique que l'insulte, et je persiste que l'insulte n'a rien à faire dans le débat politique, surtout pas entre personnes de gauche.

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  5. Le parti de gauche a réhabiliter René Balme malheureusement. Dans un communiqué de septembre 2012 sur le site de ce dernier, il y a un communiqué du PG insultant Rue89 qui a fait un article sur le candidat Fdg de Grigny en 2014 en précisant que certains réprésentants ne désirent pas commenter. Je trouve que c'est assez navrant que certaines personnes du PG et au PCF puissent soutenir un conspirationniste avéré aux municipales de Grigny en 2014. Sur certaines propositions économiques et aussi sur l'Europe le parti de gauche est dans la démagogie ce qui explique le language vulgaire et insupportable d'une minorité de militants et sympathisants qui se déshonore de quelque peu mais n'ont pas conscience que certaines de leurs idées sur l'Europe et sur l'économie servent aussi l'Ump et sont aussi instrumentalisés par l'extrême droite. Si le Fdg veut prospérer l'année prochaine pour les européennes, il va falloir que certains revoient certaines idées qui n'ont rien de crédible en même temps de corriger un type de language vulgaire. Le Fdg est à l'opposé du Fn autant dans les valeurs que dans les idées mais une partie des militants et élus utilisent un language vulgaire parfois et sur le coup se déshonore de quelque peu.

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